Des organisations ont saisi la justice administrative pour contester plusieurs arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux autorisant l'utilisation de drones lors des manifestations du 1er-Mai lundi en France, et obtenu en partie gain de cause devant le tribunal administratif de Rouen, a-t-on appris dimanche auprĂšs de l'avocat des requĂ©rants.
L'arrĂȘtĂ© du prĂ©fet de Seine-Maritime autorisant les forces de l'ordre Ă surveiller Ă l'aide de drones le dĂ©filĂ© prĂ©vu au Havre a Ă©tĂ© partiellement suspendu dimanche soir par le tribunal administratif de Rouen, selon la dĂ©cision consultĂ©e par l'AFP.
Le tribunal Ă©tait saisi en rĂ©fĂ©rĂ© (urgence) par l'Association de dĂ©fense des libertĂ©s constitutionnelles (Adelico) et le Syndicat des avocats de France (SAF), qui demandaient la suspension de cet arrĂȘtĂ© qu'ils qualifient d'"illĂ©gal", a indiquĂ© leur avocat, Me Jean-Baptiste Soufron.
Dans son ordonnance, le juge des rĂ©fĂ©rĂ©s estime que l'autorisation accordĂ©e par l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral est "de nature Ă concourir Ă la sĂ©curitĂ© de la manifestation", alors que "des troubles Ă l'ordre public ont Ă©tĂ© commis" lors de prĂ©cĂ©dentes mobilisations contre la rĂ©forme des retraites au Havre, oĂč par ailleurs un "village militant" est organisĂ© en rĂ©ponse Ă la tenue d'une rĂ©union du Rassemblement national (RN).
Le juge considÚre toutefois que le survol par drones, autorisé dans "une large zone" et jusqu'à huit heures aprÚs le départ du cortÚge, "excÚde dans le temps et l'espace la nécessité d'assurer la sécurité de la manifestation du 1er mai", et porte ainsi "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'aller et venir et au droit au respect de la vie privée".
L'exĂ©cution de l'arrĂȘtĂ© est donc totalement suspendue dans certaines rues et "aprĂšs 14 heures" dans le reste du pĂ©rimĂštre de survol.
La préfecture de Seine-Maritime s'est elle félicitée dans un communiqué de la "validation" par la justice du "recours à deux drones".
Trois recours similaires ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s par l'Adelico et le SAF contre les arrĂȘtĂ©s pris par les prĂ©fets du RhĂŽne, de Gironde et de Paris pour contester, selon Me Soufron, "l'absence de publication des rĂšgles d'utilisation des drones, qui se traduit par des pĂ©rimĂštres trop larges et des durĂ©es trop longues", assurant que la Cnil, autoritĂ© indĂ©pendante qui veille Ă la vie privĂ©e des Français, n'avait pas donnĂ© son "avis".
Le ministÚre de l'Intérieur a précisé à l'AFP avoir bien "rédigé une doctrine d'emploi" des drones.
"Aucune disposition du code de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure ne conditionne la lĂ©galitĂ© des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux +drones+ Ă l'existence ni Ă la transmission de cette doctrine Ă la Cnil", a prĂ©cisĂ© le ministĂšre.
A Lyon, la requĂȘte en rĂ©fĂ©rĂ© a Ă©tĂ© rejetĂ©e au motif qu'il n'y avait "pas d'urgence", a prĂ©cisĂ© l'avocat des organisations.
Les deux autres requĂȘtes seront examinĂ©es lundi matin, Ă 8h00 par le tribunal administratif de Bordeaux et Ă 9h00 par celui de Paris, a-t-il ajoutĂ©.
Un recours contre le dĂ©cret autorisant l'usage des drones par les forces de l'ordre, publiĂ© le 20 avril au Journal officiel, doit par ailleurs ĂȘtre examinĂ© le 15 mai par le Conseil d'Etat, selon Me Soufron.
AFP
