Rolls Royce, Peugeot, Dodge, Cadillac: dans la campagne du centre de l'Irak, Jaafar Salmane est mordu de vieilles voitures, qu'il collectionne depuis plus d'une décennie par amour du patrimoine et pour la plus grande joie des automobilistes et des piétons.
Dans son magasin de piÚces détachées pour voitures, prÚs de la localité d'Alexandrie dans la province de Babel, il exhibe ses possessions: élégantes automobiles aux courbes classiques ou bolides de course aux couleurs vives.
Au total, elles sont une dizaine: grosses cylindrées américaines ou voitures de luxe, certaines remontant aux années trente, d'autres aux années soixante.
"J'adore les voitures de collection. J'aime le patrimoine irakien, j'aime le préserver", confie à l'AFP le quinquagénaire aux cheveux poivre et sel, en polo blanc et rasé de prÚs.
Pour les piĂšces de rechange il faut parfois les commander aux Etats-Unis et elles mettent alors quatre ou cinq mois Ă arriver. Sa Rolls Royce de 1934, beige et rouge, "a encore sa plaque (d'immatriculation) de la Monarchie", s'enorgueillit-il.
Certains vĂ©hicules ont coĂ»tĂ© 15.000 dollars. La voiture est alors "usĂ©e, il faut refaire la carrosserie et la peinture". Une fois restaurĂ©e elle peut ĂȘtre revendue Ă 50.000 ou 60.000 dollars poursuit ce pĂšre de cinq enfants.
Une de ses plus précieuses possessions: une DeSoto de 1948 (Chrysler), qui jure-t-il est un présent du roi Farouk "Roi d'Egypte et du Soudan" au monarque d'Arabie saoudite Abdel Aziz al-Saoud.
- "Sourire et joie" -
Sa premiÚre acquisition fut une Chevrolet de 1958, qui appartenait autrefois à la diva irakienne Afifa Iskandar, jouissant dans son pays d'une renommée similaire à celle de l'astre de l'Orient Oum Kalthoum.
Pour les réparations, il fait appel à des mécaniciens ou artisans spécialisés, parfois à une heure de route à Bagdad, voire parfois à cinq heures de chez lui à Mossoul (nord).
"Quelle que soit les difficultés, fixer la carrosserie, la peinture, les piÚces de rechange: quand une voiture retrouve sa plus belle image, toute la fatigue disparaßt".
Quand il prend la route, sa voiture attire tous les regards. Les passants s'arrĂȘtent pour prendre un selfie.
"C'est ça qui fait que nous nous intéressons à ces voitures: on voit le sourire et la joie, du plus jeune au plus ùgé", raconte M. Salmane.
"Un vieux monsieur va t'accoster, ou une femme qui vont te dire +à mon mariage j'avais une voiture comme ça+".
Son ami d'enfance, le coiffeur Haidar Khalaf, assure que M. Salmane jouit d'une petite popularité. "Les gens le connaissent dans le coin. Chaque jour quand il sort avec une voiture, ils s'attroupent", raconte-t-il.
Car ces voitures "c'est l'identité irakienne. Tout le monde aime voir son histoire et notre patrimoine".
 AFP




