Le ministre de l'Agriculture et le président du Rassemblement national sont chacun de leur côté attendus samedi dans des exploitations agricoles au moment où se multiplient les manifestations de mécontentement de la profession.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, reconduit récemment dans ses fonctions, est attendu dans l'après-midi chez un éleveur laitier du Cher pour aborder "les grands chantiers du ministère à venir et notamment celui de la simplification", selon le ministère.
Le ministre doit ensuite participer à une "réunion de travail avec les organisations professionnelles agricoles".
De son côté, le Premier ministre Gabriel Attal était samedi dans le Rhône pour prendre le pouls de la France rurale.
Quant au président du RN Jordan Bardella, il doit rencontrer des vignerons du Médoc.
Celui qui est aussi tête de liste aux élections européennes du 9 juin, a demandé vendredi à Gabriel Attal de "décréter l'état d'urgence agricole" et d'"instaurer le patriotisme économique pour protéger nos agriculteurs".
En France, comme en Allemagne, en Roumanie et en Pologne, les manifestations d'agriculteurs se multiplient depuis quelques semaines.
Un mois avant l'ouverture du Salon de l'agriculture (du 24 février au 3 mars à Paris) et à l'approche des élections européennes, le gouvernement s'inquiète que le mouvement fasse tache d'huile sur fond d'offensive d'un Rassemblement national qu'il accuse de "souffler sur les braises".
"Nous sommes comme toujours aux côtés de nos agriculteurs, lâchés par le gouvernement, passés à la moulinette de l'UE qui les submerge de normes, négocie dans leur dos des traités de libre-échange mortifères", a tweeté samedi la cheffe de file des députés RN Marine le Pen.
- "Un truc qui bout" -
Hausse des charges, retards de paiements des subventions agricoles, sentiment d'être écrasés par des normes nationales ou européennes, au nom de la transition écologique: les motifs de colère sont multiples et les actions de protestation encore localisées.
En Occitanie, les agriculteurs maintiennent la pression et continuent samedi de bloquer l'autoroute A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne), près de Toulouse, selon Bison Futé et la FDSEA du département. Les manifestants, qui tiennent le camp depuis jeudi soir, se relaient sur place, selon un représentant du syndicat agricole. Une réunion doit se tenir dans l'après -midi entre le préfet de région et une délégation d'agriculteurs.
"Le ras-le-bol des agriculteurs exprimé depuis des mois se transforme en colère partout en France", a souligné vendredi soir sur X le président de la FNSEA (syndicat agricole majoritaire) Arnaud Rousseau, précisant qu'il devait rencontrer Gabriel Attal lundi soir.
Le gouvernement doit porter prochainement un projet de loi pour favoriser la relève en agriculture. Le texte, au menu du Conseil des ministres du 24 janvier, prévoit notamment de créer un guichet unique pour accueillir les candidats à l'installation. La profession, elle, imaginait une loi plus ambitieuse.
"Il est grand temps que nos politiques qu'on alerte depuis des années prennent leurs responsabilités (...) parce que l'agriculture recule sur tous les plans en France", a déclaré sur Europe 1 samedi Arnaud Gaillot, le président de Jeunes agriculteurs, syndicat allié de la FNSEA.
Il a demandé "qu'on allège les contraintes" sur l'agriculture.
"Je ne suis pas convaincu que cela finisse sur des mouvements impressionnants, car je ne crois pas que l'engagement du gouvernement soit à côté de la plaque", a estimé auprès de l'AFP Jérémy Decerle, eurodéputé Renaissance et ancien président des Jeunes agriculteurs.
L'ancien éleveur et ex-député Renaissance Jean-Baptiste Moreau se montre, lui, plus inquiet: "Il y a un truc qui bout depuis longtemps à la base" et qui pourrait "se finir en violences".
Les préfets ont reçu pour instruction, à la demande de l'Élysée, "d'aller dès ce weekend à la rencontre des agriculteurs" et de leurs syndicats, "au plus près du terrain".
Les préfectures contactées par l'AFP ont souligné que les rendez-vous étaient pris, ou que des rencontres avaient déjà eu lieu, par exemple dans l'Eure samedi entre le préfet Simon Babre et des éleveurs de volailles lors d'un salon à Evreux.
La préfète de Meurthe-et-Moselle, Françoise Souliman, a aussi rencontré les organisations syndicales agricoles samedi matin, expliquant à l'AFP que cet échange allait "permettre de nourrir la remontée d'informations" vers Paris.
AFP


