Conflit israélo-palestinien

Guerre à Gaza: les négociateurs attendus dimanche au Caire pour parler de trêve

  • Publié le 6 avril 2024 à 21:04
  • Actualisé le 7 avril 2024 à 07:10

Les négociateurs américain, qataris, israélien et du Hamas sont attendus dimanche au Caire pour une énième tentative de parvenir à une trêve associée à une libération d'otages dans la bande de Gaza meurtrie par une guerre dévastatrice qui va entrer dans son 7e mois.

Déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante sans précédent du Hamas en Israël, l'offensive militaire israélienne ne connaît aucun répit, faisant 33.137 morts, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien, et provoquant un désastre humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d'habitants menacés de famine, d'après l'ONU.

Selon des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, se rend ce week-end au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris. La Maison Blanche a confirmé des pourparlers.

Une délégation israélienne et une délégation du Hamas se rendront également dans la capitale égyptienne dimanche, aux côtés de M. Burns et du ministre qatari des Affaires étrangères, a indiqué samedi le média égyptien pro-gouvernemental Al-Qahera News, proche des services de sécurité égyptiens.

Le président américain, Joe Biden, a appelé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, "à conclure un accord sur les otages" enlevés pendant l'attaque du Hamas.

Il a aussi demandé au Qatar et à l'Egypte, les médiateurs avec les Etats-Unis, "d'obtenir du Hamas qu'il s'engage à accepter un accord", selon un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

Le Hamas a affirmé samedi qu'il ne renoncerait pas à ses exigences pour une trêve. Dans un communiqué annonçant le départ d'une délégation du mouvement dimanche au Caire, il demande "un cessez-le-feu complet, un retrait des forces d'occupation de Gaza, un retour des déplacés, une liberté de mouvement et des aides (à la population) et un sérieux accord d'échange d'otages" et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

- Corps d'un otage récupéré -

Après une trêve d'une semaine fin novembre qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de détenus palestiniens, plusieurs séries de négociations indirectes entre les protagonistes, via les médiateurs internationaux, ont eu lieu pour un nouveau cessez-le-feu. En vain.

Israël et le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, se renvoient la responsabilité du blocage.

Le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à "l'élimination du Hamas", considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.170 personnes en Israël, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées pendant l'attaque et emmenées à Gaza où 129 sont toujours détenues, parmi lesquelles 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

Samedi, l'armée a annoncé avoir récupéré à Khan Younès (sud) le corps de l'otage Elad Katzir, enlevé au kibboutz Nir Oz. Il a, selon elle, "été tué en captivité par l'organisation terroriste Jihad islamique", un mouvement armé palestinien qui a participé à l'attaque du 7 octobre aux côtés du Hamas. Katzir avait aussi la nationalité polonaise, selon l'ambassadeur d'Israël en Pologne.

Pour sa soeur, Carmit Palty Katzir, le libérer en vie "aurait pu être possible si un accord sur les otages avait été réalisé à temps. Nos dirigeants sont lâches et mus par des considérations politiques".

- "Tout a été détruit" -

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur la bande de Gaza, suivie d'une offensive terrestre qui lui a permis de progresser du nord au sud du territoire dévasté qu'elle assiège depuis le 9 octobre.

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 46 morts supplémentaires ont été recensés ces dernières 24 heures à Gaza.

L'armée a fait état samedi de "terroristes tués" lors d'opérations à Khan Younès, et affirmé avoir "éliminé mercredi dans le sud de Gaza un haut responsable terroriste du Hamas, Akram Abed al-Rahmane Salamé".

Plus au sud, à Rafah, s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, qui craignent, en plus des bombardements, une offensive terrestre voulue par M. Netanyahu pour qui cette ville est le "dernier grand bastion du Hamas". Une offensive à laquelle s'oppose son allié américain.

"Nous sommes des gens ordinaires, des êtres humains (...) Pourquoi ont-ils bombardé notre maison?", se lamente Siham Achour, 50 ans, qui a trouvé refuge dans une tente de Rafah après avoir fui Khan Younès. "Tout a été détruit."

- "Grande impunité" -

Alors que la guerre entre dimanche dans son 7e mois, le patron du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a dénoncé le fait que, malgré "l'indignation mondiale", "si peu a été fait pour y mettre fin, laissant la place à une si grande impunité".

Le gouvernement Netanyahu subit de fortes pressions internationales pour laisser entrer davantage d'aide à Gaza, surtout après la mort lundi d'humanitaires de World Center Kitchen (WCK)-un Palestinien et six étrangers-, tués dans le territoire palestinien par un drone israélien contre leur véhicule.

L'armée israélienne a reconnu que des "erreurs graves" étaient à l'origine de la frappe, affirmant avoir cru, à tort, viser des "agents du Hamas".

Contrôlées strictement par Israël, les aides, venant principalement d'Egypte, entrent au compte-gouttes via le passage de Kerem Shalom entre le territoire israélien et le sud de Gaza.
Vendredi, Israël a annoncé prévoir l'ouverture "temporaire" d'autres points de passage pour acheminer l'aide, ainsi qu'une "augmentation de l'aide par Kerem Shalom".

Des mesures jugées "insuffisantes" par l'ONU.

AFP

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