Le cimetière du Père Lafosse à Saint-Louis offre un lieu de repos aux " Ames Perdues ", son autre nom. Il abrite aussi la tombe du Père Lafosse, célèbre détracteur de l'esclavage. Visite entre horreur de l'histoire et lutte pour la dignité.
C'est l'un des rares cimetières d'esclaves identifiés par les historiens et les archéologues. Un morceau d'histoire de l'Humanité qui encore aujourd'hui revêt une symbolique toute particulière. Le cimetière du Père Lafosse à Saint-Louis est aussi appelé le cimetière des âmes perdues. C'est ici que des enfants, des femmes et des hommes arrachés de leurs terres pour servir d'esclaves dans les champs de canne à sucre de la fin du 17ème siècle ont été enterrés sans avoir droit à une sépulture. L'esclavage a pris en 1848 et depuis, le cimetière est un lieu de pèlerinage en mémoire à tous ces sacrifiés mais aussi au Père Lafosse.Ce curé et maire de Saint-Louis, abolitionniste de la première heure y est enterré. Il dérangeait et fut poussé à la démission mais revient sur le devant de la scène lors du soulèvement de 1798, dans le sud. Il est alors condamné à la déportation, accusé d'être un " dangereux agitateur menaçant la tranquillité de l'île ". Ce " petit blanc " a été assassiné pour des prises de positions anti-esclavage. Mais sa mort est toujours l'objet de croyances populaires. Il a d'ailleurs souhaité être enterré en dehors du cimetière officiel, aux côtés des " âmes perdues " qu'il souhaitait défendre.
Le 20 décembre, les Réunionnais s'y rendent pour se recueillir sur la tombe de ce fervent défenseur des droits humains. Ce cimetière daterait de 1775-1780 et jusque dans les années 80, les charretiers et planteurs de Bois de Nèfles Coco de l'association Moulin Maïs s'y rendaient au son du rouleur.
En 2004, le cimetière a été rénové et en 2009, une stèle y a été installée, en l'honneur de tous ces esclaves morts et enterrés dans l'indifférence du pouvoir en place. Elle rappelle que le " Code Noir " les réduisaient à l'état de meuble et avait effacé toute trace de leur présence. Cette stèle vise aussi à entretenir la mémoire sur ce pan tragique de l'histoire de l'île et du monde, trop peu évoqué dans les livres d'histoire. Et ce n'est pas un hasard si le candidat PS à l'élection présidentielle François Hollande a décidé de s'y rendre lors de sa visite à la Réunion.






























Juste rappeler en complément que la stèle en mémoire des esclaves a été installée le 31 octobre 2009 à l'initiative de la Maison des Civilisations et de l'Unité Réunionnaise, en écho à une interrogation récurrente de Paul Vergès qui demandait souvent "ousa i lé la tonm bann zesklav ?" Depuis lors les recherches délibéréees ou les ravages de la houle ont permis de retrouver trace de cimetières d'esclaves, à Saint-Denis et à Saint-Paul.