Le champion de la gauche américaine Bernie Sanders s'est clairement rallié lundi à la candidature de son ex-rival dans les primaires démocrates, le modéré Joe Biden, avec un objectif assumé: battre Donald Trump, le "président le plus dangereux de l'histoire moderne".
Le sĂ©nateur indĂ©pendant, 78 ans, qui avait renoncĂ© mercredi Ă briguer l'investiture dĂ©mocrate pour la prĂ©sidentielle du 3 novembre, avait dĂ©jĂ dit qu'il travaillerait avec Joe Biden, 77 ans, "un homme trĂšs respectable". Il a franchi lundi un pas supplĂ©mentaire en apportant explicitement son soutien Ă la campagne de l'ancien vice-prĂ©sident de Barack Obama et en appelant tous les AmĂ©ricains Ă faire de mĂȘme.
Dans une démonstration d'unité, les deux septuagénaires, filmés séparément en raison du nouveau coronavirus, sont apparus cÎte à cÎte sur une vidéo diffusée en direct sur internet.
"Aujourd'hui, je demande à tous les Américains -- tous les démocrates, indépendants, et de nombreux républicains -- de se rassembler dans cette campagne et de défendre votre candidature, que je soutiens", a déclaré Bernie Sanders, dont certains partisans ont exprimé des réserves sur le programme de Joe Biden qu'ils jugent trop tiÚde.
Le but ? "Vaincre quelqu'un qui, je crois -- et je parle seulement pour moi maintenant -- est le président le plus dangereux de l'histoire moderne de ce pays". Ce ralliement contraste avec ses réticences à soutenir la candidature d'Hillary Clinton aprÚs qu'elle l'eut battue dans les primaires démocrates de 2016. Les atermoiements de Bernie Sanders avaient sérieusement affaibli la campagne de l'ancienne secrétaire d'Etat.
Joe Biden qui a remporté une série de nettes victoires dans les primaires démocrates avant l'irruption du coronavirus, s'est dit "profondément reconnaissant" de ce soutien.
"Vous avez placĂ© les intĂ©rĂȘts de la Nation et le besoin de battre Donald Trump au-dessus de tout", a-t-il dit Ă Bernie Sanders. "Comme vous dĂźtes, ce n'est pas +moi+ mais +nous+", a-t-il ajoutĂ© en rĂ©fĂ©rence au slogan du sĂ©nateur du Vermont, plaçant sa campagne sous le signe de l'unitĂ©.
- "Mur de briques" -
Joe Biden s'est ensuite directement adressĂ© aux partisans de Bernie Sanders, particuliĂšrement populaire chez les jeunes. "Je vous vois, je vous entends, je comprends l'urgence de ce qui doit ĂȘtre fait pour ce pays et j'espĂšre que vous vous joindrez Ă nous", leur a-t-il lancĂ©.
Joe Biden a ajoutĂ© que les deux hommes allaient crĂ©er des groupes de travail communs, notamment sur le changement climatique, la santĂ© ou le financement des Ă©tudes supĂ©rieures, des thĂ©matiques sur lesquelles son rival avait fait des propositions nettement plus Ă gauche. "C'est la preuve que, mĂȘme si Bernie Sanders n'est pas sur les bulletins de vote en novembre, son programme le sera", a commentĂ© l'Ă©quipe de campagne de Donald Trump qui reproche rĂ©guliĂšrement Ă Bernie Sanders d'ĂȘtre un "socialiste", un terme marquĂ© trĂšs Ă gauche aux Etats-Unis oĂč il garde des relents de Guerre froide.
Pour Brad Parscale, qui dirige la campagne du prĂ©sident rĂ©publicain, il n'existe "pas d'enthousiasme" autour de la candidature de Joe Biden, alors que les partisans de Donald Trump seraient selon lui "prĂȘts Ă passer au travers d'un mur de briques pour" le soutenir.
Joe Biden devrait ĂȘtre dĂ©signĂ© officiellement candidat lors d'une convention dĂ©mocrate le 17 aoĂ»t. Il s'agira du point d'orgue d'une campagne pour l'investiture dĂ©mocrate qui avait dĂ©marrĂ© avec un nombre inĂ©dit de candidats, affichant une diversitĂ© record.
AprÚs des débuts difficiles, le vétéran de la politique américaine s'était imposé sur ses concurrents notamment grùce au soutien des électeurs noirs et des ouvriers. Un à un, ses rivaux avaient jeté l'éponge pour se rallier à sa candidature. Seule la sénatrice Elizabeth Warren n'a pas encore franchi ce pas.
Les démocrates attendent également une prise de parole de l'ancien président Barack Obama qui s'est gardé d'intervenir dans la campagne jusqu'ici. Celle-ci est mise en sourdine depuis un mois en raison de la pandémie de Covid-19, qui a mis un terme à tous les meetings, réunions publiques et autre porte-à -porte. Donald Trump reste lui trÚs visible pendant la crise, dont l'impact électoral est toutefois incertain.
AFP

