Dans la dramaturgie bien réglée qui préside au suivi national des chiffres de l'Emploi, ou plus précisément du chômage, on en est réduit, faute de bonne nouvelle, à mettre en exergue la réédition de piètres records, ainsi, celui de 1997, le dépassement de la supposée barre fatidique des 3,195 millions de chômeurs. Dans les faits, si l'on passe outre les subtilités déclaratives du classement retenu par le gouvernement, il y a belle lurette que l'on est au-delà ce cap, et pour cause, fin février, le phénomène pouvait déjà être apprécié à hauteur de 4,7 millions de chômeurs, par la simple addition des catégories B et C à la catégorie A, qui fait seule l'objet d'une communication ostentatoire.
Il est donc inutile d'attendre le pire, la France l'a déjà atteint et La Réunion flirte avec depuis bien longtemps. Fin février 163 950 personnes y étaient inscrites à Pôle Emploi, 9,3% de plus que l'année précédente… Fait aggravant dans notre département, par rapport aux moyennes nationales, la proportion des chômeurs de longue durée dépasse allègrement les 50% des effectifs de Réunionnais privés d'emploi, de même que les jeunes "actifs" âgés de 15 à 24 ans, dont 60 % sont au chômage depuis plus d’un an.
Contrats de génération, contrats d'avenir, crédit d'impôts compétitivité emploi (CICE), sont les réponses du gouvernement à cette situation, pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi oblige, mais il est peu probable que ces dispositifs suffisent inverser la courbe du chômage, en métropole ou à La Réunion.
D'ailleurs, le préfet Marx, lorsqu'il quantifie le flux d'emplois d’avenir signés à La Réunion, ne peut guère attester que de 250 contrats signés, pour 300 en cours de signature, et 900 en instruction, début avril, sur un quota de 5000 pour 2013.
Ce problème vaut pour l'ensemble de la France, et force est de constater que les emplois d'avenir ne séduisent pas les associations et les collectivités territoriales (le secteur non marchand), qui sont censées les utiliser, et signer avec des jeunes en mal de qualification, peu diplômés, des contrats de travail en CDD ou en CDI subventionnés sur trois ans, à hauteur de 75% du smic, par l'État…
Ce qui s'explique assez facilement par le fait que les associations sont plus chichement subventionnées par les collectivités locales qu'auparavant, du fait de la raréfaction de l'argent public. Après le gel des dotations d'Etat initié par François Fillon dans le cadre de la réforme territoriale, et prorogé par Jean-Marc Ayrault, les collectivités sont contraintes de faire avec une baisse de 4,5 milliards d'euros des dotations d'État sur deux ans… En conséquence de quoi, les embauches qui découlent des contrats Emploi d'avenir sont majoritairement des CDD, ou des contrats courts.
Nombreux sont les Français qui pensent qu'après le mariage… pour tous, il serait bien temps de s'atteler à l'emploi pour tous. Sans doute sont-ils entendus, puisque le Président Hollande et le gouvernement ont réaffirmé et réitéré leur volonté "d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année".
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Vivement les municipales 2014 , en remerciant la " Gôche " normale sortie des urnes , un 6 Mai 2012 ...