L'ancien souverain pontife allemand Benoît XVI, de son nom de naissance, Joseph Ratzinger, est décédé ce samedi 31 décembre 2022 à l'âge de 95 ans. Cette annonce a été faite par le Vatican. Le pape émérite, dont la renonciation en 2013 avait pris le monde entier par surprise, s'est éteint dans le monastère des jardins du Vatican où il s'était retiré.
"J'ai la douleur de vous annoncer que le pape émérite, Benoît XVI, est décédé aujourd’hui à 09H34, au monastère Mater Ecclesiae, au Vatican", a annoncé dans un communiqué le directeur du service de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
“With sorrow I inform you that the Pope Emeritus, Benedict XVI, passed away today at 9:34 in the Mater Ecclesiae Monastery in the Vatican.
— Vatican News (@VaticanNews) December 31, 2022
Further information will be provided as soon as possible.” pic.twitter.com/O5dxoPaVkT
Son corps sera exposé à partir de lundi matin dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles de le saluer.
La santé du théologien allemand s'était dégradée ces derniers jours, mais le Vatican avait indiqué vendredi que son état était "stationnaire" et qu'il avait participé à la célébration de la messe dans sa chambre jeudi.
Les funérailles de l'ancien pontife bavarois se tiendront jeudi matin place Saint-Pierre à Rome sous la présidence du pape François, un événement inédit dans l'histoire deux fois millénaire de l'Eglise catholique. La cérémonie des funérailles du 265e pape, "solennelle mais sobre" selon Matteo Bruni, se tiendra en présence de dizaines de milliers de fidèles, ainsi que de responsables d'Etat et de gouvernement.
Son décès met fin à la cohabitation insolite de deux hommes en blanc: l'Allemand Joseph Ratzinger, brillant théologien peu à l'aise avec les bains de foule, et l'Argentin Jorge Bergoglio, jésuite doté d'une parole incisive qui a voulu remettre les pauvres et les migrants au centre de la mission de l'Eglise.
Après huit ans de pontificat marqué par de multiples crises, Benoît XVI avait été rattrapé début 2022 par le drame de la pédocriminalité dans l'Eglise. Mis en cause par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu'il était archevêque de Munich, il était sorti de son silence pour demander "pardon" mais avait assuré ne jamais avoir couvert de pédocriminel.
Sa renonciation, annoncée en latin le 11 février 2013, fut une décision personnelle liée à ses forces déclinantes et non à la pression de scandales, avait-il assuré dans un livre de confidences paru en 2016.
Par ce geste, inédit en six siècles, le premier pape allemand de l'Histoire moderne a ouvert la voie à ses successeurs dont les forces viendraient à décliner. François, âgé de 86 ans et souffrant de douleurs au genou, a lui-même laissé "ouverte" cette possibilité.
- Prière "spéciale" -
Mercredi, le pape François avait appelé à une "prière spéciale" pour son prédécesseur "gravement malade" et était allé à son chevet au monastère Mater Ecclesiae.
Le Saint-Siège avait ensuite confirmé l'"aggravation" de l'état de santé du théologien allemand en raison de son "âge avancé", précisant qu'il restait sous surveillance médicale permanente.
"Ce sont ses fonctions vitales qui lâchent, y compris le cœur", avait précisé à l'AFP une source vaticane, ajoutant qu'aucune hospitalisation n'était prévue, la résidence de Benoît XVI disposant du matériel médical nécessaire.
Vendredi après-midi, le Vatican a organisé une messe à la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome afin de prier pour l'ancien pape.
Benoît XVI était apparu de plus en plus fragile ces derniers mois, se déplaçant en chaise roulante, mais il continuait de recevoir des visiteurs. Les photos de sa dernière visite reçue, datant du 1er décembre, montraient un homme frêle et visiblement affaibli.
- VIH et Vatileaks -
Né en 1927, Joseph Ratzinger a enseigné la théologie durant 25 ans en Allemagne avant d'être nommé archevêque de Munich.
Il est ensuite devenu le strict gardien du dogme de l'Eglise durant un autre quart de siècle à Rome à la tête de la congrégation pour la doctrine de la foi, puis pape pendant huit ans (2005-2013), succédant à Jean Paul II.
En tant que chef de l'Eglise catholique, il a défendu une ligne conservatrice, notamment sur l'avortement, l'homosexualité ou l'euthanasie.
Ses déclarations ont parfois choqué, comme sur l'islam ou l'utilisation du préservatif contre le VIH.
Son pontificat fut également marqué en 2012 par la fuite de documents confidentiels ("Vatileaks") orchestrée par son majordome. Le scandale avait mis en évidence une Curie romaine (gouvernement du Vatican) minée par les intrigues et dénuée de rigueur financière.
La dernière vidéo de Benoît XVI, diffusée par le Vatican en août, montrait un homme amaigri, muni d'un appareil auditif, ne pouvant plus parler mais au regard toujours vif.
Sa santé s’était dégradée ces derniers jours, et il se trouvait dans un état “stationnaire”, a indiqué vendredi le Vatican alors que les catholiques continuent de prier pour le théologien allemand.
Le pape François avait annoncé mercredi que son prédécesseur était “gravement malade” et appelé à prier pour celui dont la renonciation en 2013 pour raisons de santé avait pris le monde par surprise. Une messe à son intention doit d’ailleurs être célébrée vendredi en fin d’après-midi à la basilique de Saint-Jean-de-Latran, à Rome.
“Sa santé s’est dégradée il y a environ trois jours. Ce sont ses fonctions vitales qui lâchent, y compris le cœur”, avait précisé à l’AFP une source vaticane mercredi, ajoutant qu’aucune hospitalisation n’était prévue, la résidence de Benoît XVI disposant de l’équipement médical nécessaire.
François a lui-même rendu visite mercredi à Benoît XVI au monastère Mater Ecclesiae, lieu de résidence du pape émérite situé au cœur des jardins du Vatican.
- Les hommages en France -
Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage à Benoît XVI en saluant les efforts de l'ancien pape, décédé samedi, en faveur d'un "monde plus fraternel".
"Mes pensées vont aux catholiques de France et du monde, endeuillés par le départ de Sa Sainteté Benoît XVI, qui œuvra avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel", a tweeté le chef de l'Etat.
Mes pensées vont aux catholiques de France et du monde, endeuillés par le départ de Sa Sainteté Benoît XVI, qui œuvra avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 31, 2022
Emmanuel Macron, qui à l'instar de ses prédécesseurs entretient un dialogue régulier avec les principales religions implantées en France, avait été reçu le 25 octobre au Vatican par le pape François, pour la troisième fois depuis qu'il a accédé à l'Elysée en 2017. L'entretien avait en grande partie été consacré à la guerre en Ukraine.
Il s'était également entretenu de la fin de vie avec le successeur de Benoît XVI, farouchement opposé à l'euthanasie.
Emmanuel Macron, qui envisage de faire de la fin de vie la grande réforme sociétale de son second quinquennat, a assuré ne pas vouloir "préempter le débat", qu'il a jugé "parfois simplifié".
En 2018, il s'était rendu à Rome pour recevoir son titre de chanoine d'honneur de la basilique Saint-Jean-de-Latran, qui est la cathédrale de l'évêque de Rome, donc du pape.
Cette distinction symbolique revient automatiquement au chef de l'Etat français, tradition qui remonte au roi Henri IV, même si le gaulliste Georges Pompidou et les socialistes François Mitterrand et François Hollande ne sont pas venus en prendre possession.
La même année, il avait prononcé un discours remarqué au collège des Bernardins, à Paris, à l'invitation de la Conférence des évêques de France (CEF). Il avait alors déclaré vouloir "réparer" le "lien" entre l'Église et l'Etat, "abîmé" notamment depuis l'adoption du mariage homosexuel en 2013, et avait appelé les catholiques à s'investir dans la chose publique.
La Première ministre Élisabeth Borne a salué de son côté sur Twitter la mémoire du pape émérite Benoît XVI, "un homme de pensée et un grand théologien du christianisme", adressant ses "pensées à tous les catholiques de France et du monde".
Le pape émérite Benoît XVI s’est éteint. Je salue l’engagement de toute sa vie. Il a été un homme de pensée et un grand théologien du christianisme.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) December 31, 2022
Mes pensées à tous les catholiques de France et du monde. pic.twitter.com/Q53mFcNkuv
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a relevé que cet "immense théologien, dont la pensée et les écrits irrigueront pour longtemps la vie de l'Eglise", avait été le dernier pape "à avoir réservé à la France une visite apostolique", lorsqu'il l'avait lui-même accueilli en 2008.
Hommage à Sa Sainteté Benoît XVI pic.twitter.com/tMQzNqntCd
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) December 31, 2022
"Toutes mes pensées accompagnent les catholiques de France et du monde, qui perdent aujourd'hui un théologien brillant, un pape d'une grande humilité, courageux et respecté", a tweeté pour sa part la cheffe de file des députés Rassemblement national et ancienne candidate à l'Elysée Marine Le Pen, tandis que le président du parti Les Républicains Eric Ciotti a estimé qu'il avait "marqué l'histoire du siège pontifical par son érudition".
Le Pape Benoît XVI nous a quittés. Toutes mes pensées accompagnent les catholiques de France et du monde, qui perdent aujourd’hui un théologien brillant, un pape d’une grande humilité, courageux et respecté.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 31, 2022
Le pape Benoit XVI s’est éteint, il fut pape de 2005 à 2013, date de sa renonciation.
— Eric Ciotti (@ECiotti) December 31, 2022
Il a marqué l’histoire du siège pontifical par son érudition.
J’adresse mes condoléances aux catholiques de par le monde endeuillés par cette disparition. pic.twitter.com/k9kH5FGE8r
www.imazpress.com avec l'AFP
