Le nouveau préfet est arrivé ce mardi à La Réunion

Dominique Sorain : "Je suis prêt à tout"

  • Publié le 2 septembre 2014 à 15:15
Dominique Sorain

Dominique Sorain, le nouveau préfet de La Réunion, a pris officiellement ses fonctions ce mardi 2 septembre 2014. Une cérémonie de dépôt de gerbe s'est tenue au monument aux Morts à Saint-Denis en présence des représentants des collectivités locales. L'ancien préfet de l'Eure et des Vosges s'est ensuite présenté à la presse, l'occasion d'exposer les grandes lignes de ses priorités et de réagir aux sujets sensibles de l'île.

Dominique Sorain, quel est votre parcours ?

J’ai eu une carrière diversifiée dans l’administration. Il y a très longtemps, j’étais au ministère des finances. En 1982, alors que j’étais élèves des affaires maritimes, je suis venu en cargo à La Réunion. J’ai embarqué dans un cargo de marine marchande d’une compagnie qui a disparu et j’ai fait une escale au Port, qui n’avait pas encore connu tous ces travaux.

Ensuite, j’ai occupé différents postes au ministère de l’agriculture où j’ai dû notamment m’occuper de sujets en relation avec les outre-mer. Là-bas, mon passé maritime m’a rattrapé. En tant que directeur des pêches, je me suis occupé des dossiers de La Réunion. Enfin, j’ai rejoint le corps préfectoral dans les Vosges puis dans l’Eure.

Avez-vous demandé votre affectation à La Réunion ?

Je sais que c’est très convenu de dire cela, mais je suis très heureux d’être à La Réunion. J’ai travaillé à plusieurs reprises sur le sujet, mais je n’ai jamais eu l’occasion d’être vraiment en poste dans un département d’outre-mer où j’avais envi d’aller. La Réunion est un très beau poste, que ce soit pour la position de l’île ou les thèmes à aborder.

Jean-Luc Marx, votre prédécesseur, vous a-t-il briefé ?

J’ai eu des contactes avec l’ancien préfet, mais nous ne nous sommes pas croisés physiquement. Nous avons échangé et l’équipe présente m’a bien informé. Je sais que je viens à La Réunion depuis le 29 juillet dernier. Je ne prétends pas connaître l’île, mais j’y suis passé et je connais déjà certains dossiers comme le sucre ou la pêche. Pendant tout le mois d’août, nous avons échangé à propos des thèmes concernant l’île, les orientations et les politiques à mettre en oeuvre.

                              "Vous me verrez peut-être en bord de route !"

Quelles sont vos priorités ?


Avant tout, je tiens à dire que je ne veux pas faire de classement des dossiers. Mais compte tenu des enjeux, notamment démographiques, je veux faire de l’économie et de l’emploi mes priorités. Ces thèmes représentent un gros morceau des politiques publiques menées par l’Etat et les collectivités. Il faut rappeler que l’Etat n’agit pas seul, mais en collaboration avec les collectivités locales.

Ce sont des sujets très importants, des enjeux forts de l’île. Il y a également les grands travaux qui constitueront pour moi des dossiers prioritaires avec la mise en oeuvre de la nouvelle route du littoral qui se concrétise. Je suivrai également l’aménagement du port de La Réunion et le projet de développement de l’activité portuaire, c’est un gros dossier dans lequel j’ai l’intention de m’investir.

Vous êtes connu pour votre engagement pour la sécurité routière…

J’ai fait beaucoup d’opérations en matière de sécurité routière. C’était un fléau dans le département où j’étais avec des vies gâchées inutilement. C’est un thème important en terme d’action et cela fait partie de ces dossiers important. C’est absurde de perdre sa vie dans un accident routier, la plupart d’entre eux sont liés à une conduite inappropriée due à l’alcool ou à une vitesse adaptée. Je vais y accorder beaucoup d’importance et vous me verrez peut-être en bord de route !

Quelle votre position concernant la crise requin ?

L’arrêté a été renouvelé pour 6 mois. Cela va nous permettre d’attendre les résultats d’expérimentations qui ont été mises en oeuvre, notamment la mise en place d’aires surveillées par 7 communes de l’île. Cela va nous donner le temps de déterminer, avec l’ensemble des partenaires, quelles sont les meilleures solutions pour maintenir les activités sur le littoral. Je comprends les préoccupation des intervenants et de ceux qui vivent de cette activité. Dans les Vosges, le loup égorgeait des brebis, il n’y avait pas des vies humaines en jeu. Il faut que l'on fasse très attention en la matière, et prendre en compte les activités économiques, c'est un équilibre à préserver.

Qui allez-vous rencontrer en premier ?

Ma première rencontre est prévue avec les acteurs de la filière sucrière que je tiens d’abord à écouter. Des aides ont été annoncées par le président de la république, il faut maintenant penser aux projets de développement. Les aides doivent se structurer et il faut faciliter cette structuration avec les acteurs concernés.

                              "Je souhaite rencontrer tout le monde"

Quelle sera votre méthode ?


Dans l’Eure, les journalistes ont parlé de " méthode Sorain. " Vous vous m'entendrez souvent utiliser le terme de " travail en réseau. " L’Etat est responsable d'un certain nombre de choses, mais il faut travailler avant tout avec les élus et les acteurs économiques.

Par exemple, il est arrivé un fois qu’une entreprise appartenant à un Finlandais soit menacée de fermeture. Je suis donc allé en Finlande avec le président du conseil général pour convaincre les actionnaires de céder leurs actifs à un groupe thaïlandais.

D’ailleurs, avez-vous prévu des rencontres avec les élus de l'île ?

Je commence ce jeudi ma tournée de l'île. Je vais essayer de voir le maximum de personnes, je n'ai pas tout en tête, mais l’équipe de la préfecture a commencé avant mon arrivée à préparer les rendez-vous. Je souhaite rencontrer tout le monde, que ce soit les élus, les établissements consulaires, les organisations professionnelles…

Puis, certaines échéances, comme le conseil d'administration du port, me permettront d'entrer dans le vif du sujet. Par exemple, lors de la cérémonie du dépôt de gerbe, j’ai vu le maire de Saint-Denis, mais on a surtout parlé d'emploi jeune, de rénovation urbaine…

A ses débuts, Jean-Luc Marx a vu l'un des maires de l’île camper dans les jardins de la préfecture. Êtes-vous prêt à toute éventualité ?

Je suis prêt à tout, mais je préférerai qu’il vienne me voir ou appelle la préfecture. Cela me paraît plus simple, ce n’est pas la peine de passer par la case occupation du jardin. On peut être en accord ou non sur certains sujets, mais cela n'empêche pas de discuter. Après tout, je viens d'un département où il y a 675 communes et 92 syndicats intercommunaux… 24 communes, ce sera plus facile.

D’un point de vue personnel, profiterez-vous de La Réunion ?

Dans les Vosges, je me suis remis au ski. Dans l’Eure, j’ai redécouvert l’équitation. Alors pour La Réunion, je dois dire que la mer me branche assez. J’aime la natation, j’ai un passé maritime… Mais je respecterai mon arrêté ! Puis, je me demande si je ne vais pas faire un peu de randonnée dans l’île.

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