La Colombie et la guérilla de l'ELN, en pourparlers de paix depuis une semaine, ont annoncé jeudi "un premier accord" sur la participation de la société civile ainsi que sur des mesures humanitaires pour parvenir à un "cessez-le-feu bilatéral".
"Nous voulons avancer (...) vers un cadre oĂč les conditions sont rĂ©unies pour convenir d'un cessez-le-feu et des hostilitĂ©s avec l'ELN", a dĂ©clarĂ© Juan Camilo Restrepo, chef nĂ©gociateur du gouvernement colombien, lors d'une confĂ©rence de presse Ă Quito. Ces pourparlers, dĂ©localisĂ©s dans la capitale de l'Equateur, visent Ă mettre fin Ă plus de 52 ans de confrontation armĂ©e.
"Nous sommes en train de trouver une voie commune. (...) C'est un bon début", a ajouté Pablo Beltran, chef de la délégation de l'Armée de libération nationale (ELN), derniÚre guérilla active de Colombie, inspirée de la révolution cubaine. "Nous allons commencer à chercher un cessez-le-feu bilatéral".
Les délégations "ont travaillé depuis le 8 février, dans un cadre de compréhension et d'attitude constructive qui nous a amenés à un premier accord", ont-elles déclaré dans leur premier communiqué conjoint depuis le début des négociations.
Les parties ont convenu d'installer deux sous-groupes "qui vont travailler, simultanément" avec la table principale des négociations, sur "les thÚmes de la participation de la société à la construction de la paix, et d'actions humanitaires".
Ces actions humanitaires ont pour but de "diminuer l'intensité du conflit armé (...) afin que nous puissions avancer (...) vers un cessez-le-feu bilatéral", a ajouté le chef négociateur du gouvernement du président Juan Manuel Santos, prix Nobel de la Paix 2016 pour ses efforts de pacification.
- "Paix complĂšte" -
Peu avant, le gouvernement avait dénoncé une attaque à l'explosif attribuée à l'ELN, survenue mardi et dans laquelle deux soldats ont été blessés, sur la route entre Bogota et Villavicencio (sud-est).
Pour M. Restrepo, "chaque attentat (...) éloigne, au lieu de rapprocher, complique au lieu de faciliter l'accÚs à un cessez-le-feu et des hostilités, qui est souhaitable".
"Ces actions, comme celle d'hier, ne devraient pas se produire" mais "ce sont les rĂšgles du jeu" de nĂ©gocier en plein conflit, a rĂ©agi le commandant guĂ©rillero Pablo Beltran, disant espĂ©rer "qu'Ă l'avenir, Ă©tant donnĂ©e cette possibilitĂ© d'un cessez-le-feu, elles ne se produisent plus". La Colombie est confrontĂ©e a une guerre fratricide qui, au fil des dĂ©cennies, a impliquĂ© une trentaine de rĂ©bellions d'extrĂȘme gauche, des paramilitaires d'extrĂȘme droite et les forces de l'ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de dĂ©placĂ©s.
Par ce nouveau processus engagé avec l'ELN, M. Santos entend parvenir à une "paix complÚte", aprÚs l'accord signé en novembre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), principale guérilla du pays qui doit déposer les armes d'ici six mois.
Les nĂ©gociations ont Ă©tĂ© officiellement lancĂ©es le 7 fĂ©vrier dans les environs de Quito, oĂč elles ont formellement dĂ©butĂ© le lendemain. La premiĂšre session est prĂ©vue pour 45 jours en Equateur.
Elles devraient ensuite se poursuivre dans les quatre autres pays latino-américains garants du dialogue: Brésil, Cuba, Chili et Venezuela, auxquels s'ajoute un cinquiÚme pays, la NorvÚge. Pablo Beltran a précisé jeudi que cinq nouveaux pays européens se sont engagés à accompagner le processus: l'Allemagne, l'Italie, la SuÚde, la Suisse et les Pays-Bas, ajoutant que le groupe "n'est pas fermé".
M. Restrepo a soulignĂ© que le sous-groupe sur la participation de la sociĂ©tĂ© civile a pour but de "permettre d'aboutir Ă des propositions concrĂštes de modernisation, de plus de justice, de plus de progrĂšs", l'une des principales revendications de l'ELN. InterrogĂ© sur l'assassinat d'au moins 17 leaders d'associations depuis le 1er dĂ©cembre, il s'est dit prĂ©occupĂ© par "cette vague d'attentats" et a assurĂ© que "des mesures trĂšs sĂ©vĂšres sont en train d'ĂȘtre prises par le gouvernement (...) pour traduire en justice tant les auteurs matĂ©riels que les auteurs intellectuels".
AFP
