Au 26e jour de guerre

Premières évacuations depuis Gaza, Israël bombarde un camp de réfugiés palestiniens

  • Publié le 2 novembre 2023 à 02:58
  • Actualisé le 2 novembre 2023 à 06:24

Des centaines de blessés palestiniens et d'étrangers ont été évacués mercredi de la bande de Gaza, bombardée sans répit par l'armée israélienne qui a frappé comme la veille le plus grand camp de réfugiés du territoire.

Au 26e jour de cette guerre déclenchée par l'attaque sanglante perpétrée par le Hamas en Israël, un nouveau bombardement israélien a fait "des dizaines" de morts, selon le mouvement islamiste palestinien, dans le camp de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza. Ce bilan était invérifiable dans l'immédiat.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "atterré" par les bombardements sur ce camp très densément peuplé, où vivent 116.000 réfugiés.

Pour le Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, ces bombardements pourraient constituer "des crimes de guerre", "compte-tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l'ampleur des destructions".

"Israël prétend (...) qu'il y a des tunnels et des armes ici. Ils ont frappé un quartier résidentiel plein de jeunes et de personnes âgées. (...) Il n'y a pas de résistance (de combattants du Hamas, ndlr)", a témoigné un habitant du camp, Abdul Issa Massoud, âgé de 30 ans.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis la "victoire" contre le Hamas, tandis que les combats se poursuivent dans le nord de la bande de Gaza entre soldats israéliens et combattants islamistes. Le Hamas a le choix entre "mourir ou se rendre sans condition", a déclaré mercredi le ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Rare éclaircie depuis le début de la guerre le 7 octobre, une première opération d'évacuation a permis à 76 blessés palestiniens et 335 étrangers et binationaux, selon un responsable égyptien, de quitter la bande de Gaza pour l'Egypte.

Les blessés ont été les premiers à passer par le poste-frontière de Rafah, l'unique ouverture possible de la bande de Gaza sur le monde, avant l'évacuation de binationaux et d'étrangers, dont des Italiens, des Français et des Autrichiens.

- "Pas un morceau de pain" -

"Nous manquons des besoins humains les plus élémentaires (...). Depuis quatre jours, nous n'avons pas pu donner un morceau de pain à cet enfant", a déclaré à l'AFP Rafik al-Helou, un habitant de Gaza qui patientait, en famille, du côté palestinien.

Les télévisions égyptiennes ont diffusé des images de femmes, d'enfants et d'hommes âgés descendant de bus. Des secouristes égyptiens ont transporté les blessés sur des brancards vers les ambulances.

Ces évacuations ont été rendues possibles par un accord mis en oeuvre entre l'Egypte, le Hamas et Israël, obtenu après une médiation du Qatar et en coordination avec les Etats-Unis, selon une source diplomatique.

La bande de Gaza, dirigée depuis 2007 par le Hamas, est soumise depuis le 9 octobre par Israël à un "siège complet" qui prive sa population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. La situation humanitaire est jugée catastrophique pour ses 2,4 millions d'habitants.

"L'attention ne doit pas se détourner des besoins encore plus grands" de milliers de malades "dont la santé est trop précaire pour être évacués", a averti l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Mercredi, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que 16 hôpitaux n'étaient plus opérationnels, sur les 35 que compte le territoire, selon l'OMS.

Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l'hôpital al-Shifa à Gaza, le plus grand du territoire, a lancé un "dernier appel", prévenant que le générateur principal risquait de s'arrêter faute de carburant. "Si ce générateur s'arrête, la prochaine annonce sera la mort de bébés dans les couveuses, la mort de malades sous respirateurs, en soins intensifs et dans les salles d'opération", a-t-il lancé.

- 15 soldats israéliens tués -

Une cinquantaine de camions transportant des médicaments et de la nourriture sont arrivés mercredi dans la bande de Gaza, soit un total de plus de 290 camions chargés d'aide depuis le 21 octobre, selon un responsable palestinien à Rafah. Mais l'ONU insiste sur la nécessité d'une aide beaucoup plus massive.

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) "restera avec les Palestiniens à Gaza", a promis son directeur, Philippe Lazzarini, qui s'est rendu mercredi à Gaza.

Dans la bande de Gaza, près de 8.800 personnes, dont 3.648 enfants, ont été tuées depuis le 7 octobre dans les bombardements israéliens, selon le Hamas. Plus de 2.000 personnes sont portées disparues sous les décombres, d'après la même source.

Selon les autorités israéliennes, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, en majorité des civils et la plupart le jour de l'attaque du Hamas, d'une ampleur et d'une violence inédites depuis la création d'Israël en 1948.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé mercredi Israël de commettre "des massacres" à Gaza et affirmé que la région ne connaîtrait pas de stabilité si les Palestiniens n'obtenaient pas leur "indépendance".

Après une première phase de sa riposte axée sur les bombardements massifs, Israël a aussi entrepris, depuis le 27 octobre, d'envoyer un nombre grandissant de chars et de soldats dans le nord de la bande de Gaza, où des combats féroces l'opposent, au milieu des ruines, aux combattants du Hamas.

Mercredi, l'armée israélienne a annoncé la mort de 15 soldats depuis la veille, portant à 330 le nombre de ses soldats morts dans cette guerre.

Des sirènes d'alerte aux roquettes ont une nouvelle fois retenti à Tel-Aviv et des bruits d'explosions ont été entendus par un journaliste de l'AFP.

- Craintes d'embrasement -

Dans le territoire palestinien, selon les autorités israéliennes, au moins 240 otages sont toujours aux mains du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Mercredi, le Hamas a affirmé que sept otages, "dont trois détenteurs de passeports étrangers", avaient été tués la veille dans le premier bombardement sur le camp de Jabaliya, qui a fait des dizaines de morts.

Ce bombardement a été qualifié de nouvelle "atrocité" par le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths. Il a permis selon Israël d'"éliminer" un haut dirigeant du Hamas, Ibrahim Biari.

Alors que chaque jour apporte ses craintes d'un embrasement régional, la Jordanie a annoncé le rappel "immédiat" de son ambassadeur en Israël en dénonçant "la guerre israélienne continue à Gaza qui tue des innocents et provoque une catastrophe humanitaire sans précédent".

Ankara, la Turquie et l'Iran ont appelé à la convocation d'une grande conférence internationale. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken doit se rendre en Israël vendredi, puis en Jordanie.

Les accrochages sont quotidiens à la frontière nord d'Israël avec le Liban, entre l'armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas. Huit soldats israéliens et un civil ont été tués depuis le 7 octobre, selon l'armée. Côté libanais, d'après un décompte de l'AFP, 63 personnes sont mortes, dont cinq civils et 47 membres du Hezbollah.

La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 125 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne. Les Etats-Unis ont mis en garde mercredi contre ces violences jugées "incroyablement déstabilisatrices".

AFP

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1 Commentaires
Kalouma
Kalouma
1 mois

Le « ministère de la Santé du Hamas » évoqué par l'AFP n'existe pas. Les ministères palestiniens sont sous la tutelle de l'Autorité palestinienne, seule représentative de la volonté des Palestiniens de s'autogérer.
Il s'agit-là d'un "raccourci" qui témoigne d'une focalisation abusive de la part du ou de la journaliste de l'AFP.
Sachant comment cette agence travaille à l'étranger, il serait d'ailleurs intéressant de savoir d'où écrit le ou la journaliste.
Il ne serait pas étonnant d'apprendre que ce n'est pas depuis Gaza, bien que la technologie dont dispose les Occidentaux leur permette de rester autonomes dans la situation de blocus généralisé que connaît ce territoire.