Sandrine Pissarra, cette mère de famille jugée devant les assises de l'Hérault pour actes de "torture" et de "barbarie" pour avoir affamé à mort Amandine, sa fille de 13 ans, est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 20 ans. Son compagnon, Jean-Michel Cros, 49 ans, accusé de privation de soins et d’aliments ayant entraîné la mort, est lui condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
Après cinq jours de procès et deux heures et demie de délibéré, les trois magistrats professionnels et les six jurés populaires tirés au sort (cinq femmes et un homme) ont par ailleurs condamné son ex-compagnon, Jean-Michel Cros, à 20 ans de réclusion criminelle, pour avoir privé sa belle-fille de soins jusqu'à sa mort.
Pour Sandrine Pissarra, 54 ans, reconnue coupable de violences et d'actes de torture et de barbarie, le verdict est conforme au réquisitoire de l'avocat général, Jean-Marie Beney, qui avait estimé que pour cette mère de huit enfants, "tyran domestique, dictateur des intérieurs, bourreau d'Amandine", il n'y avait pas d'autre peine possible.
Le représentant du ministère public avait par contre réclamé une peine légèrement inférieure --18 années de réclusion-- à l'encontre de Jean-Michel Cros, 49 ans, "lâche collaborateur" du "système Pissarra", contre qui aucune période de sûreté n'a donc été prononcée.
- Amandine pesait 28 kg pour 1,55 m -
Le 6 août 2020, jour de son décès d'un arrêt cardiaque et d'une septicémie, au domicile familial de Montblanc (Hérault), près de Béziers, la collégienne, enfermée depuis des semaines dans un débarras sans fenêtre et privée de nourriture, ne pesait plus que 28 kg pour 1,55 m.
"Je tiens à présenter mes excuses à mes enfants, c'est tout", avait déclaré Mme Pissarra en début d'après-midi, invitée à prendre la parole une dernière fois. "Je n'ai rien à ajouter", s'était contenté de répondre M. Cros.
- "Torture blanche" et "collabos" -
"Depuis cinq jours, vous avez pénétré dans l'horreur, l'impensable, l'indicible... Sauf qu'il y a des mots à poser pour dire, en termes juridiques, la sanction de l'indicible", a expliqué aux jurés le procureur général, en ouverture de son réquisitoire.
"Vous avez pénétré dans le +système Pissarra+, dans la dictature familiale, un monde inimaginable, mis en place depuis plus de 15 années. Vous avez découvert que, depuis toute petite, Amandine est victime de coups, de coups de poings, de coups de pieds, de coups de balai, d'arrachages de cheveux, de cris répétés, d'insultes, de bousculades", a-t-il poursuivi.
"Ensuite, comme dans tout système dictatorial, il convient de détruire la personnalité de la victime, pour la réduire à ce que l'on veut. Il y a les violences, les lignes à recopier, les interminables sermons. Puis on passe à autre chose, à la torture blanche: la mise à l'isolement, qui vise à réduire la perception spatiale et temporelle d'un individu. La torture blanche, alliée avec un peu de torture physique, à genoux sur le rouleau, et pire encore, la nudité obligée sur une adolescente de 13 ans", a détaillé le magistrat.
- "A la question des actes de barbarie et de torture, vous allez répondre oui" -
"Le bug, c'est la mort d'Amandine. C'était pas prévu. Comme il est bien sûr hors de question qu'on la trouve en bas, dans son cagibi. Alors, on la monte au deuxième étage, où il y a la douche. Alors, comme elle n'est pas encore morte, mais que c'est imminent, on va la nourrir un peu, la laver, l'habiller, on va - parce qu'elle s'est grattée pendant des jours et des jours, au point que la septicémie s'est installée - lui mettre une espèce de pommade pour essayer de laisser à penser qu'on l'avait quand même soignée. Et puis, la professionnelle de l'onglerie (Mme Pissarra, ndlr), va penser à quelque chose qui a marqué tout le monde, on va lui faire les ongles", a encore expliqué M. Beney.
"A la question des actes de barbarie et de torture, vous allez répondre oui, sans hésitation", a-t-il conclu, en réclamant la peine maximale.
A propos de Jean-Michel Cros, qui risquait 30 ans de réclusion, l'avocat général a souligné: "Comme dans tout système dictatorial, il y a les collabos, et moi j'en vois un dans le box, dont l'attitude "consiste à ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire, les mains liées dans le dos et les pieds dans un bloc de béton qu'on a coulé soi-même".
"Vous répondrez oui à la question concernant les privations de soin reprochées à M. Cros", a dit à la cour M. Beney, en réclamant contre lui 18 années de réclusion.
- "Une responsabilité collective" -
Le système, "on aurait pu le fragiliser, le faire tomber, avant qu'il ne prenne le plein pouvoir", a plaidé l'un des avocats de Sandrine Pissarra, Me Louis Dolez, en allusion aux adultes (ex-conjoints, amis, voisins, médecins, travailleurs sociaux, enseignants ou magistrats) qui ont croisé la route d'Amandine sans prendre la mesure de ses souffrances ni agir efficacement pour y mettre fin.
S'il y a une "responsabilité individuelle" incontestable, "il y a quand même aussi une responsabilité collective", avait également souligné Me Jean-Marc Darrigade, son autre avocat, en demandant une "peine juste, raisonnable", qui lui aurait permis de "revenir parmi les hommes" sans être "une vieille dame".
"Une fois sorti de la sujétion de Mme Pissarra, est-ce que Jean-Michel Cros est un homme dangereux ? La réponse est non. Alors, tendez-lui la main", avait plaidé de son côté Me Grégoire Mercier, pour l'ex-compagnon de Mme Pissarra.
Des arguments que la cour n'a donc pas suivis.
AFP
Comment peut on ?
vivement la série tv, ce sera encore plus vulgaire mais on verra mieux les monstres. Y avait pas de dessinateurs? Ça rend bien les dessin mais c'est moins bien que la tv. Demain la torture de chien par des jeunes ados malades. J'aime mon espèce.