55 portraits et 55 familles

La France rend un hommage national à ses victimes du 7 octobre en Israël

  • Publié le 7 février 2024 à 08:34
  • Actualisé le 7 février 2024 à 11:01

Dans la cour des Invalides, 55 portraits et 55 familles : le président Emmanuel Macron rend un hommage national mercredi aux victimes françaises de l'attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël, en présence, très controversée, d'élus de la gauche radicale.

Cet hommage, inédit hors d'Israël, intervient quatre mois jour pour jour après l'attaque du mouvement islamiste palestinien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, tuées par balles, brûlées vives ou mutilées, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes, et déclenché un conflit toujours en cours à Gaza.

Avec 42 concitoyens ou Franco-Israéliens tués, trois toujours disparus et présumés otages, quatre otages libérés et six blessés, il s'agit du plus lourd bilan côté français depuis l'attentat de Nice le 14 juillet 2016 (86 morts et plus de 400 blessés).

La France compte la première communauté juive d'Europe, avec environ 500.000 personnes, et près de 100.000 ressortissants vivant en Israël, ayant souvent la double nationalité.

Chaque victime sera représentée par une photographie. Les 55 familles présentes ont été acheminées pour beaucoup d'entre elles depuis Israël par un vol spécial.

L'hommage, qui débutera à 11H45 (10H45 GMT), s'ouvrira sur la prière des morts du Kaddish, suivie d'un discours du chef de l'Etat, de la sonnerie "Aux Morts", d'une minute de silence et de la Marseillaise.

"Nous vivons une très longue journée depuis le 7 octobre", a confié mardi Ayala Yahalomi Luzon, sans nouvelles de son frère Ohad, 49 ans, depuis "123 jours", en exhortant à "une action concrète pour ramener (les otages) chez eux".

- Acharnement antisémite -

Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours captifs à Gaza, dont 28 seraient morts. Des négociations sont en cours pour obtenir leur libération en échange d'une pause dans les combats. Une centaine d'otages avaient déjà été libérés fin novembre lors d'une trêve.

La cérémonie, dans la cour d'honneur des Invalides, à quelques encâblures du monument pour les victimes du terrorisme, sera placée sous le signe de la "lutte contre l'antisémitisme", combat cardinal de la République selon l'Elysée.

"Il est patent, pour qui veut bien le voir, qu'il y avait quand même une dimension (...) antisémite dans les actes terroristes qui ont été perpétrés le 7 octobre", relève un conseiller présidentiel.

"Il suffit d'en regarder le détail, l'acharnement, la cruauté déployée. Tout ça renoue avec des formes d'expression ultraviolentes, antisémites, auxquelles malheureusement l'humanité a déjà été confrontée", dit-il alors que l'attaque a réveillé chez beaucoup le douloureux souvenir de la Shoah.

Pour les familles de victimes, la présence attendue de plusieurs responsables de La France insoumise (LFI), qui avait refusé de qualifier l'attaque de "terroriste", reste de ce point de vue incompréhensible, voire inacceptable.

"Je pense qu'ils ne doivent pas y être", résume Ishay Dan, dont le Hamas détient le frère, Ofer Kalderon, 53 ans, et a tué deux neveux lors de l'attaque du 7 octobre, tout en se disant "fier" de l'hommage.

- "Deux poids, deux mesures" -

Selon l'Elysée, il s'agit d'une "cérémonie républicaine" dont aucun élu, par définition, ne peut être écarté. Mais il appartient à chacun "d'apprécier l'opportunité de sa présence", souligne le conseiller présidentiel.

"Au nom de quoi peut-on me nier le droit à l'émotion et au chagrin ?", réplique le coordinateur de LFI Manuel Bompard, qui a prévu de s'y rendre, tout comme la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot.

Il dénonce de son côté le "deux poids, deux mesures" avec Gaza, où plus de 27.500 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive israélienne selon le ministère de la Santé du Hamas, et réclame un moment d'hommage semblable pour les ressortissants français qui y ont trouvé la mort.

Un "temps mémoriel" est bien envisagé pour eux dans un second temps, a confirmé l'Elysée. Au moins deux enfants français ont été tués à Gaza, selon les autorités françaises.

En Israël, l'hommage français sera retransmis sur écran géant sur la "place des otages", le site en face du ministère de la Défense à Tel-Aviv où les familles des otages se réunissent régulièrement afin de faire pression sur le gouvernement pour qu’il obtienne la libération de tous les otages.

AFP

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