Conflit israélo-palestinien

Des collaborateurs d'une ONG, dont quatre étrangers, tués à Gaza dans une frappe israélienne

  • Publié le 2 avril 2024 à 07:10
  • Actualisé le 2 avril 2024 à 07:30

Des collaborateurs d'une organisation non-gouvernementale qui livre de la nourriture dans la bande de Gaza menacée de famine ont été tués dans une frappe israélienne lundi, a déclaré son fondateur, le Hamas indiquant pour sa part que quatre étrangers figurent parmi les victimes.

"Aujourd'hui, World Central Kitchen a perdu plusieurs de ses soeurs et frères dans une frappe de l'armée israélienne à Gaza", a déclaré sur X (ex-Twitter) le patron et fondateur de cette ONG, le cuisinier espagnol José Andrés.

Ils ont été tués "alors qu'ils travaillaient pour soutenir notre oeuvre humanitaire de livraison de nourriture à Gaza", selon un communiqué distinct de l'organisation, dénonçant une "tragédie."

Selon le ministère de la Santé du Hamas, il s'agit de quatre travailleurs humanitaires étrangers et de leur chauffeur palestinien, victimes d'une frappe sur leur véhicule dans le centre de la bande de Gaza.

Le ministère a d'abord fait état de cinq victimes arrivées dans un hôpital de Deir el-Balah, après "une frappe aérienne israélienne ayant visé un véhicule de l'organisation américaine World Central Kitchen".

"Ils possèdent la nationalité britannique, australienne et polonaise et la quatrième nationalité n'est pas connue", a rapporté dans un autre communiqué cette source du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, précisant que la cinquième personne était un chauffeur et traducteur palestinien.

Un correspondant de l'AFP a vu à l'hôpital des martyrs d'Al Aqsa de Deir el-Balah cinq corps et trois passeports étrangers près des dépouilles. Des images de ces corps et des passeports circulent également sur les réseaux sociaux.

L'armée israélienne a dit "passer en revue l'incident tragique au plus haut niveau pour en comprendre les circonstances" et assuré avoir "travaillé en étroite collaboration avec WCK" pour sa distribution d'aide.

World Central Kitchen, basée aux Etats-Unis, est impliquée dans l'envoi d'aide par bateau de Chypre vers Gaza et dans la construction d'une jetée temporaire à Gaza. Un premier bateau y avait déchargé sa cargaison mi-mars sous la supervision de l'armée israélienne.

Près de six mois après le début du conflit, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi la mort d'au moins 70 personnes au cours des dernières 24 heures, dans "de dizaines" de frappes israéliennes à travers la bande de Gaza.

Au nord du territoire palestinien, les équipes médicales fouillaient les décombres de l'hôpital al-Chifa pour extraire des blessés et cadavres après le retrait de l'armée israélienne qui y a mené une vaste opération, laissant derrière elle ruines et cadavres.

Les forces israéliennes ont "tué plus de 200 terroristes et arrêté plus de 900 personnes suspectées d’actes terroristes" sur le site de l'hôpital, a indiqué le porte-parole de l'armée israélienne lundi soir.

Un porte-parole de l'agence de défense civile de Gaza, dirigée par le Hamas, a fait état de 300 morts à l'intérieur et autour de l'hôpital durant l'opération israélienne.

Des médecins et civils présents dans le complexe ont déclaré à l'AFP qu'au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains semblaient s'être fait rouler dessus par des véhicules militaires.

- Une loi pour interdire Al Jazeera -

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi vouloir "agir immédiatement" pour interdire la diffusion de la chaîne qatarie Al Jazeera dans le pays, peu après le vote par le Parlement d'une loi l'autorisant à le faire.

Al Jazeera, qui accuse Israël de cibler systématiquement ses journalistes dans la bande de Gaza, a dénoncé une "campagne frénétique" à son encontre.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à Washington, a demandé "instamment au gouvernement israélien de ne pas fermer le bureau" d'Al-Jazeera à Jérusalem et de permettre aux médias de travailler en Israël et à Gaza pendant le conflit.

Benjamin Netanyahu, qui a été opéré d'une hernie, devrait sortir mardi de l'hôpital, selon son bureau.

Lundi soir, une nouvelle manifestation réclamant sa démission et la libération des otages israéliens retenus à Gaza a rassemblé des milliers de personnes à Jérusalem.

Selon la Maison Blanche, des responsables israéliens ont échangé avec leurs homologues américains à distance lundi et ont "accepté de prendre en compte" les préoccupations américaines au sujet de l'offensive prévue par Israël sur Rafah, dans le sud de Gaza.

La situation de cette ville du sud de la bande de Gaza, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, devait déjà faire l'objet d'une réunion en personne à Washington, mais Israël avait annulé l'envoi de sa délégation il y a une semaine.

Une rencontre "en personne" pourrait avoir lieu "dès la semaine prochaine", a précisé un communiqué de l'exécutif américain.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages dont 34 sont mortes, à Gaza.

Israël a juré de détruire le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, et son armée a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur Gaza, suivie d'une offensive terrestre.

Les opérations israéliennes ont coûté la vie à 32.845 personnes, pour la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, et provoqué une catastrophe humanitaire et des destructions colossales.

La guerre a aussi exacerbé les craintes d'une escalade du conflit dans la région. Onze personnes, dont sept Gardiens de la révolution --l'armée idéologique de l'Iran-- ont été tuées lundi dans un raid imputé à Israël contre la section consulaire de l'ambassade iranienne à Damas.

Téhéran a promis "une réponse décisive". "Ce crime ne passera pas sans que l'ennemi soit puni", a averti pour sa part le Hezbollah, mouvement chiite libanais allié de la Syrie, de l'Iran et du Hamas palestinien.

AFP

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