Rhinocéros, anguilles et requins au coeur d'une conférence sur la vie sauvage

  • Publié le 24 novembre 2025 à 07:21
  • Actualisé le 24 novembre 2025 à 08:20
Un rhinocéros dort sous un arbre au parc national de Hwange, au Zimbabwe, le 8 octobre 2025

La restriction du commerce des anguilles, une proposition pour réautoriser la vente de cornes de rhinocéros, et la protection des requins sont au programme de discussions mondiales sur la vie sauvage qui se tiennent à partir de lundi en Ouzbékistan.

Plus de 180 nations ainsi que des experts en protection de la biodiversité vont se réunir à Samarcande, pour débattre de dizaines de propositions concernant le commerce et la protection de la faune.

Cette conférence rassemblera les signataires de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), considérée comme le cadre de référence.

Parmi les propositions les plus contestées cette année figure celle qui voudrait protéger plus amplement deux espèces d'anguilles, un mets populaire dans certaines régions d'Asie.

La CITES réglemente le commerce d'environ 36.000 espèces, rangées dans plusieurs catégories, avec pour chacune des restrictions différentes.

Le commerce des espèces inscrites à l'Annexe I, considérées comme les plus menacées au monde, est presque entièrement interdit.

Les espèces de l'Annexe II font l'objet d'un examen et d'une certification supplémentaires avant de pouvoir être commercialisées.

Une espèce d'anguille, l'anguille d'Europe, (anguilla anguilla), est considérée comme en danger critique d'extinction et a été ajoutée à l'Annexe II en 2009.

Plusieurs pays voudraient ajouter deux espèces d'anguilles à l'Annexe II: l'anguille du Japon (anguilla japonica) et l'anguille d'Amérique (anguilla rostrata).

Les soutiens de cette proposition estiment qu'il est impossible de différencier les trois espèces lorsque les animaux sont jeunes, moment où ils sont généralement commercialisés, ce qui signifie que l'anguille d'Europe est souvent vendue sous un autre nom.

Mais le Japon s'y oppose: le pays est un grand consommateur d'anguille et a lancé un effort concerté de lobbying pour tenter de faire échouer l'amendement, avançant que la mesure risque d'entraîner une "augmentation du braconnage et de la contrebande malveillants".

- Rhinocéros et requins -

Autre proposition controversée: autoriser les gouvernements à vendre des réserves d'ivoire d'éléphants et de cornes de rhinocéros.

Ses partisans arguent que les gouvernements devraient pouvoir écouler ces stocks pour aider à financer la sauvegarde de la biodiversité. Mais de nombreux groupes de protection des animaux estiment que la reprise des ventes ne fera qu'encourager le commerce illégal.

"Dès que vous légalisez ce commerce, cela ouvre un boulevard pour blanchir l'ivoire et la corne de rhinocéros sur ces marchés en Asie, où cela a posé tellement de problèmes", a prévenu Matt Collis, directeur principal des politiques au Fonds international pour la protection des animaux.

"La CITES a essayé cela deux fois dans le passé, la dernière fois a été particulièrement désastreuse", a-t-il ajouté.

Mais la Namibie, qui a lancé la proposition, assure que des fonds supplémentaires sont nécessaires pour éviter "le retrait progressif des rhinocéros du paysage, la détérioration de leur habitat, et l'affaiblissement des métapopulations nationales."

Une proposition similaire a été rejetée lors de la dernière réunion de la CITES en 2022.

Une plus ample protection pour sept espèces de requins sera également discutée, dont une interdiction totale du commerce en vertu de l'Annexe I pour le requin océanique, en danger critique d'extinction.

Les experts pensent que cette mesure a de bonnes chances d'obtenir les deux tiers des voix, requises pour une adoption. D'autres amendements pourraient faire l'objet d'un examen plus approfondi, notamment un visant à imposer des limites commerciales pour les requins-baleines et les requins chagrins, ciblés pour leur huile de foie.

En 2022, les membres de la CITES ont approuvé des protections de l'Annexe II pour des dizaines d'espèces de requins, malgré l'opposition de pays comme le Japon.

La réunion à Samarcande se poursuivra jusqu'au 5 décembre.

AFP

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