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Madrid veut bloquer la candidature de Puigdemont comme président de Catalogne

  • PubliĂ© le 25 janvier 2018 Ă  19:44
  • ActualisĂ© le 25 janvier 2018 Ă  19:55
Le président catalan destitué Carles Puigdemont, à Bruxelles, le 24 janvier 2018

Le gouvernement espagnol a annoncĂ© jeudi qu'il allait demander Ă  la justice de bloquer la candidature de Carles Puigdemont pour ĂȘtre rĂ©tabli prĂ©sident de Catalogne, alors qu'il fait l'objet d'un mandat d'arrĂȘt depuis la tentative de sĂ©cession de la rĂ©gion.


La démarche du gouvernement a immédiatement été dénoncée par la formation du président destitué, Ensemble pour la Catalogne (JxCat). "Nous n'accepterons ni les menaces ni la coercition, a-t-elle réagi sur son compte Twitter. Le gouvernement ne respecte pas le résultat (des élections régionales) du 21 décembre", remportées par les indépendantistes.
Tous les efforts de Madrid pour barrer la route Ă  Carles Puigdemont ont conduit jusqu'Ă  prĂ©sent les sĂ©paratistes Ă  serrer les rangs derriĂšre lui, mĂȘme si l'autre grand parti indĂ©pendantiste, la Gauche rĂ©publicaine de Catalogne, critique Ă  mi-voix les manoeuvres de l'ex-prĂ©sident rĂ©fugiĂ© Ă  Bruxelles.
M. Puigdemont, qui s'est exilé en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires, a été désigné cette semaine comme seul candidat à la présidence de l'exécutif régional.
Destitué avec l'ensemble de son gouvernement aprÚs la proclamation d'une République de Catalogne le 27 octobre dernier, il se présente toujours comme le président légitime de sa région.
Il prétend reprendre son poste aprÚs la victoire des partis indépendantistes aux élections de décembre, convoquées par Madrid lors de la mise sous tutelle de la région rebelle.
Comme il fait l'objet d'un mandat d'arrĂȘt en Espagne, il envisage de se faire Ă©lire par le parlement par tĂ©lĂ©confĂ©rence ou par procuration.
Le gouvernement espagnol a promis de tout faire pour l'en empĂȘcher.
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy se prépare ainsi à "déposer un recours devant la Cour constitutionnelle contre la décision du président du parlement catalan... de proposer Carles Puigdemont comme candidat à la présidence de la Generalitat", l'exécutif catalan, a annoncé Soraya Saenz de Santamaria, numéro deux du gouvernement espagnol, lors d'une conférence de presse.
M. Rajoy a demandĂ© jeudi l'avis du Conseil d'Etat avant de dĂ©poser ce recours, peut-ĂȘtre dĂšs vendredi, a-t-elle ajoutĂ©. Si le recours est acceptĂ©, la candidature sera immĂ©diatement suspendue.
"Le fondement du recours, a-t-elle expliquĂ©, est que la situation juridique de M. Puigdemont est incompatible avec sa prĂ©sentation en personne au parlement (catalan pour ĂȘtre investi), puisqu'il fait l'objet d'un mandat d'arrĂȘt qui doit ĂȘtre exĂ©cutĂ© dĂšs qu'il revient en territoire espagnol".

- En alerte contre un retour de Puigdemont -

Le président du parlement catalan, Roger Torrent, est libre de désigner un autre candidat, a ajouté la vice-présidente.
M. Torrent réunissait jeudi le bureau du parlement pour fixer la date de la session d'investiture, qui doit s'ouvrir au plus tard le 31 décembre.
Mme Saenz de Santamaria a également annoncé que le gouvernement avait demandé au conseil d'Etat un avis sur la possibilité d'élire "un candidat qui ne soit pas présent au parlement".
Un avis favorable permettrait de demander l'annulation d'une éventuelle élection à distance.
M. Puigdemont laisse aussi encore planer le doute sur un retour clandestin en Espagne, pour se prĂ©senter au parlement en dĂ©jouant le mandat d'arrĂȘt. Le gouvernement a renforcĂ© les contrĂŽles pour l'en empĂȘcher.
"Nous allons faire en sorte qu'il ne puisse pas entrer, pas mĂȘme dans le coffre d'une voiture", ni "en hĂ©licoptĂšre, ULM ou bateau" a dĂ©clarĂ© le ministre de l'IntĂ©rieur Juan Ignacio Zoido.
La télévision régionale TV3, pro-indépendantiste, passait en boucle jeudi les images d'agents inspectant les égoûts sous le parlement catalan.

2018 AFP

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