Treize personnes, dont trois femmes, hostiles à la participation de la chanteuse Aya Nakamura à la cérémonie d'ouverture des JO 2024, comparaissent mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des injures racistes visant l'artiste franco-malienne.
Les treize prévenus, ùgés de 20 à 31 ans, sont proches du groupe identitaire Les Natifs, issu du groupuscule Génération identitaire (dissous en 2021) qui défend la théorie raciste et complotiste du "grand remplacement".
Aya Nakamura n'assistera pas à l'audience, prévue à partir de 13H30 devant la 17e chambre correctionnelle.
Les mis en cause sont poursuivis pour provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion ou pour complicité de provocation à la haine.
Le 9 mars 2024, aprĂšs lâĂ©vocation par L'Express de la participation de la chanteuse Ă la cĂ©rĂ©monie dâouverture des JO, le groupuscule Les Natifs avait postĂ© sur ses rĂ©seaux sociaux une photo dâune banderole Ă connotation raciste, tendue par une dizaine de ses membres sur l'Ăźle Saint-Louis, en bord de Seine, oĂč lâon pouvait lire: "Y a pas moyen Aya, ici câest Paris, pas le marchĂ© de
Bamako", une référence à son tube "Djadja" et à sa ville de naissance au Mali.
Ce message Ă caractĂšre raciste avait Ă©tĂ© relayĂ© sur les rĂ©seaux sociaux par le mĂ©dia d'extrĂȘme droite "Livre noir", connu dĂ©sormais sous le nom de "FrontiĂšres". Le compte X des Natifs dĂ©plorait de "remplacer l'Ă©lĂ©gance française par la vulgaritĂ©, africaniser nos chansons populaires et Ă©vincer le peuple de souche au profit de l'immigration extra-europĂ©enne".
AprĂšs avoir reçu le 13 mars 2024 des signalements de la Licra et de SOS-Racisme dĂ©nonçant des "publications Ă caractĂšre raciste au prĂ©judice" de la star de la chanson française, le parquet de Paris avait confiĂ© une enquĂȘte Ă l'Office central de lutte contre les crimes de haine et la haine en ligne (OCLCH).
Le 20 mars, Aya Nakamura avait porté plainte à son tour.
- "Collaborateur parlementaire" -
Parmi les prĂ©venus figurent Antoine G., un juriste de 27 ans, porte-parole du groupuscule identitaire, et Ădouard M., cadre financier ĂągĂ© de 28 ans, chef des Natifs.
Doit également comparaßtre Capucine C., 22 ans, une chargée de communication qui indique sur son site LinkedIn avoir été, jusqu'en mars 2025, "collaborateur parlementaire" à l'Assemblée nationale, "en charge de la communication et du travail législatif et rédactionnel" d'élus RN.
Il y a également Marine de C., 24 ans, soeur cadette du fondateur du groupuscule d'ultradroite les "Zouaves de Paris", dissous en janvier 2022.
Avant de s'en prendre Ă Aya Nakamura, sacrĂ©e artiste fĂ©minine aux Victoires de la musique 2024, le groupuscule Les Natifs avait notamment fait parler de lui en dĂ©cembre 2023, pour avoir organisĂ© un rassemblement Ă Paris de plusieurs dizaines de militants, en hommage Ă Thomas, ce jeune homme de 16 ans tuĂ© Ă la sortie d'une fĂȘte de village Ă CrĂ©pol (DrĂŽme).
L'enquĂȘte n'a toujours pas permis d'identifier le meurtrier de l'adolescent.
Les Natifs, qui comptent prÚs de 10.000 abonnés sur Instagram et plus de 18.000 sur X, revendiquent des actions coup de poing relayées sur leurs réseaux sociaux.
Ainsi, en mars, ils avaient recouvert de draps noirs des portraits de femmes voilées exposés dans la basilique Saint-Denis.
Deux personnes dont Stanislas T., 24 ans, un des 13 prévenus dans le procÚs pour injures contre Aya Nakamura, doivent comparaßtre jeudi devant le tribunal de Bobigny dans le cadre de cette affaire.
De son vrai nom Aya Danioko, Aya Nakamura, 30 ans, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde. Sa performance lors de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet 2024, avec la Garde républicaine, sur le Pont des Arts à Paris avait été l'un des moments les plus suivis de l'événement.
AFP


