Sous la menace d'une procĂ©dure de destitution, Donald Trump a encore fait monter d'un cran la surenchĂšre verbale lundi, allant jusqu'Ă suggĂ©rer de faire arrĂȘter un Ă©lu dĂ©mocrate pour "trahison".
Le CongrĂšs, qui enquĂȘte sur les pressions exercĂ©es par le prĂ©sident amĂ©ricain sur son homologue ukrainien pour qu'il mĂšne des investigations sur Joe Biden, son possible adversaire en 2020, est passĂ© Ă la vitesse supĂ©rieure.
L'avocat personnel du locataire de la Maison Blanche, Rudy Giuliani, a reçu l'ordre de livrer des documents liĂ©s au dossier. "Votre refus ou Ă©chec Ă respecter cette injonction constituera la preuve d'une entrave Ă l'enquĂȘte de la Chambre", Ă©crivent les dĂ©mocrates dans un courrier le sommant de remettre les piĂšces d'ici le 15 octobre.
Un nouveau sondage de l'universitĂ© Quinnipiac devrait par ailleurs contribuer Ă renforcer l'inquiĂ©tude - palpable - du prĂ©sident amĂ©ricain. Il montre un bond en avant du nombre d'Ă©lecteurs qui estiment qu'il devrait ĂȘtre destituĂ©: ils Ă©taient 37% il y a une semaine, ils sont dĂ©sormais 47%, Ă Ă©galitĂ© parfaite avec ceux qui estiment qu'il ne devrait pas l'ĂȘtre.
Au milieu d'une rafale de tweets Ă la tonalitĂ© particuliĂšrement agressive, le 45e prĂ©sident des Etats-Unis s'en est pris avec virulence Ă l'Ă©lu dĂ©mocrate qui supervise cette enquĂȘte, Adam Schiff.
"Adam Schiff a fait, illĂ©galement, une dĂ©claration FAUSSE et terrible, sur mon Ă©change avec le prĂ©sident ukrainien (...) Cela n'a rien Ă voir avec ce que j'ai dit. Doit-il ĂȘtre arrĂȘtĂ© pour trahison ?", a lancĂ© M. Trump, donnant l'image d'un prĂ©sident aux abois.
Les dĂ©mocrates ont ouvert il y a six jours une enquĂȘte contre le milliardaire rĂ©publicain en vue d'une destitution. Si la Chambre, aux mains de l'opposition, vote la mise en accusation ("impeachment") du milliardaire, il reviendra ensuite au SĂ©nat, Ă majoritĂ© rĂ©publicaine, de le juger.
Donald Trump assure que son échange téléphonique estival avec Volodymyr Zelensky n'avait rien de répréhensible. "Cet appel était parfait", a-t-il martelé dans le Bureau ovale, accusant une nouvelle fois le lanceur d'alerte à l'origine de cette affaire d'avoir rapporté des éléments inexacts.
- AprĂšs l'Ukraine, l'Australie ? -
Or d'autres échanges téléphoniques pourraient venir hanter Donald Trump en renforçant les soupçons d'une utilisation de la puissance de la diplomatie américaine à des fins politiques personnelles.
Selon le New York Times, il a, lors d'un rĂ©cent Ă©change tĂ©lĂ©phonique, demandĂ© au Premier ministre australien Scott Morrison d'aider son ministre de la Justice Ă rassembler des informations qui permettraient de discrĂ©diter l'enquĂȘte du procureur spĂ©cial Robert Mueller.
Comme lors de l'échange ukrainien controversé, la Maison Blanche aurait - démarche rare - limité l'accÚs à la transcription de cet appel à un tout petit groupe de personnes.
Piqué au vif, conscient que ces développements pourraient avoir un impact sur la présidentielle qui aura lieu dans 400 jours, Donald Trump multiplie les attaques.
Ce week-end, il a retweeté les propos sur Fox News d'un prédicateur baptiste du Texas, Robert Jeffress, qui est depuis 2016 l'un de ses plus fervents partisans. "Si les démocrates réussissent à contraindre le président à quitter son poste, cela entraßnera une fracture digne de la guerre civile dont notre pays ne guérira jamais", affirmait ce dernier.
Si, dans l'ensemble, les Ă©lus rĂ©publicains font pour l'heure bloc derriĂšre lui, l'un d'eux, Adam Kinzinger, reprĂ©sentant de l'Illinois Ă la Chambre des reprĂ©sentants, a fait part de son indignation. "J'ai visitĂ© des pays ravagĂ©s par la guerre civile, Donald Trump. Je n'aurais imaginĂ© qu'une telle phrase puisse ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e par un prĂ©sident", a-t-il tweetĂ©. "C'est au-delĂ du rĂ©pugnant".
Fait remarquable, son ancien conseiller à la sécurité intérieure, Tom Bossert, a lui aussi exprimé son exaspération face aux tentatives du président et de ses proches de ressusciter une sombre théorie selon laquelle l'Ukraine, et non la Russie, auraient piraté les e-mails du parti démocrate lors de la campagne de 2016. "C'est non seulement une théorie du complot mais elle a été complÚtement démontée", a-t-il déploré sur ABC.
Les parlementaires dĂ©mocrates ont envoyĂ© vendredi leurs premiĂšres injonctions Ă comparaĂźtre, sommant notamment le chef de la diplomatie amĂ©ricaine Mike Pompeo de leur livrer des documents nĂ©cessaires Ă leur enquĂȘte.
Dans ce contexte de grande tension à Washington, l'ancien sénateur républicain Jeff Flake, farouche détracteur de Donald Trump, a appelé les élus de son parti à , enfin, donner de la voix.
"Mes amis rĂ©publicains, le temps est venu de mettre votre carriĂšre dans la balance au nom de vos principes. Que vous pensiez ou non qu'il mĂ©rite d'ĂȘtre destituĂ©, vous savez qu'il ne mĂ©rite pas d'ĂȘtre réélu", a-t-il Ă©crit dans une tribune publiĂ©e lundi dans le Washington Post. "Notre pays aura d'autres prĂ©sidents. Mais les principes, eux, ne sont pas interchangeables".
AFP



