Opposition

Russie: la pression monte sur les partisans de Navalny avant des manifestations

  • PubliĂ© le 27 janvier 2021 Ă  20:14
  • ActualisĂ© le 27 janvier 2021 Ă  23:25
Des policiers et membres des forces anti-émeute russes sur la place Rouge le 25 janvier 2021

La police russe a multipliĂ© les enquĂȘtes et les perquisitions visant l'opposant incarcĂ©rĂ© AlexeĂŻ Navalny et ses proches, a indiquĂ© son Ă©quipe mercredi, Ă  quelques jours de nouveaux rassemblements contre le pouvoir.

ParallÚlement, le gendarme des télécoms Roskomnadzor a annoncé qu'il allait sanctionner les réseaux sociaux et sites Facebook, Instagram, Twitter, TikTok, VKontakte, Odnoklassniki et YouTube pour avoir laissé en ligne des messages incitant, selon lui, les mineurs à manifester samedi en faveur de M. Navalny.

"On ne laisse pas mon avocat venir, on a brisĂ© ma porte", a criĂ© Ă  la presse par sa fenĂȘtre Ioulia NavalnaĂŻa, l'Ă©pouse de l'opposant, dont l'appartement moscovite faisait l'objet d'une descente de police mercredi.

Venue à la demande de Mme Navalnaïa, l'avocate Véronika Koulikova attendait dans la soirée devant la porte du domicile perquisitionné avec quelques journalistes dont un de l'AFP, dénonçant une "violation de la loi" et accusant la police de ne pas la laisser entrer "délibérément".

Selon l'avocate, une autre perquisition était en cours chez la porte-parole de M. Navalny, Kira Iarmych, condamnée à neuf jours de prison vendredi dernier.
Une perquisition était également en cours dans les bureaux de l'organisation de l'opposant, le Fonds de lutte contre la corruption, a indiqué sur Twitter Lioubov Sobol, une de ses proches.

Selon le directeur de cette organisation, Ivan Jdanov, un autre raid de police visait un appartement de l'opposant oĂč se trouvait son frĂšre Oleg Navalny. D'aprĂšs la mĂȘme source, ces descentes interviennent dans le cadre d'une enquĂȘte du ministĂšre de l'IntĂ©rieur pour violation des "normes sanitaires" en vigueur Ă  cause de l'Ă©pidĂ©mie de nouveau coronavirus, aprĂšs les manifestations samedi en Russie Ă  l'appel de l'opposant.

"Il a été établi que les organisateurs et les participants aux manifestations non-autorisées avaient créé une menace de propagation du nouveau coronavirus", a indiqué le ministÚre de l'Intérieur avant les perquisitions, affirmant que des personnes infectées avaient manifesté à Moscou.

- enquĂȘtes et amendes -

Les enquĂȘtes en lien avec les manifestations de samedi dernier se multiplient alors que les partisans de M. Navalny, pourfendeur de la corruption et ennemi jurĂ© du Kremlin, ont annoncĂ© de nouveaux rassemblements dimanche.

A Moscou, une manifestation est prévue devant le siÚge des services de sécurité (FSB), alors qu'Alexeï Navalny doit passer devant des juges la semaine prochaine et risque de la prison ferme.

Les organisateurs espÚrent renouveler le succÚs de leur précédente journée d'action le 23 janvier qui a vu des dizaines de milliers de Russes braver l'interdiction de manifester.

Le ComitĂ© d'enquĂȘte russe, chargĂ© des investigations prioritaires, a annoncĂ© mercredi qu'une vingtaine d'enquĂȘtes avaient Ă©tĂ© ouvertes en lien avec les manifestations, notamment pour appels Ă  des troubles, hooliganisme, violences Ă  l'encontre des policiers ou encore pour incitation de mineurs Ă  commettre des actions illĂ©gales.

Le gendarme des télécoms Roskomnadzor a annoncé que les réseaux sociaux, parmi lesquels notamment Facebook, Instagram, TikTok et Twitter, seraient sanctionnés d'amendes pouvant aller jusqu'à 4 millions de roubles (environ 52.600 euros au taux actuel) pour ne pas avoir supprimé des appels incitant les mineurs à participer aux manifestations.

Le ministĂšre de l'IntĂ©rieur a ouvert lui une enquĂȘte pour blocage de voies publiques, notamment Ă  Vladivostok (ExtrĂȘme-Orient) oĂč les protestataires avaient bloquĂ© la circulation en manifestant.

Les manifestations dans une centaine de villes russes, une ampleur géographique exceptionnelle pour la Russie, se sont soldées par prÚs de 3.900 interpellations.

Pour alimenter ce mouvement, l'Ă©quipe de Navalny a publiĂ© la semaine derniĂšre une enquĂȘte anti-corruption retentissante sur un somptueux palais qui aurait Ă©tĂ© Ă©difiĂ© sur la mer Noire pour Vladimir Poutine, ce que ce dernier a niĂ©.

Alexeï Navalny a accusé les services secrets russes (FSB) de l'avoir empoisonné fin août avec un agent neurotoxique sur ordre du président russe. Des accusations rejetées par le Kremlin.

AprĂšs une convalescence de cinq mois en Allemagne, l'opposant est rentrĂ© le 17 janvier en Russie et a Ă©tĂ© immĂ©diatement arrĂȘtĂ©. Il est visĂ© par de multiples procĂ©dures judiciaires.

AFP

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