Le PLR condamne cette décision

Nouvelle-Calédonie : des responsables indépendantistes bientôt incarcérés dans l'Hexagone, stupeur de leurs avocats

  • Publié le 23 juin 2024 à 05:00
  • Actualisé le 23 juin 2024 à 10:16

Plusieurs militants indépendantistes calédoniens, dont Christian Tein, le chef de la CCAT, soupçonné d'avoir orchestré les émeutes en Nouvelle-Calédonie, vont être placés en détention provisoire dans l'Hexagone, ont annoncé samedi leurs avocats qui se sont dits "abasourdis". A La Réunion, dans un communiqué publié samedi soir le PLR "s'insurge" contre cette décision et demande "demande la libération immédiate des indépendantistes" ainsi que "la reprise d’un dialogue apaisé avec l’ensemble des parties prenantes"

Ces décisions ont été prises par un juge des libertés et de la détention (JLD), appelé à se prononcer sur le sort des 11 personnes interpellées mercredi, dont M. Tein, considéré comme le dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT).

Le procureur Yves Dupas a confirmé à l'AFP des "affectations en métropole", sans plus de précision à l'issue de ces comparutions à huis clos devant le JLD à Nouméa.

Les chefs de mise en examen n'ont pas été précisés. L'enquête vise notamment des faits d'association de malfaiteurs, vols avec armes en bande organisée, complicité par instigation de meurtres ou tentatives de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique.

- Procédures "exceptionnelles" -

M. Tein doit être incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin) selon son conseil, Me Pierre Ortent, qui a fait part de sa "stupeur". "Personne ne détenait l'information au préalable que la destination serait la métropole. Ce sont des procédures parfaitement exceptionnelles par rapport au territoire", a-t-il insisté, ajoutant ne "pas avoir d'informations quant à la date exacte du transfert" dans l'Hexagone.

Une autre mise en cause, Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, doit être placée en détention à Dijon, selon son avocat, Me Thomas Gruet, qui s'est dit "extrêmement choqué et abasourdi".

Mère de trois enfants, dont le plus jeune a 4 ans, cette militante "qui n'a jamais appelé à la violence", va être séparée de sa famille et est "anéantie", a-t-il souligné. Pour Me Gruet, "toutes les erreurs dans la gestion de la crise ont été commises de la part de l'institution judiciaire", qui a "répondu à des considérations uniquement politiques".

Quant à Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, elle doit être incarcérée à Riom, près de Clermont-Ferrand, selon son avocate, Me Christelle Affoué, qui dénonce "une décision parfaitement choquante et éprouvante".

- "Martyrs de la cause" -

"S'il s'agissait d'en faire des martyrs de la cause indépendantiste, on ne s'y prendrait pas autrement", a commenté Me Stéphane Bonomo, avocat d'un autre mis en cause, Gilles Joredie.

Joël Tjibaou, un des fils de Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS assassiné en 1989, sera lui fixé sur son sort mardi au plus tard, a indiqué son avocate Me Claire Ghiani. En attendant, il a été placé en détention à Nouméa.

Arrivés au palais de justice de Nouméa samedi peu avant 7h (heure locale), les 11 interpellés ont pu, pour certains d'entre eux, apercevoir quelques instants leurs proches venus les soutenir.

La femme de Christian Tein a éclaté en sanglots après avoir pu embrasser son mari, a constaté une journaliste de l'AFP. L'avocat de Brenda Wanabo est revenu peu avant minuit avec une grande valise rose contenant quelques affaires pour sa cliente, avant son départ pour l'Hexagone.

Ces décisions interviennent six semaines après le début des violences qui agitent le territoire français du Pacifique Sud, les plus graves depuis celles des années 1980.

Nourries par le vote d'un projet de loi constitutionnel visant à élargir le corps électoral calédonien pour le scrutin provincial prévu fin 2024, ces émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts considérables, d'un coût estimé à 1,5 milliard d'euros, selon le dernier bilan.

Le projet de loi ayant mis le feu aux poudres a cependant été "suspendu" le 12 juin par Emmanuel Macron, dans la foulée de la dissolution de l'Assemblée nationale.

- A La Réunion, le PLR condamne "la déportation" -

Dans une lettre aux Calédoniens publiée mardi, M. Macron a exigé "la levée ferme et définitive de tous les barrages" dans l'archipel et "la condamnation des violences sans faux-semblants". La situation "demeure inadmissible et ceux qui l'ont encouragée devront répondre de leurs actes", avait insisté le chef de l'Etat, qui s'était rendu sur place le 23 mai pour une visite express.

La décision d'incarcérer M. Tein "à 17.000 kilomètres de sa famille" est une "aliénation de ses droits et une grossière et dramatique erreur politique", a jugé samedi sur X (ex-Twitter) le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Dans un communiqué publié samedi soir le PLR (Pour La Réunion) "s’insurge contre la décision de placement en détention provisoire et d’incarcération" dans des maisons d'arrêt de l'Hexagone des trois "défenseurs de la cause indépendantiste".

Le parti dirigé par Huguette Bello, présidente de Région, commente ensuite : "la France d’aujourd’hui renoue avec les méthodes coloniales de relégation, tels que le bannissement, la séparation d’avec la famille, la déportation dans un autre territoire, des leaders et opposants qui ne répondent pas aux attentes de la France et résistent à la colonisation de leur pays".

Le PLR termine en demandant "la libération immédiate des indépendantistes et la reprise d’un dialogue apaisé avec l’ensemble des parties prenantes en renouant avec l’esprit des accords de Nouméa pour la construction d’un avenir commun".

Lire aussi - Le PLR demande la libération immédiate des indépendantistes de Nouvelle Calédonie

www.imazpress.com avec l'AFP

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4 Commentaires
Max
Max
8 mois

Ça va Peter
Le gouvernement ne connaît pas l’outre-mer et refait les mêmes erreurs comme en Algérie, à Madagascar

payet
payet
8 mois

mais quelle bande de C...! ils font tout pour detruire la france! entre macron et le pen c est le jeu du plus nul? etre juge et procureur et decider cela c est vraiment etre payé à détruire le syteme. honte à la justice! nouveau front populaire vaincra!

Missouk
Missouk
8 mois

Pour remettre le feu sur l'île, rien de tel... Macron est décidément rancunier !

Didier
Didier
8 mois

A bas le pouvoir anti ouvrier et colonialiste français !

En 1926, le dirigeant indépendantiste marocain Muhammad Ibn ‘Abd al-Krim al-Khattabi est exilé à La Réunion après avoir combattu pendant des années les colonialistes français (éloignement à 8800 km) pour libérer son pays de l'occupant.
La bourgeoisie française effrayée par la prise du pouvoir par la classe ouvrière parisienne lors de la Commune de Paris de 1871 (du 18 mars au 21 mai 1971) massacre 20 000 ouvriers insurgés et en condamne 6000 à l'exil, dont 3000 en Nouvelle Calédonie (éloignement à 16 700 km).
En éloignant les dirigeants indépendantistes kanakes aujourd'hui à la même distance de leur lieu de vie que les communards, la bourgeoisie colonialiste française montre qu'elle n'a en aucune manière changé.
Elle a une peu bleu de la révolte des prolétaires et des peuples qu'elle opprime et ne connait qu'une seule réponse : les massacres et la répression la plus impitoyable pour maintenir son emprise sur la société et pour la perpétuation de ses profits !
Macron, le premier porte parole actuel de la bourgeoisie français en est le plus "bel" exemple avec sa morgue et son mépris affiché des exploités nationaux et colonisés !