A la veille du Grand Raid 2016, nous vous avons posé la question

[AUDIO] Qu'est-ce qui fait courir les Réunionnais ?

  • Publié le 19 octobre 2016 à 06:06

J-1 avant le départ du Grand Raid. Pour certains, il s'agit de la première fois. D'autres ne comptent plus les dossards qu'ils ont porté, les chaussures qu'ils ou elles ont usé, le nombre de fois où leurs pieds ont dû être soignés. A coups de dénivelés, les Fous sont tous nourris au même sein : celui de la passion. A travers les kilomètres de sentiers, les traileur(se)s doivent avoir le temps de refaire mille fois le monde dans leur tête. Après quoi courent les Réunionnais(es), qui foulent toute l'année les parcours de randonnée ? Fuient-ils quelque chose ? Arrivent-ils à atteindre leur objectif ? Nous avons posé la question, dans les rues de Saint-Denis, bien moins courues que les sentiers des hauts de l'île. Les réponses, hétérogènes, s'accordent tout de même à dire qu'une sorte d'idéal réaliséattend les Fous à la ligne d'arrivée.

Les sentiers de la Diagonale ne sont pas les plus faciles. Ceux de Bourbon et de la Mascareigne non plus. Ne pas se méprendre, les courses du Grand Raid commes les trails organisés tout l'année sur l'île ne se font pas sans préparation physique et… Mentale. "La sagesse est d'être fou lorsque les circonstances en valent la peine" disait Jean Cocteau. Alors, après quoi courent les Fous ? Selon les réponses apportées par les passants, le plaisir passe avant tout, mais les coureurs tentent d'atteindre leurs propres limites et courent dans le but de se connaître eux-même.

Le dépassement de soi fait partie des objectifs premiers du traileur. Alors, le trail serait un parcours initiatique, à la manière d'un Candide, naïf sur la ligne de départ, riche de ses apprentissages à l'arrivée. Une fois que le coureur se connaît, la course de montagne serait également le moyen de connaître et de s'approprier son environnement naturel. En effet, la connexion avec la nature constitue un véritable carburant pour les passionnés. "Approprie a nou la montagne, approprie a nou les hauts" justifie Jean-Baptiste. "On est peu de choses, mais on se donne la peine."

Si le Fou court après quelque chose, il ne fuit rien. Pour Bernard, qui s'apprête à prendre le départ du trail de Bourbon, la course de montagne est une drogue.

Et puis, après la course du dépassement, de la connaissance, il y a celle de la communication, de l'envie de faire savoir au plus grand nombre pourquoi vous vous faites tant souffrir, pourquoi vous ne lâchez rien. Marcelle Puy voulait prouver au monde qu'une femme pouvait accomplir des prouesses sans l'aide de personne. Murielle, qui aide les animaux dans le besoin, prendra le départ de la Diagonale pour sensibiliser à l'errance animale. Cette dernière fera l'objet d'un article qui paraîtra prochainement sur Imaz Press.

Il y a des mamans et des papas qui courent, le plus vite et le plus loin possible pour dire que des enfants meurent de maladie qui n'ont toujours pas de remède. Il y a ceux qui portent les joëlettes et ceux qui sont assis dessus. Eux aussi courent, non pas pour fuir le handicap, mais pour le regarder bien en face et lui dire "non, tu ne m'en empêcheras pas".

Enfin, les Réunionnais courent presque comme ils respirent. La période du Grand Raid fait exalter les passionnés de la liberté. Ce sentiment - celui que rien ne peut arrêter - a été durement acquis par le peuple dans un passé pas si lointain. L'esclavage, beaucoup ont couru pour le fuir. Un lien existerait-il entre cette engouement et l'Histoire ? Peut-être bien. Quoiqu'il en soit, il faut tout de même être un peu fou pour courir autant et si longtemps.

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