Sans signe de répit

La guerre Israël-Hamas entre dans son 4e mois, Blinken en tournée pour prévenir un embrasement

  • Publié le 7 janvier 2024 à 23:26
  • Actualisé le 8 janvier 2024 à 05:05

La guerre entre Israël et le Hamas palestinien est entrée dimanche dans son 4e mois sans signe de répit à Gaza, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken appelant l'armée israélienne, qui a poursuivi ses frappes meurtrières, à épargner les civils, mettant en garde contre une extension du conflit.

Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1.140 personnes, surtout des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien. Environ 250 personnes ont été enlevées, dont une centaine libérées lors d'une trêve fin novembre.

L'offensive israélienne a fait 22.835 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon le dernier bilan du Hamas. Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.

Entamant une tournée dans la région, sa quatrième depuis le 7 octobre, Antony Blinken a estimé "impératif" qu'Israël, soutenu militairement et politiquement par Washington, en fasse plus pour protéger les civils palestiniens à Gaza, dans une conférence de presse à Doha, au côté du Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Le conflit "pourrait aisément se métastaser causant encore plus d'insécurité et plus de souffrances", a-t-il aussi mis en garde, affirmant que les Etats-Unis oeuvraient à "empêcher le conflit de se propager" dans la région.

Il a également qualifié de "tragédie inimaginable" la mort à Gaza dans la matinée de deux journalistes palestiniens, Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste collaborant aussi avec l'AFP, et Hamza Waël Dahdouh d'Al Jazeera.

Selon la chaîne qatarie, ils ont été tués par une frappe israélienne sur leur voiture. Al Jazeera a accusé l'armée israélienne de "cibler" les journalistes palestiniens à Gaza.

L'une des victimes est le fils du chef du bureau d'Al Jazeera dans le territoire palestinien, Wael Dahdouh, qui avait déjà perdu son épouse et deux de ses enfants fin octobre dans un frappe israélienne.

Avec les nouveaux décès dimanche, au moins 79 journalistes et professionnels des médias ont été tués depuis le début de la guerre, selon le Comité pour la protection des journalistes. Parmi eux, 72 étaient palestiniens, quatre israéliens et trois libanais.

- "Plus jamais" le 7 octobre -

"Le monde devrait voir avec deux yeux, pas avec un oeil israélien, il devrait voir tout ce qui arrive au peuple palestinien (...) mais le monde ferme les yeux sur ce qui se passe dans la bande de Gaza", a dénoncé ce dernier, en pleurs, après les obsèques de son fils à Rafah.

Des frappes israéliennes, notamment sur Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, et sur Khan Younès, principale ville du sud du territoire et nouvel épicentre des combats, ont également tué dans la nuit au moins 64 personnes, selon le ministre de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie occupée, neuf Palestiniens ont en outre été tués dimanche. Parmi eux, une fillette de trois ans, victime selon les autorités israéliennes de tirs de policiers qui réagissaient à une attaque à la voiture-bélier à un poste de contrôle. Sept autres ont été tués dans un nouveau raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes en Cisjordanie, où les violences ont également causé la mort d'une policière et d'un civil, israéliens, selon des sources palestiniennes et israéliennes.

L'armée, qui poursuit son offensive terrestre lancée le 27 octobre à Gaza, a annoncé samedi avoir "achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord", et se focaliser "désormais dans le centre et le sud" du territoire.

Classé "groupe terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, deux ans après le retrait unilatéral d'Israël qui a ensuite soumis ce territoire à un blocus pendant 16 ans et l'assiège depuis le 9 octobre dernier.

En dépit des pressions internationales et appels au cessez-le-feu, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche sa détermination: "ce qui s'est passé le 7 octobre ne se reproduira plus jamais", a-t-il dit, jurant de "continuer jusqu'à la victoire totale".

Parallèlement, "les négociations entre les Qataris, Israël et le Hamas concernant la libération des otages à Gaza se poursuivent", a indiqué une source bien informée à l'AFP, en marge de la visite de M. Blinken à Doha.

- "Maximaliser l'aide humanitaire" -

M. Blinken avait auparavant rencontré à Amman le roi Abdallah II de Jordanie.

Selon un communiqué du Palais royal, le souverain hachémite l'a appelé à faire pression sur Israël pour un "cessez-le-feu immédiat".

Il a martelé "le rejet total par la Jordanie du déplacement forcé des Palestiniens", après des déclarations de ministres israéliens préconisant un retour de colons juifs à Gaza, une position rejetée par Washington.

Visant un centre du Programme alimentaire mondial en Jordanie, le secrétaire d'Etat américain a par ailleurs souligné qu'il était "impératif de maximiser l'aide humanitaire à Gaza".

Sa tournée intervient après un regain de violences samedi à la frontière israélo-libanaise, où depuis le 7 octobre, les échanges de tirs sont quasi-quotidiens entre le Hezbollah libanais, allié du Hamas, et les forces israéliennes.

Le mouvement chiite pro-iranien a tiré samedi des dizaines de roquettes sur une base militaire dans le nord d'Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l'élimination mardi, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, à Beyrouth.

Il a ensuite annoncé la mort de cinq combattants dans des frappes israéliennes.

En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires des Etats-Unis se sont aussi multipliées, tandis que les rebelles Houthis au Yémen mènent des attaques contre des navires en mer Rouge, en soutien aux Palestiniens.

AFP

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