Malgré les contestations

Le gouvernement déroule sa réforme des retraites, inflexible sur les 64 ans

  • Publié le 23 janvier 2023 à 19:12

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a fermé la porte lundi à un recul du gouvernement sur le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, soulignant que "revenir sur ce point serait renoncer au retour à l'équilibre du système". (Photo manifestation contre la réforme des retraites photo RB imazpress )

"Les mesures d'âge que nous prenons", le relèvement de l'âge légal (64 ans en 2030) et l'accélération de l'allongement de la durée de cotisation (43 ans dès 2027) "sont celles qui permettent de ramener le système à l'équilibre en 2030", elles sont "tout à fait fondamentales", a fait valoir Olivier Dussopt lors du compte rendu à la presse du Conseil des ministres.

"Revenir sur ce point serait renoncer au retour à l'équilibre et donc manquer de responsabilité pour les générations futures", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que le gouvernement avait "un désaccord avec les organisations syndicales", vent debout contre toute mesure relative à l'âge légal.

Le projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale dans lequel est inscrite la réforme des retraites, présenté au Conseil des ministres de lundi, est porteur de "18 milliards d'euros d'économies à l'horizon 2030", a précisé Olivier Dussopt.

Ces économies doivent permettre d'équilibrer le système et d'introduire "plus de justice", avec notamment un minimum de pension relevé à 1.200 euros brut pour une carrière complète, qui doit profiter à 1,8 million de pensionnés actuels et environ 200.000 nouveaux retraités chaque année.

Prise en compte des carrières longues, amélioration du compte de prévention de la pénibilité, index sur l'emploi des seniors assorti d'une sanction financière en cas de non-publication pour les entreprises de plus de 300 salariés, fermeture des régimes spéciaux... Le ministre du Travail et son collègue de la Fonction publique Stanislas Guerini ont égrené les points-clé du projet de loi.

Questionné sur la possibilité que le texte soit modifié lors du débat parlementaire, Olivier Dussopt a répondu: "A chaque fois qu'un amendement nous permettra d'améliorer le texte sans renoncer au retour à l'équilibre en 2030, ni aux fondamentaux de la réforme, évidemment nous y serons ouverts".

- "Escamotée" -

Le chef de l'Etat a estimé dimanche avoir déjà fait preuve d'"ouverture" par rapport au programme pour son second quinquennat qui prévoyait initialement les 65 ans. Il a dit souhaiter "que le gouvernement avec les parlementaires" puissent encore "aménager" le texte. Avant de se montrer plus inflexible: "les besoins" sont "connus", et "je crois que là, maintenant, il faut pouvoir avancer".

Ses ministres se relaient donc pour assurer être prêts au "dialogue" afin d'"enrichir" le texte... mais uniquement à la marge.

"A chaque fois qu'un amendement nous permettra d'améliorer le texte sans renoncer au retour à l'équilibre en 2030, ni aux fondamentaux de la réforme, évidemment nous y serons ouverts", a simplement dit M. Dussopt lundi lors d'un long exposé très technique, sans avancer aucune piste en ce sens.

Alors que le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait ouvert la porte pour la première fois durant le week-end à "des mesures coercitives pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu" de l'emploi des seniors, M. Dussopt s'en est tenu à des sanctions financières uniquement pour les sociétés qui ne publieront pas l'"index" incitatif prévu par la réforme.

L'exécutif se montre encore moins disposé sur un autre point qui crispe jusque dans les rangs du parti Les Républicains, pourtant seul allié annoncé de l'exécutif à l'Assemblée nationale: le fait que les personnes ayant commencé à travailler à 20 ans auront à cotiser 44 ans, et non 43 comme les autres, pour obtenir une retraite à taux plein.

Quant à la proposition des députés MoDem d'augmenter la semaine de travail d'une demi-heure, à 35,5 heures, pour dégager des ressources, "ce n'est pas l'objectif du gouvernement d'ouvrir un débat sur le temps de travail", a balayé M. Dussopt.

Rien donc pour l'instant de nature à satisfaire les opposants à la réforme, qui réclament inlassablement le retrait pur et simple des "mesures d'âge" et promettent une résistance ferme à l'Assemblée nationale et dans la rue.

"On espère faire encore plus fort le 31 (janvier)", a prévenu le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, soulignant que "d'ici là, tous les jours, il y aura des initiatives dans les entreprises, dans les départements".

Quant au leader de la CFDT, Laurent Berger, il a déploré la forme retenue par l'exécutif pour examiner son projet de loi: un budget rectificatif à la Sécurité sociale, qui permet de limiter les débats dans le temps et d'utiliser à loisir l'arme du 49.3.

"Vous ne pouvez pas faire passer de façon escamotée ce texte sur les retraites, dans ce climat social", a-t-il argué sur France 5.

AFP

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