Covid-19

Le Royaume-Uni sous la menace d'une récession historique

  • PubliĂ© le 14 avril 2020 Ă  22:24
  • ActualisĂ© le 15 avril 2020 Ă  06:04
Le chancelier de l'Échiquier Rishi Sunak lors d'une confĂ©rence de presse au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 14 avril 2020

Une rĂ©cession historique menace le Royaume-Uni en raison de la pandĂ©mie de nouveau coronavirus, a averti mardi un institut public au moment oĂč le gouvernement s'apprĂȘte Ă  prolonger le confinement, sans stratĂ©gie de sortie pour l'instant.

Avec encore 778 décÚs supplémentaires annoncés mardi et plus de 12.000 au total dans les hÎpitaux, le Royaume-Uni est l'un des pays les plus touchés en Europe. Il n'observe toujours pas de décrue permettant d'envisager rapidement un assouplissement des mesures sans précédent prises pour freiner la progression du Covid-19, qui sont trÚs douloureuses pour l'économie.

Donnant une idée du choc attendu, un organisme public a averti d'une possible chute de 13% du produit intérieur brut (PIB) en 2020 en cas de confinement de trois mois suivi de trois mois d'assouplissement progressif.

Cet effondrement de l'activité "serait bien plus élevé que les baisses annuelles observées à la fin de chaque guerre mondiale ou pendant la crise financiÚre" de 2008, prévient l'Office for Budget Responsibility (OBR).

Dans ce scénario, le PIB chuterait de 35% au deuxiÚme trimestre par rapport au premier, avant un rebond de 25% au troisiÚme puis de 20% au quatriÚme. Le taux de chÎmage est quant à lui susceptible de s'envoler jusqu'à 10%, soit deux millions de chÎmeurs en plus, avant de retomber à 7,3% fin 2020.

ConsĂ©quence de l'arrĂȘt de l'activitĂ© et des mesures de soutien massives adoptĂ©es pour limiter la casse, le dĂ©ficit public s'envolerait Ă  13,9% du PIB pour l'annĂ©e budgĂ©taire 2020-2021 (qui s'achĂšvera en mars 2021), un record depuis la Seconde guerre mondiale, selon l'OBR.

De son cÎté, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une baisse moins sévÚre, mais sans précédent depuis un siÚcle, de 6,5% du PIB en 2020, avant un rebond de 4% en 2021, selon des estimations publiées mardi.

- Sans Johnson -

Ces prĂ©visions alarmantes montrent les effets radicaux sur l'Ă©conomie britannique, dĂ©jĂ  confrontĂ©e au Brexit, du confinement dĂ©crĂ©tĂ© le 23 mars pour trois semaines initiales, alors que le gouvernement doit se prononcer jeudi sur sa prolongation. Cette dĂ©cision cruciale devrait ĂȘtre prise en l'absence du Premier ministre Boris Johnson, en convalescence aprĂšs avoir Ă©tĂ© durement frappĂ© par le virus et hospitalisĂ© en soins intensifs pendant plusieurs jours.

Sans leader fort, le gouvernement se trouve en outre sous pression pour donner des indications sur sa stratégie de sortie de crise permettant d'envisager un répit économique, alors que plusieurs pays s'y préparent déjà.

La France a Ă©voquĂ© une levĂ©e des restrictions et une rĂ©ouverture progressive des Ă©coles Ă  compter du 11 mai. L'Espagne a autorisĂ© sous conditions les travailleurs Ă  revenir dans les usines et sur les chantiers. L'Allemagne doit quant Ă  elle se prononcer mercredi. "La question n'est pas de choisir entre l'Ă©conomie et la santĂ©", a assurĂ© le ministre britannique des Finances Rishi Sunak lors de la confĂ©rence de presse quotidienne du gouvernement. "A un moment oĂč des centaines de personnes meurent tous les jours de cette terrible maladie, la prioritĂ© absolue doit ĂȘtre de mobiliser toutes nos ressources (...) dans un effort national pour battre le virus".

A ses cÎtés, un responsable des services de santé, Stephen Powis, a assuré que les bienfaits des efforts demandés "commencent à se voir" en termes de contaminations et hospitalisations, ce qui devrait se traduire par une baisse de la mortalité dans les semaines à venir. Mais "il est trÚs important de maintenir ces mesures difficiles (...) pour venir à bout de ce virus", a-t-il ajouté.

Hors des hĂŽpitaux, la situation des maisons de retraites, oĂč les dĂ©cĂšs ne sont pas comptabilisĂ©s dans les bilans quotidiens, inquiĂšte de plus en plus. Certains gestionnaires d'Ă©tablissements ont fait Ă©tat de centaines de morts et d'un manque cruel d'Ă©quipements de protection dans leur rĂ©seau.

Les personnes ùgées sont "abandonnées comme des agneaux à un massacre", a dénoncé mardi la baronne Ros Altmann, qui défend depuis des décennies les personnes ùgées et vulnérables. Dans une tribune publiée par le Daily Mail, elle évoque des "morts silencieuses cachées". Les autorités ont assuré travailler à des statistiques plus rapides mais souligné qu'il s'agissait d'un secteur "trÚs dispersé".

AFP

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