Ils manifesteront le 5 décembre

Les enseignants, potentiels perdants de la réforme des retraites

  • PubliĂ© le 30 novembre 2019 Ă  20:24
  • ActualisĂ© le 1 dĂ©cembre 2019 Ă  07:46
Manifestation d'enseignants Ă  Marseille le 17 novembre 2016

Le gouvernement le reconnaĂźt: les enseignants pourraient faire partie des perdants de la rĂ©forme des retraites si elle ne s'accompagne pas de revalorisations salariales. Faute de garanties suffisantes, la profession s'apprĂȘte Ă  se mobiliser massivement le 5 dĂ©cembre.

Quasiment tous les syndicats ont appelé à participer au mouvement de grÚve interprofessionnel qui s'annonce trÚs suivi dans les écoles du pays et dans le monde enseignant, inquiet du futur systÚme universel de retraite.

Le chef de l'Etat lui-mĂȘme a reconnu que les enseignants seront lĂ©sĂ©s si le passage au nouveau systĂšme ne s'accompagne pas d'autres changements dans leur carriĂšre.

En effet, la future réforme prendra en compte dans le calcul des pensions l'ensemble de la carriÚre, contre les six derniers mois actuellement. En compensation, les retraites intÚgreraient les primes et indemnités.

Or "le niveau moyen des primes de la fonction publique c'est 22%, le niveau moyen des primes des enseignants c'est 9%. Celui de l'école maternelle, c'est 4%", a rappelé vendredi le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye. "Les enseignants sont pénalisés si nous appliquons sans correction le systÚme", a-t-il convenu.

"Du fait du montant plus limité de leur régime indemnitaire, le niveau de pension des enseignants se dégraderait trÚs progressivement et au fil des générations par rapport à celui des corps comparables de la fonction publique", a aussi admis Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, dans un courrier adressé en novembre aux syndicats.

La FSU a fait ses calculs: "Pour un collÚgue qui démarrerait en 2025 [date prévue de l'entrée en vigueur de la réforme], la baisse de pension équivaudrait à 900 euros par mois" par rapport aux montants actuels, indique Régis Metzger, co-secrétaire général du Snuipp, le premier syndicat du primaire.

Les pertes seraient comprises entre 300 et 600 euros pour des professeurs des écoles actuellement en fonction, selon ses simulations.

- "Du mépris" -

Actuellement, un enseignant touche en moyenne 2.600 euros brut à la retraite (2.500 euros dans le premier degré, 2.850 euros dans le second degré).

Reçus à plusieurs reprises au ministÚre avec Jean-Paul Delevoye, les syndicats enseignants ont réclamé au gouvernement "un engagement solide" sur la revalorisation des salaires.

Or, à l'issue de la derniÚre réunion, aucune annonce de mesures "sonnantes et trébuchantes" n'a été faite, a déploré le SE-Unsa, syndicat considéré comme réformiste.

Pour le moment, l'heure est au "diagnostic", fait-on valoir au ministÚre, en ne s'engageant sur aucun scénario concret de revalorisation. Cette deuxiÚme phase devrait intervenir à partir du mois de janvier, quand le projet de réforme aura été finalisé.

"Les enseignants se sentaient déjà déconsidérés, là on ressent carrément du mépris", grince Régis Metzger. "Alors que les personnels sont préoccupés par une dégradation de leurs conditions de travail, s'ajoute cette réforme qui apporte de l'inquiétude et qui est illisible: nul ne sait combien il touchera de retraite in fine".

Pour tenter de rassurer les personnels, M. Blanquer a soulignĂ© dans son courrier que la mise en place du nouveau systĂšme s'accompagnerait "d'une revalorisation salariale permettant de garantir le mĂȘme niveau de retraite pour les enseignants que pour des corps Ă©quivalents de la fonction publique".

"Cet engagement sera formalisé dans le projet de loi créant le systÚme universel", a-t-il promis. Cela n'a pas permis de dissiper les inquiétudes d'une profession qui se sent réguliÚrement malmenée et déconsidérée.

En octobre, les propos d'Emmanuel Macron avaient aussi jeté le trouble dans les rangs des professeurs quand il avait dit envisager des compensations salariales mais avait aussi évoqué une réflexion sur le temps de travail et les périodes de vacances.

Pas de quoi rendre attractive une profession déjà en mal de recrutement, préviennent les syndicats.

En toile de fond de la réforme des retraites, "il y a un vrai sujet d'attractivité du métier", reconnaßt-on au ministÚre.

 AFP

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