NuclĂ©aire : l'Iran fait monter la tension avant des pourparlers avec les Etats-Unis

  • PubliĂ© le 12 juin 2025 Ă  14:45
  • ActualisĂ© le 12 juin 2025 Ă  18:03
Une photo fournie par le bureau du guide suprĂȘme iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le montre saluant les fidĂšles et responsables Ă  l'occasion du 36e anniversaire de la mort de l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, Ă  TĂ©hĂ©ran le 4 juin 2025

L'Iran a annoncé coup sur coup jeudi la prochaine construction d'un nouveau site d'enrichissement et une augmentation "significative" de sa production d'uranium enrichi, exacerbant les tensions sur son programme nucléaire avant des pourparlers avec les Etats-Unis dimanche.

Dans le mĂȘme temps, des mĂ©dias amĂ©ricains, dont le New York Times et NBC News, ont rapportĂ© qu'IsraĂ«l, proche alliĂ© des Etats-Unis, semblait prĂ©parer une attaque imminente contre l'Iran, son ennemi jurĂ©.

Les annonces iraniennes ont été faites peu aprÚs l'adoption par le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne d'une résolution condamnant l'Iran pour "non-respect" de ses obligations nucléaires.

L'enrichissement d'uranium est la principale pierre d'achoppement dans les discussions entre Téhéran et Washington, menées via une médiation d'Oman, visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie du pays.

L'Iran est le seul Etat non dotĂ© d'armes nuclĂ©aires Ă  enrichir de l'uranium au niveau Ă©levĂ© de 60%, selon l'AIEA. Pour fabriquer une bombe atomique, l'enrichissement doit ĂȘtre poussĂ© jusqu'Ă  90%.

Les Occidentaux et Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique. Téhéran dément en défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

"Les ordres nécessaires ont été donnés par le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) pour lancer un nouveau centre d'enrichissement dans un endroit sécurisé", ont indiqué le ministÚre des Affaires étrangÚres iranien et l'OIEA.

"Nous remplaçons toutes (les) machines de premiÚre génération par des machines avancées de sixiÚme génération" à l'usine d'enrichissement nucléaire de Fordo, au sud de Téhéran, a ensuite déclaré Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'OIEA, ajoutant que cela signifiait que la production "de matiÚre enrichie augmentera de maniÚre significative".

- "Menace imminente" -

Israël a dans la foulée appelé la communauté internationale à "une réponse décisive" contre Téhéran, dont les actes constituent selon lui "une menace imminente pour la sécurité et la stabilité"internationales.

L'Etat israélien, qui considÚre le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle, a maintes fois averti qu'il pourrait attaquer les sites nucléaires en Iran.

L'Iran a averti qu'il répondrait à toute frappe israélienne contre ses sites nucléaires en ciblant les "installations nucléaires secrÚtes" d'Israël.

Mercredi, il a aussi menacé de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit consécutif à un éventuel échec des négociations avec Washington.

Le président Donald Trump a confirmé le déplacement de membres du personnel américain dans la région, qui pourrait devenir "un endroit dangereux".

Un responsable américain a déclaré que les effectifs de l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad avaient été réduits pour raisons de sécurité. Washington a aussi décidé de restreindre les déplacements en Israël des employés du gouvernement américain et de leurs familles.

A Vienne, la résolution élaborée par Londres, Paris et Berlin (membres du groupe dit E3) associés à Washington, a été approuvée par 19 pays sur 35, selon des sources diplomatiques.

Elle appelle Téhéran à "remédier d'urgence au non-respect" des engagements pris en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). En l'état, l'AIEA, une instance onusienne, "n'est pas en mesure de garantir que le programme nucléaire iranien est exclusivement pacifique".

Malgré cette escalade, le chef de la diplomatie omanaise, Badr Albusaidi, a déclaré sur X que "le 6e cycle de négociations entre l'Iran et les Etats-Unis se tiendra à Mascate dimanche 15" juin, confirmant une annonce iranienne en ce sens.

- "Mieux sans guerre" -

Washington et Téhéran, qui n'ont pas de relations diplomatiques depuis 1980, tentent depuis avril de s'entendre, aprÚs le retrait en 2018 des Etats-Unis, sous le premier mandat de Donald Trump, de l'accord nucléaire conclu en 2015 entre les puissances internationales et l'Iran.

Dans un podcast du New York Post, enregistrĂ© lundi et diffusĂ© mercredi, M. Trump a dit ĂȘtre "beaucoup moins confiant (qu'auparavant) de parvenir Ă  un accord", avec l'Iran.

Le président américain, qui a plusieurs fois menacé de s'en prendre militairement à l'Iran en cas d'échec de la diplomatie, a toutefois dit que "ce serait mieux sans guerre".

Les Etats-Unis exigent que l'Iran renonce totalement à l'enrichissement d'uranium, ce que Téhéran refuse, affirmant en avoir le droit en vertu du TNP dont il est signataire.

AprÚs le retrait unilatéral de Washington de l'accord de 2015 et le rétablissement des sanctions américaine contre l'Iran, ce pays s'est, en représailles, affranchi de certaines obligations, accélérant notamment l'enrichissement d'uranium.

L'accord de 2015 fixait la limite de l’enrichissement à 3,67%.

AFP

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