Liberté d'expression

Macron sur les caricatures: la France ne "va pas changer" son droit "parce qu'il choque ailleurs"

  • PubliĂ© le 16 novembre 2020 Ă  11:04
  • ActualisĂ© le 16 novembre 2020 Ă  12:09
Le président Emmanuel Macron lors du Forum sur la Paix, le 12 novembre 2020 à l'Elysée, à Paris

Emmanuel Macron a regretté lundi la relative timidité du soutien international aprÚs les derniers attentats dans le pays, et réaffirmé que la France n'allait pas "changer" son droit sur la liberté d'expression "parce qu'il choque ailleurs".

Dans un entretien publié par la revue en ligne Le Grand Continent, le chef de l'Etat relÚve que, "il y a cinq ans, quand on a tué ceux qui faisaient des caricatures (dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo, NDLR), le monde entier défilait à Paris et défendait ces droits". "Là, nous avons eu un professeur égorgé, plusieurs personnes égorgées. Beaucoup de condoléances ont été pudiques", souligne-t-il, en faisant référence à la mort du professeur Samuel Paty le 16 octobre et de trois personnes à Nice le 29.

"Et, poursuit-il, on a eu, de maniÚre structurée, des dirigeants politiques et religieux d'une partie du monde musulman,  qui a toutefois intimidé l'autre, je suis obligé de le reconnaßtre, disant: 'ils n'ont qu'à changer leur droit'. Ceci me choque (...) Je suis pour le respect des cultures, des civilisations, mais je ne vais pas changer mon droit parce qu'il choque ailleurs".

Il fait rĂ©fĂ©rence aux appels Ă  manifester contre la France et lui-mĂȘme lancĂ©s dans plusieurs pays musulmans aprĂšs ses propos dĂ©fendant le droit Ă  la caricature prononcĂ©s au cours de l'hommage national Ă  Samuel Paty. Pour Emmanuel Macron, "c'est prĂ©cisĂ©ment parce que la haine est interdite dans nos valeurs europĂ©ennes, que la dignitĂ© de la personne humaine prĂ©vaut sur le reste, que je peux vous choquer, parce que vous pouvez me choquer en retour. Nous pouvons en dĂ©battre et nous disputer parce que nous n'en viendrons jamais aux mains puisque c'est interdit et que la dignitĂ© humaine est supĂ©rieure Ă  tout".

Mais "nous sommes en train d'accepter que des dirigeants, des chefs religieux, mettent un systĂšme d'Ă©quivalence entre ce qui choque et une reprĂ©sentation, et la mort d'un homme et le fait terroriste, ils l'ont fait, et que nous soyons suffisamment intimidĂ©s pour ne pas oser condamner cela", poursuit-il. "Ne nous laissons pas enfermer dans le camp de ceux qui ne respecteraient pas les diffĂ©rences. C'est un faux procĂšs et une manipulation de l'Histoire", rĂ©agit Emmanuel Macron. De ce fait, "le combat de notre gĂ©nĂ©ration en Europe, ce sera un combat pour nos libertĂ©s. Parce qu'elles sont en train de basculer", avertit-il dans ce long entretien accordĂ© Ă  la revue Ă©ditĂ©e par le Groupe d'Ă©tudes gĂ©opolitiques, une association indĂ©pendante domiciliĂ©e Ă  l'École normale supĂ©rieure (ENS).

 AFP

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1 Commentaires
MÃ'véLang
MÃ'véLang
5 ans

Il y a 5 ans la France avait rĂ©ussi Ă  tromper le monde qui a crÃ" Ă  de la libertĂ© d'expression, aujourd'hui, ils rĂ©flĂ©chissent ne foncent plus tĂȘte baissĂ©e, ils ont compris Et ne veulent plus ĂȘtre complices des insultes.