Il est décédé ce mardi

Cyclisme: Bahamontes, le premier des Espagnols

  • PubliĂ© le 8 aoĂ»t 2023 Ă  12:07
  • ActualisĂ© le 8 aoĂ»t 2023 Ă  13:11
Le cycliste espagnol Federico Bahamontes lors d'une étape du Tour de France 1958, prÚs de Toulouse

Premier Espagnol Ă  remporter le Tour de France, en 1959, Federico Bahamontes, dĂ©cĂ©dĂ© mardi Ă  l'Ăąge de 95 ans, a incarnĂ© durablement l'archĂ©type du grimpeur, au point de mĂ©riter le surnom d'"Aigle de TolĂšde", la ville oĂč il Ă©tait connu de tous.

Jusqu'à la fin de sa vie, Bahamontes a gardé une grande popularité dans son pays, fier de sa réussite dans le Tour de France. En dix participations, entre 1954 et 1965, le rival du Luxembourgeois Charly Gaul gagna à six reprises le classement du GP de la montagne et fut longtemps préoccupé uniquement par cet aspect de la course.

Ombrageux, le Castillan né le 9 juillet 1928 dans une localité proche de TolÚde était surtout célÚbre, avant sa victoire dans le Tour, pour ses sautes d'humeur imprévisibles en course.

En 1957, il abandonna sans raison lors de la Grande boucle, n'écoutant ni son directeur sportif ni le directeur de l'épreuve Jacques Goddet. "Ce jour-là, l'aigle volait bas, il s'était transformé en mulet des Asturies", écrivit un journaliste malicieux.

Deux ans plus tard, le champion espagnol s'imposait dans une Ă©dition qui Ă©tait censĂ©e ĂȘtre dominĂ©e par l'Ă©quipe de France forte de quatre leaders (Jacques Anquetil, Louison Bobet, RaphaĂ«l GĂ©miniani, Roger RiviĂšre) mais sapĂ©e par les rivalitĂ©s.

- La charrette du livreur -

"El Picador", son second surnom, avait néanmoins mérité sa victoire. Il avait gagné le contre-la-montre du Puy-de-DÎme et, deux jours plus tard, mené une échappée somptueuse dans le col de RomeyÚre avec Gaul.

De retour dans son pays, il devint une idole, bien avant Luis Ocana, Pedro Delgado et Miguel Indurain qui lui succédÚrent au XXe siÚcle au palmarÚs du Tour et dans le coeur des supporters espagnols.

L'ancien petit vendeur du marchĂ© de TolĂšde expliquait ses extraordinaires qualitĂ©s de grimpeur par son premier mĂ©tier: "Pour livrer les clients, j'avais une charrette que je remplissais de 120 kilos de fruits et de lĂ©gumes. Je l'ai poussĂ©e pendant quatre ans dans les rues. C'est lĂ  que je me suis fait un cƓur et un corps de grimpeur. Dans les cĂŽtes, je poussais sur la pointe des pieds comme sur des pĂ©dales."

Vainqueur de la Vuelta à deux reprises (1954 et 1957), il resta au sommet la trentaine passée et relança sa carriÚre sous l'autorité de son directeur sportif Raoul Rémy.

Pendant les années Anquetil, "Fede" figura deux autres fois (2e en 1963, 3e en 1964) sur le podium du Tour, la course qui convenait le mieux à ce coureur adorant les températures caniculaires.

- Le cadeau de Dali -

S'il gagna onze Ă©tapes de montagne dans les trois grands tours (7 en France, 1 en Italie, 3 en Espagne), il fut toutefois limitĂ© par ses piĂštres talents de descendeur Ă  une Ă©poque oĂč les arrivĂ©es au sommet Ă©taient moins frĂ©quentes.

"S'il était né 20 ans plus tard, il aurait doublé son score", estimait Pierre Chany, le journaliste de référence de l'époque.

Bahamontes est aussi restĂ© dans l'histoire du Tour pour avoir mis pied Ă  terre en 1954 alors qu'il Ă©tait en tĂȘte de la course. Venant de franchir le col de RomeyĂšre, il s'arrĂȘta pour prendre un cornet de glace Ă  un marchand ambulant et attendre ses poursuivants. "On me demande de gagner le GP de la montagne, c'est ce que je fais", rĂ©pondit-il Ă  ceux qui s'Ă©tonnaient.

Celui qui commençait ses phrases par "moi, il" lorsqu'il voulait s'exprimer en français s'Ă©tait retirĂ© dans sa bonne ville de TolĂšde, oĂč il Ă©tait propriĂ©taire d'un magasin de cycles. Sur l'immeuble du centre-ville, dix lettres Ă©taient peintes pour toute enseigne: BAHAMONTES.

Débordant d'énergie malgré l'ùge, l'Espagnol, silhouette fine et agile, n'était pas souvent remonté sur le vélo aprÚs sa retraite décidée en 1965, mais il gardait la passion du cyclisme, longtemps en tant qu'organisateur d'une course amateurs ou plus souvent encore pour des hommages rendus à cette légende sportive riche en anecdotes.

Ainsi, le tableau que lui avait offert Salvador Dali, représentant Bahamontes en plein effort sur son vélo. Le plus ancien vainqueur du Tour avouait sa perplexité: "J'ai beau regarder le tableau sous tous ses angles, je ne me reconnais toujours pas."

AFP

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