Union européenne

L'accord post-Brexit suspendu au bras de fer sur la pĂȘche

  • PubliĂ© le 20 dĂ©cembre 2020 Ă  07:24
  • ActualisĂ© le 20 dĂ©cembre 2020 Ă  09:07
Des camions font la queue pour monter à bord d'un ferry à Douvres (Grande Bretagne) le 18 décembre 2020

Le bras de fer sur la pĂȘche entre le Royaume-Uni et l'Union europĂ©enne menace l'issue des nĂ©gociations qui reprennent dimanche pour trouver un accord post-Brexit, Ă  seulement dix jours de la sĂ©paration dĂ©finitive.

Il n'y aura pas d'accord à moins d'un "changement substantiel" des positions de Bruxelles dans les jours qui viennent, a averti samedi soir une source britannique dans une déclaration aux médias.

Un accord doit ĂȘtre conclu avant que le Royaume-Uni --qui a officiellement quittĂ© l'UE le 31 janvier dernier-- ne sorte du marchĂ© unique europĂ©en et de l'union douaniĂšre le 31 dĂ©cembre Ă  23h00 GMT.

A la pression du calendrier s'ajoute pour les Européens celle de leur parlement. Les eurodéputés réclament une conclusion des négociations "dimanche à minuit" pour examiner l'accord et le ratifier afin qu'il entre en vigueur au 1er janvier.

Mais cette date butoir, comme bien d'autres dans la saga du Brexit, a toutes les chances d'ĂȘtre dĂ©passĂ©e face au risque d'un "no deal" Ă©tant donnĂ© ses lourdes consĂ©quences Ă©conomiques.

Un accord conclu in extremis pourrait entrer en vigueur provisoirement, une option qui semble avoir la faveur des Etats membres, avec une ratification a posteriori du Parlement européen.

Le secrĂ©taire d'Etat français chargĂ© des Affaires europĂ©ennes, ClĂ©ment Beaune, n'a d'ailleurs pas exclu samedi une poursuite des pourparlers aprĂšs le week-end. "Il est normal de ne pas dire +Ă©coutez, c'est dimanche soir on s'arrĂȘte, et donc je sacrifie tout+", a-t-il argumentĂ©.

MalgrĂ© des tractations intenses sur la pĂȘche, un compromis peine Ă  Ă©merger et "les divergences restent les mĂȘmes", a dĂ©clarĂ© une source europĂ©enne samedi soir.

Or les EuropĂ©ens ont conditionnĂ© l'accĂšs sans droit de douane ni quota Ă  leur immense marchĂ© au rĂšglement de la question de la pĂȘche. Un enjeu loin d'ĂȘtre nĂ©gligeable pour les Britanniques, puisque l'UE est leur premier partenaire commercial.

- "Pas raisonnable" -

Pour plusieurs Etats membres, France et Pays-Bas en tĂȘte, la pĂȘche a une forte dimension politique et sociale malgrĂ© son faible poids Ă©conomique. De l'autre cĂŽtĂ© de la Manche, le contrĂŽle de ses eaux symbolise une souverainetĂ© britannique retrouvĂ©e grĂące au Brexit.

Les tractations se concentrent sur le partage des quelque 650 millions d'euros pĂȘchĂ©s chaque annĂ©e par l'UE dans les eaux britanniques et la durĂ©e de la pĂ©riode d'adaptation pour les pĂȘcheurs europĂ©ens. Pour les Britanniques, les produits de pĂȘche dans les eaux europĂ©ennes reprĂ©sentent environ 110 millions d'euros.

Bruxelles proposerait de renoncer à environ 20% des 650 millions à l'issue d'une période de transition de sept ans, Londres en revendiquant 60% sur une période de 3 ans, selon des sources européennes.

Pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, les demandes européennes ne sont "pas raisonnables". Sur les deux autres sujets difficiles - la gouvernance du futur accord pour régler les différents et les conditions de concurrence loyale, les positions se sont en revanche rapprochées cette derniÚre semaine.

Les Européens réclament des garanties à Londres pour protéger leur immense marché d'une économie britannique dérégulée qui ne respecterait plus leurs normes environnementales, sociales ou fiscales ou en matiÚre d'aide d'Etat.

Sans accord commercial, les échanges entre l'UE et Londres se feront selon les rÚgles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, avec de lourdes conséquences pour des économies déjà secouées par la pandémie.

Alors que les deux cÎtés de la Manche se préparent au retour des contrÎles douaniers aprÚs la rupture, accord ou pas accord, un rapport parlementaire britannique a alerté sur une préparation insuffisante du Royaume-Uni, s'inquiétant des perturbations attendues dans les ports et des répercussions sur la sécurité.

AFP

guest
0 Commentaires