L'avenir de l'aide amĂ©ricaine Ă l'Ukraine est en jeu aprĂšs l'accord provisoire aux Etats-Unis pour Ă©viter une paralysie de l'administration fĂ©dĂ©rale, mĂȘme si le prĂ©sident Joe Biden se veut rassurant sur la poursuite de son soutien.
Moins de dix jours aprÚs une visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington, le compromis trouvé samedi soir au CongrÚs américain laisse de cÎté une nouvelle aide, à laquelle s'opposent des membres de la droite dure.
La question du budget, extrĂȘmement politisĂ©e Ă Washington, pĂšse sur le sort de l'assistance militaire, avec la crainte de rĂ©percussions sur le terrain, Ă des milliers de kilomĂštres de lĂ .
M. Biden et son camp démocrate soutiennent que l'Amérique a le devoir d'aider l'Ukraine à résister à l'invasion lancée par le président russe Vladimir Poutine. Dans le cas contraire, avertissent-ils, les autocrates seraient encouragés à l'avenir.
Dimanche, le démocrate a exhorté le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, à cesser de "jouer" avec le budget, et à accepter de faire passer une mesure distincte sur une aide additionnelle à l'Ukraine au plus vite.
"Je veux le dire à nos alliés, au peuple américain et au peuple d'Ukraine, vous pouvez compter sur notre soutien. Nous n'abandonnerons pas" l'Ukraine, a-t-il dit depuis la Maison Blanche.
Les autorités ukrainiennes ont réagi en indiquant qu'elles "travaillaient activement" avec Washington pour s'assurer qu'une nouvelle aide soit bien dans les tuyaux.
L'Union européenne, de son cÎté, s'est dite "surprise", par la voix de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, regrettant "profondément la décision des Etats-Unis". "J'espÚre que cette décision ne sera pas définitive et que l'Ukraine continuera à bénéficier du soutien des Etats-Unis", a-t-il ajouté.
- Climat polarisé -
Cependant, le message que toute cette situation envoie au monde, Ă savoir que non seulement les rĂ©publicains, mais aussi certains dĂ©mocrates, sont prĂȘts Ă sacrifier l'Ukraine pour des questions de politique intĂ©rieure, est dommageable, estime l'analyste Brett Bruen, interrogĂ© par l'AFP.
"Cela devrait inquiĂ©ter les dirigeants Ă Kiev, et je pense qu'Ă Moscou ils sont en train de cĂ©lĂ©brer les signaux selon lesquels notre soutien pourrait ĂȘtre en train de faiblir", a ajoutĂ© l'ancien diplomate amĂ©ricain et prĂ©sident du groupe Global Situation Room.
L'Ukraine est déjà préoccupée par l'idée d'un possible retour à la Maison Blanche du républicain Donald Trump, qui a par le passé chanté les louanges de Vladimir Poutine.
Des responsables démocrates ont indiqué samedi qu'ils s'attendaient à ce qu'une mesure séparée sur l'aide à l'Ukraine soit présentée dans les jours à venir.
La Maison Blanche avait initialement rĂ©clamĂ© que la loi de finances votĂ©e par les Ă©lus comprenne 24 milliards de dollars d'aide militaire et humanitaire pour Kiev. Il n'Ă©tait pas clair si la nouvelle aide demandĂ©e serait du mĂȘme montant.
Et dans un climat politique ultra polarisé, la tùche s'annonce rude.
A un peu plus d'un an de la présidentielle américaine, la question ukrainienne fait réguliÚrement l'objet de polémiques, avec des interrogations sur le flot d'aide envoyé par Washington à Kiev -- notamment 43 milliards de dollars d'assistance militaire.
Au CongrÚs, une lutte fratricide se prépare: un meneur de la droite dure, l'élu de Floride Matt Gaetz -- l'un des opposants les plus fermes à l'octroi de davantage d'aide à l'Ukraine - a annoncé qu'il déposerait une motion pour destituer Kevin McCarthy.
Si ce dernier survit au vote, il a aussi ses exigences.
"Je vais m'assurer que les armes soient fournies à l'Ukraine, mais ils n'obtiendront pas de gros ensemble (d'aides) si la frontiÚre n'est pas sûre", a dit M. McCarthy à CBS dimanche, en allusion à la "crise migratoire" aux Etats-Unis dénoncée par son camp.
- Lassitude -
MĂȘme si Kevin McCarthy dit oui Ă l'aide Ă l'Ukraine, probablement dans le cadre d'un accord avec les dĂ©mocrates pour parvenir Ă rester prĂ©sident de la Chambre, un autre problĂšme se pose: la lassitude face Ă la guerre.
Un an et demi aprÚs l'invasion russe, le scepticisme s'étend à certains républicains modérés, qui disent ne pas vouloir faire de "chÚque en blanc" à Kiev.
Et face Ă l'inflation enregistrĂ©e aux Etats-Unis, des Ă©lecteurs amĂ©ricains semblent avoir les mĂȘmes doutes.
Un sondage ABC/Washington Post publié le 24 septembre montrait que 41% des personnes interrogées pensaient que Washington en faisait trop pour soutenir l'Ukraine, contre 33% en février et 14% en avril 2022.
AFP
