Saint-Philippe

Mare Longue : visite dans la forĂȘt originelle

  • PubliĂ© le 13 novembre 2009 Ă  06:00
ForĂȘt de Mare Longue -  Photo Florent Borderie

ClassĂ©e rĂ©serve biologique en 1958 (23 hectares) agrandi en 1981 (68 hectares), la forĂȘt de Mare Longue (Saint-Philippe) est le seul vestige des Bois de Couleurs des bas de La RĂ©union mais aussi de toutes les Mascareignes. Avant l'arrivĂ©e de l'homme, la forĂȘt primaire (non altĂ©rĂ©e par l'homme) humide de basse altitude ceinturait l'ensemble des cĂŽtes Sud et Est de l'Ăźle, du bord de mer jusqu'Ă  700m d'altitude. Visite.

Aujourd'hui il ne subsiste plus que ces quelques hectares sur la commune de Saint-Philippe qui ont miraculeusement Ă©chappĂ©s au dĂ©frichement. ImplantĂ©e sur une coulĂ©e de lave assez rĂ©cente (300 Ă  400 ans) cette forĂȘt est l'un des milieux terrestres les plus Ă©tudiĂ©s par les scientifiques. Et pour cause. C'est l'Ă©cosystĂšme oĂč la biodiversitĂ© y est la plus riche dans notre dĂ©partement, ce qu'avait bien compris l'Ă©minent botaniste rĂ©unionnais ThĂ©rĂ©sien Cadet (1937-1981) qui en a longuement Ă©tudiĂ© le fonctionnement et soutenu la crĂ©ation de la rĂ©serve Ă  son Ă©poque.

La forĂȘt Ă  sapotacĂ©es, famille d'arbre (sapotaceae) majoritaire dans ce type de milieu dont fait partie Mare Longue, est caractĂ©risĂ© par un microclimat interne qui y maintient une hygromĂ©trie de l'air entre 80 et 100 % de façon pratiquement permanente qui implique des diffĂ©rences thermiques qui sont moins marquĂ©s qu'ailleurs (moins chaud la journĂ©e moins froid la nuit) qui favorise un dĂ©veloppement optimale de la flore.

En effet, la forĂȘt de Mare Longue abrite 30 % des 720 espĂšces de plantes vasculaires de l'Ăźle, mais 80 % des espĂšces pour lesquelles la rĂ©gion remplit les conditions Ă©cologiques qu'elles exigent. Voici quelques chiffres de la vaste Ă©tude que ThĂ©rĂ©sien Cadet avait menĂ© : 46 espĂšces d'orchidĂ©es, 73 de fougĂšres, une quarantaine d'arbres dont l'espĂšce dominante est le petit Natte (Labourdonnaisia) et autant d'arbustes dont le Pandanus purpurascens et l'un des reprĂ©sentant les plus facilement identifiable.

S'il est une espĂšce aisĂ©ment repĂ©rable Ă  cause de ses nombreuses racines recouvrant un tronc, c'est bien le figuier Ă©trangleur. Son cas est Ă  part... ses graines sont dispersĂ©s par les oiseaux, germent sur les branches supĂ©rieurs d'un arbre et la plante dĂ©veloppera ses branches vers le haut pour capter le plus de lumiĂšre, jusque lĂ  tout va bien pour l'arbre hĂŽte, lĂ  oĂč cela se complique c'est que pour puiser des nutriments elle dĂ©veloppera aussi des racines aĂ©riennes vers le sol ! Fort de cet apport en Ă©nergie puisĂ© dans la terre la croissance du figuier va s'accĂ©lĂ©rer et les racines aĂ©riennes vont former un pseudo-tronc qui va lentement mais inexorablement Ă©touffer et faire dĂ©pĂ©rir l'arbre sur le lequel il s'est dĂ©veloppĂ©. Il est un figuier Ă©trangleur que tout le monde connaĂźt ou presque mais dont peu de monde se doute sa rĂ©elle nature : le banian.

Mais les plantes qui sans conteste font la particularitĂ© et la richesse de cette forĂȘt sont les Ă©piphytes : poussant les sur arbres, Ă  ne pas confondre avec les plantes parasites car elles ne se servent de l'arbre que comme support et non pour lui prĂ©lever de la nourriture, ce groupe reprĂ©sente 1/3 des plantes de la rĂ©serve (environ 80 espĂšces).

Il est donc vivement recommandé aux personnes désirant visiter le sentier botanique de ce patrimoine naturel géré par l'ONF de lever les yeux en plus de la lecture des pancartes descriptives des arbres.

Texte et photos Florent Borderie
http://www.photosborderie.com
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