Incendie au Maïdo

Le feu se propage à l'Ouest

  • Publié le 17 octobre 2010 à 10:15

Le feu poursuit sa conquête du Maïdo et de sa région. Ce samedi 16 octobre 2010, les flammes ont franchi la ligne des 1 800 mètres et se sont rapidement propagées vers l'Ouest. Au Sud de la zone sinistrée - dans la direction de la forêts des Bénares - , un foyer s'est déclaré en début de soirée alors que le feu avait pu être contenu jusqu'alors. Sur le front Est, en direction de Mafate, le sinistre semblait maîtrisé samedi soir. La préfecture annonce l'arrivée de métropole 60 pompiers spécialisés dans la lutte contre ce type de catastrophe et d'un avion bombardier d'eau. Depuis le début de l'incendie ce lundi, 700 hectares de forêt ont brulé.

"L'objectif que nous nous étions fixés d'empêcher le feu de dépasser la ligne de 1 800 mètres a échoué, l'incendie continue de progresser" a expliqué à Imaz Press Réunion ce samedi en fin d'après-midi, le commandant Pothin du SDIS (service d'incendie et de secours). "Nous allons maintenant essayer de contenir le sinistre au niveau de la route forestière des Tamarins" a-t-il ajouté.

Preuve de la violence de l'incendie, un drame a été évité de justesse ce samedi. Environ 15 pompiers ont en effet été cernés par les flammes. Ils ont été secourus par leurs collègues.

Dans la nuit de vendredi à samedi, la situation semblait pourtant sur le point d'être maîtrisée. Le foyer situé au Nord du Maïdo était contenu. Celui situé dans le secteur Sud, côté Tamarins-Glacière, continuait de progresser vers le Nord mais il était contenu sur la lisière Sud. Le répit a été de courte durée. Les flammes ont redoublé d'intensité en raison des rafales de vent.

Pour faire face à cette situation "30 nouveaux sapeurs-pompiers des forces militaires d'intervention de sécurité civile arriveront sur l'île dimanche matin. Ils seront suivis de 30 autres dès mardi" indique la préfecture ce samedi soir. Dès ce dimanche également, le nombre de sapeurs-pompiers de La Réunion présents sur le site du sinistre, sera porté à 230 et le nombre de militaires à 140. À ces personnels s'ajoutent 60 agents de l'Office national des forets ainsi que des agents mis à disposition par la commune de Saint-Paul.

Ils seront appuyés par trois gros engins de chantier réquisitionnés auprès d'un entreprise locale permettant d'affouiller le sol pour éviter la propagation souterraine et ouvrir des pare-feux efficaces.

La préfecture a également annoncé qu'un "avion bombardier d'eau d'une capacité de 12 000 litres équivalant à celle de deux canadairs arrivera de métropole mardi". Le nombre de camions citernes des sapeurs pompiers sera également porté de 23 à 33 auxquels s'ajouteront 4 camions citernes de carburant transformés en porteurs d'eau. "Les 6 hélicoptères restent mobilisés en permanence" ajoute la préfecture.

Cet incendie va avoir des conséquences graves pour le Piton Maïdo, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et situé au c?ur du Parc national. Même si la végétation éricoïde d'altitude du piton Maïdo s'observe sur d'autres sommets de l'île, on en compte plusieurs milliers d'hectares répartis sur différents sites, "plusieurs micro habitats qui se trouvent également sur cette zone sont en danger" souligne le parc national. C'est particulièrement le cas des sophoraies, milieux naturels dominés par le Petit Tamarin des Hauts (Sophora denudata). "Leur destruction serait une perte importante pour la biodiversité, car ces sophoraies se différencient au niveau floristique de celles que l'on peut trouver dans les autres régions de l'île" commente le parc national. On peut déjà également déplorer la destruction par les flammes d'une zone dans laquelle poussait une plante très rare, de la famille des composées.

Côté faune, plusieurs espèces rares sont menacées. Les habitats du lézard vert des hauts, répartis sur environ 1,5 km le long des rempart du Maïdo, ont ainsi été touchés à plusieurs reprises par les flammes. "Les pertes de cette population d'altitude, pour laquelle les études en cours indiquent qu'elle pourrait être unique au monde, sont estimées pour le moment à 2 % sur une population totale d'environ 600 individus" poursuit le parc national. Le jeu d'insectes lié aux sophoraies du Maïdo, également spécifique, est menacé par la disparition de son habitat.

Le parc national note aussi que les Pétrels de Barau, nichant dans les remparts autour du Grand Bénare, peuvent être des victimes collatérales de cet incendie. En effet, ces oiseaux, qui vont se nourrir en mer, sont susceptibles de passer au-dessus des zones en feu, lors de leur retour au nid pendant la nuit. "Attirés par les lumières, ils risquent de se jeter dans les flammes ou de se poser à proximité. Etant dans l'impossibilité de redécoller, ils sont également condamnés" déplore le parc national.


Mahdia Benhamla pour

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