Coronavirus

La perspective d'une fin du confinement suscite espoirs et interrogations

  • PubliĂ© le 14 avril 2020 Ă  13:27
  • ActualisĂ© le 14 avril 2020 Ă  14:11
Ce restaurant d'Arcachon (Gironde) garde portes closes, le 13 avril 2020

Enfin le bout du tunnel? Emmanuel Macron a fixé au 11 mai la date d'un possible déconfinement, mais la réouverture progressive des écoles à partir de cette date ne fait pas l'unanimité et des interrogations affleurent sur les modalités futures de dépistage.

La France s'approche du cap des 15.000 décÚs liés au Coronavirus (14.967) mais, pour le cinquiÚme jour consécutif, lundi, le nombre de patients en réanimation a baissé. "L'épidémie commence à marquer le pas" et "l'espoir renaßt", a souligné le président lors de son allocution lundi soir, tout en reconnaissant que la France n'était "à l'évidence pas assez préparée" à la pandémie.

Une allocution qui était trÚs attendue aprÚs prÚs d'un mois de confinement puisqu'elle a été regardée par 36,7 millions de téléspectateurs, un record absolu.
L'"humilité" affichée du président de la République est saluée par de nombreux éditorialistes mardi, qui relÚvent aussi l'"espoir" donné aux Français avec l'annonce de la "date de la quille".

Mais "le 11 mai est une date d'objectif. Ce qu'a annoncé le président de la République, ce n'est pas le déconfinement le 11 mai, c'est le confinement jusqu'au 11 mai", a martelé sur France Inter Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur.

Des voix s'élÚvent déjà pour réclamer plus de clarté. "Il y a encore trop d'inconnues et il faut que le gouvernement trÚs vite donne les éléments qui permettraient de comprendre comment cette histoire peut s'exécuter dans le temps", a ainsi demandé le premier secrétaire du PS Olivier Faure mardi sur Franceinfo TV.

Un sujet fait notamment débat : le chef de l'Etat a créé la surprise, en annonçant qu'à partir du 11 mai, seraient rouvertes "progressivement les crÚches, les écoles, les collÚges et les lycées", alors que dans l'enseignement supérieur, "les cours ne reprendront pas physiquement avant l'été". En revanche, bars, restaurants et salles de cinéma resteront fermés.
"Le 11 mai c'est dans un mois et la question c'est de savoir si nous pourrons à ce moment-là, protéger à la fois les élÚves, les parents, les enseignants", souligne ainsi M. Faure.

- Critiques -

MĂȘmes inquiĂ©tudes et critiques chez les enseignants. "C'est tout sauf sĂ©rieux de rouvrir les Ă©coles le 11 mai car on nous dit que tous les lieux publics sont fermĂ©s, les cinĂ©mas, les salles de spectacle, mais pas les Ă©coles alors que l'on sait que c'est un lieu de haute transmission, de haute contamination, il y a un manque de prĂ©caution, ça paraĂźt ĂȘtre en contradiction totale avec le reste", a rĂ©agi Francette Popineau, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, auprĂšs de l'AFP.

Autre marqueur fort, il n'y aura pas de grands festivals ni de gros rassemblements au moins jusqu'à mi-juillet: les festival d'Avignon a jeté l'éponge lundi soir, les Eurockéennes à Belfort mardi matin. Que va-t-il se passer pour le Tour de France? Et le Festival de Cannes ?

Par ailleurs, les frontiÚres de la France avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre" a précisé M. Macron. Du cÎté des réactions positives, le patronat s'est déclaré "satisfait" que le président "ait fixé un cap pour remettre le pays en marche" à partir du 11 mai, à l'exception du secteur de l'hÎtellerie-restauration exclu du déconfinement.
Le Medef a aussi salué comme "importantes" les "bonnes nouvelles" sur le prolongement jusqu'au 11 mai des aides aux entreprises, mesures de chÎmage partiel et fonds de solidarité pour les petites entreprises.

Le chĂŽmage partiel en France, qui concerne actuellement 8 millions de salariĂ©s, coĂ»tera 24 milliards d'euros, a indiquĂ© mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur BFMTV/RMC, ajoutant que l'effort public d'aide Ă  l'Ă©conomie atteindrait "plus de 100 milliards d'euros. La partie du fonds de solidaritĂ© rĂ©servĂ©e aux entreprises menacĂ©es de faillite va ĂȘtre renforcĂ©e et le montant de ce fonds portĂ© au total Ă  7 milliards d'euros, a aussi avancĂ© M. Le Maire.

Au-delĂ  du maintien des 1.500 euros pour les entreprises ayant une chute de plus de 50% de leur chiffre d'affaires, il y a un "deuxiĂšme Ă©tage qui va ĂȘtre portĂ© de 2.000 Ă  5.000 euros" pour les entreprises menacĂ©es de faillite, a encore spĂ©cifiĂ© le ministre de l'Ă©conomie.

- Dépistage en question-

Mais le tableau est toujours aussi sombre sur le plan économique: le gouvernement prévoit un recul de 8% du produit intérieur brut en France en 2020. Et la France devrait connaßtre un déficit public aux alentours de 9% du PIB cette année et une dette de 115%, a annoncé mardi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin sur Fanceinfo.

Comment planifier le déconfinement? L'opération pourrait s'avérer catastrophique si n'était pas mis en place un systÚme de tests massifs et d'isolement des personnes infectées, selon une étude réalisée notamment par l'Inserm.

A partir du 11 mai, "la multiplication des points de dépistage", pour toute personne présentant les symptÎmes, "nous saurons faire", a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran mardi matin sur RTL.

Le ministre souhaite "qu'on innove", qu'il y ait des tests "dans les hÎpitaux, les laboratoires - quel que ce soit leur statut" et veut aussi "s'appuyer sur les collectivités", "mettre en place des équipes mobiles, des drive-tests, procéder à partir des pharmacies, d'officines volontaires".

Quant à l'isolement des personnes testées positives au nouveau coronavirus, Olivier Véran confie que "toutes les possibilités sont à l'étude, nous n'excluons rien", notamment une éventuelle réquisition d'hÎtels. "Pour l'instant, ce que je vois, c'est de la défiance, du doute et la parole publique a été tellement décrédibilisée sur les masques, sur les tests, qu'il faut des données concrÚtes", a taclé M. Faure.

Yves Veyrier, secrétaire général de FO, a aussi demandé une "clarification sur les tests" sur BFM mardi. "On fait, à peu prÚs, aujourd'hui, 150.000 tests et au delà par semaine, nous sommes en train d'aller vers les 200.000 tests par semaine", a dévoilé M. Véran, qui a aussi révélé que "60 millions de masques" étaient arrivés de provenance de Chine depuis le 8 avril.
 

AFP

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