Pérou

Trois morts lors de manifestations contre le nouveau président

  • PubliĂ© le 15 novembre 2020 Ă  10:41
  • ActualisĂ© le 16 novembre 2020 Ă  10:30
Des manifestants portent un blessé lors de heurts avec la police lors d'un rassemblement de soutien au président Vizcarra, le 14 novembre 2020 à Lima, au Pérou

Au moins trois personnes ont été tuées samedi à Lima lors d'une nouvelle journée de manifestations, réprimées par la police, contre l'accession à la présidence de Manuel Merino.

Réagissant à la répression violente des manifestations, le chef du CongrÚs péruvien a demandé la démission du nouveau président, entré en fonction mardi. "Je demande à M. Merino d'envisager sa démission immédiate", a déclaré le dirigeant du CongrÚs, Luis Valdez, à la chaßne de télévision N.

Le maire de Lima, Jorge Muñoz, qui appartient au mĂȘme parti Action Populaire que M. Merino, a lui aussi exigĂ© la dĂ©mission du prĂ©sident, cinq jours seulement aprĂšs son arrivĂ©e au pouvoir. Le dĂ©cĂšs d'un manifestant de 25 ans a Ă©tĂ© annoncĂ© par le fonctionnaire Alberto Huerta, du bureau du DĂ©fenseur du peuple, entitĂ© publique chargĂ©e de veiller au respect des droits de l'Homme au PĂ©rou.
Son cadavre était arrivé à l'hÎpital Almenara, a-t-il précisé, ajoutant que "la victime avait des blessures par plomb de chasse au visage et au cuir chevelu, selon le médecin".

Le Défenseur du peuple a ajouté que 13 manifestants avaient été blessés, et il a dénoncé un usage indiscriminé de la force par la police.
Un peu plus tard, l'archevĂȘque de Lima, Carlos Castillo, a condamnĂ© la rĂ©pression policiĂšre en annonçant Ă  la tĂ©lĂ©vision publique qu'il venait d'apprendre qu'il y avait "un troisiĂšme mort". Le Parlement pĂ©ruvien avait votĂ© lundi la destitution du prĂ©sident Vizcarra, pour "incapacitĂ© morale", le chef de l'Etat Ă©tant accusĂ© d'avoir reçu des pots-de-vins alors qu'il Ă©tait gouverneur en 2014.
Son Ă©viction et l'accession Ă  la prĂ©sidence de M. Merino, un ingĂ©nieur agronome de centre-droit de 59 ans jusque-lĂ  Ă  la tĂȘte du Parlement, ont entraĂźnĂ© depuis mardi des manifestations Ă  Lima et dans d'autres villes.

Samedi, des milliers de manifestants, pour la plupart des jeunes de moins de 25 ans, sont de nouveau descendus dans la rue, dans différentes villes, pour exiger la démission de M. Merino et rejeter ce qu'ils considÚrent comme un coup d'Etat parlementaire.
La plus grande marche a réuni à Lima des milliers de personnes qui ont convergé vers la place San Martin. La police a de nouveau fait usage de gaz lacrymogÚne, lancé y compris par hélicoptÚres, pour disperser des manifestants qui menaçaient de marcher sur le siÚge du Parlement.

Les jeunes portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: "Merino, tu n'es pas mon président", "Merino imposteur", "le Pérou s'est réveillé". Un groupe s'est approché de la maison de M. Merino, à l'est de Lima, pour manifester au son des casseroles et tambours.
Sept des 18 ministres de M. Merino ont annoncé leur démission samedi soir aprÚs la répression policiÚre, dont celui de la Santé, Abel Salinas, selon les médias locaux.

Le Premier ministre, Antero Flores Araoz, conservateur de 78 ans, avait exclu plus tÎt que le président se retire sous la pression des manifestations: "Il n'a pas envisagé de se mettre à l'écart, car des millions de Péruviens le soutiennent. Malheureusement, ils restent chez eux. Je ne les inviterais pas à sortir", avait-il déclaré.

Le prĂ©sident de la ConfĂ©rence Ă©piscopale a exhortĂ© le gouvernement Ă  dialoguer et Ă  respecter le droit Ă  manifester: "Il est essentiel d'Ă©couter et de prendre en compte les cris et la clameur de la population pour retrouver confiance, tranquillitĂ© et paix sociale", a dĂ©clarĂ© dans un communiquĂ© l'archevĂȘque de Trujillo, Miguel Cabrejos.

AFP

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