Des cellules de cordon ombilical permettent dĂ©jĂ de sauver la vie de patients atteints de maladies du sang, mais l'intĂ©rĂȘt d'une conservation Ă des fins personnelles, comme l'ont obtenue de futurs parents Ă Grasse (Alpes-Maritimes), est Ă ce stade encore loin d'ĂȘtre dĂ©montrĂ©.
- Qu'est-ce que le sang de cordon ? -
Le sang de cordon est le sang présent dans le placenta et le cordon ombilical. Il est trÚs intéressant du point de vue médical parce qu'il contient des cellules souches hématopoïétiques qui produisent les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs ou plaquettes). Des cellules que l'ont retrouve dans la moelle osseuse.
Depuis la premiÚre greffe de cordon au monde, réalisée en France en 1988, la technique permet de traiter des maladies graves du sang (leucémies, lymphomes) ainsi que des maladies sanguines héréditaires de l'hémoglobine (drépanocytose, thalassémie) et d'autres affections, plus rares. Elle constitue une alternative à la greffe de moelle osseuse lorsque le malade ne trouve aucun donneur compatible ou qu'une premiÚre greffe à échoué.
- Pourquoi utilise-t-on le sang de cordon ? -
Les cellules immunitaires plus immatures contenues dans le sang de cordon sont plus facilement acceptées par le corps du malade que les cellules de la moelle osseuse. L'utilisation du sang de cordon a d'abord été restreinte aux enfants, mais on greffe aujourd'hui de plus en plus d'adultes, notamment en cas de leucémies aiguës.
En 2015, 126 greffes de sang de cordon ont Ă©tĂ© effectuĂ©es, selon l'Agence de la biomĂ©decine qui supervise le don et la greffe de sang de cordon. Le chanteur Mathias Malzieu, leader du groupe Dionysos a lui-mĂȘme bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une telle greffe, Ă la suite de la dĂ©couverte en 2013 d'une aplasie mĂ©dullaire idiopathique, une maladie rare de la moelle osseuse.
- Comment obtient-on du sang de cordon ? -
Les femmes sont invitĂ©es Ă donner ce produit sanguin Ă l?occasion de la naissance de leur enfant, mais ce don est "anonyme et gratuit" et ne peut ĂȘtre utilisĂ© qu'Ă "des fins scientifiques ou thĂ©rapeutiques", prĂ©cise l'Agence de biomĂ©decine.
La loi Leonetti relative Ă la bioĂ©thique prĂ©voit que, "par dĂ©rogation, le don peut ĂȘtre dĂ©diĂ© Ă l'enfant nĂ© ou aux frĂšres ou s?urs de cet enfant en cas de nĂ©cessitĂ© thĂ©rapeutique avĂ©rĂ©e et dĂ»ment justifiĂ©e lors du prĂ©lĂšvement". On a parlĂ© Ă cette occasion de "bĂ©bĂ© mĂ©dicament".
- Qui peut conserver le sang de cordon en France ? -
Cette conservation n?est autorisée en France que pour soigner d'autres patients, de façon anonyme et gratuite, dans des banques autorisées à conserver ces préparations de thérapie cellulaire (constituant le Réseau français de sang placentaire ou RFSP). Le RFSP compte aujourd'hui 28 maternités et 11 banques.
Tous les prĂ©lĂšvements ne sont pas Ă©ligibles pour la greffe. Seules les poches de sang assez riches en cellules souches et exemptes de marqueurs infectieux, peuvent intĂ©grer une de ces banques et y ĂȘtre conservĂ©es indĂ©finiment. Les autres peuvent ĂȘtre utilisĂ©es pour la recherche.
- Y a-t-il un intĂ©rĂȘt Ă conserver le sang de cordon de son enfant pour le soigner plus tard ? -
Certaines sociétés privées étrangÚres ont commencé à proposer à des parents de conserver le sang placentaire de leur enfant, moyennant finances, dans la perspective d?une éventuelle utilisation future. Mais le bénéfice pour l?enfant d?un recours à une greffe autologue (utilisant ses propres cellules souches) n?est absolument pas avéré scientifiquement, selon divers spécialistes.
"C'est actuellement sans fondement scientifique et donc inutile" souligne l'Agence de la biomédecine sur son site.
"Ca n'a pas de sens mĂ©dicalement parlant", relĂšve de son cĂŽtĂ© le Pr Luc Douay, professeur d'hĂ©matologie Ă l'UniversitĂ© Pierre et Marie Curie Ă Paris. Il ajoute qu'utiliser le sang de cordon d'un enfant malade du sang, gĂ©nĂ©ralement depuis sa naissance, revient "Ă lui introduire la mĂȘme maladie". C'est Ă©galement le cas lorsqu'un enfant est atteint d'une maladie gĂ©nĂ©tique. "Ici aussi il faut utiliser des cellules issues d'un donneur qui ne porte par l'anomalie", note-t-il.
Par Safa MAJEED - © 2016 AFP
