Un kabar est organisé ce samedi après-midi à Trou d'Eau

Esclavage : une journĂ©e pour se souvenir et ne pas oublier l'histoire de Furcy

  • PubliĂ© le 9 mai 2015 Ă  12:42
Furcy

A la veille de la journée commémorative du souvenir de l'esclavage et de son abolition, un kabar est organisé ce samedi 9 mai 2015 à partir de 16 heures sur la plage Trou d'eau par l'association Libèr Nout Furcy. L'occasion de rappeler l'histoire de cet esclave réunionnais qui a assigné son maître en justice pour réclamer sa liberté.

"Je me nomme Furcy. Je suis né libre dans la maison Routier, fils de Madeleine, Indienne libre, alors au service de cette famille. Je suis retenu à titre d’esclave chez Monsieur Lory, gendre de Madame Routier. Je réclame ma liberté." En 1817, l'esclave réunionnais Furcy assigne son maître en justice à Saint-Denis. Du jamais vu à l'époque.

Alors que La Réunion recherche davantage de main d'oeuvre pour sa production de sucre, le jeune homme trouve du soutien auprès du procureur général Louis-Gilbert Boucher. En revanche, il devra faire face au commissaire ordonnateur de l'île Bourbon : Joseph Richemont Desbassyns. Son procès, qui attirera de nombreux regards jusqu'à intéresser la presse parisienne, durera pendant 27 ans.

A Saint-Denis, les propriétaires craignent que l'esclave ne soulève une brèche judiciaire. Débouté en première instance et en appel, Furcy se pourvoit finalement en cassation. Le 22 décembre 1843 - après plus d'un quart de siècle de procédure - la justice française reconnaît que "Furcy est né en liberté." L'homme aura finalement gagné son combat, sans aucune violence, sans verser une seule goute de sang, mais non sans combattivité.

L'histoire est révélée au grand public par Mohammed Aïssaoui dans son livre "L'affaire de l'esclave Furcy" publié en 2010. L'oeuvre a notamment reçu le prix Renaudot de l’essai 2010, avant d'être adapté sur les scènes des théâtres réunionnais. Mais aujourd'hui, certaines associations estiment que la place accordée à ce procès historique est marginale à La Réunion.

"Pas une rue, pas une place, pas une ruelle, pas même une impasse ne porte son nom. Pas un buste, pas une plaque, pas une stèle ne l’honore. Je ne comprends pas", souligne Gilles Dégras, sur son blog Bondamanjak. C'est ainsi qu'est né le mot d'ordre "Libèr Nout Furcy" que l'on retrouve inscrit sur les ponts, les murs et les arbres aux quatre coins de l'île. Une chanson intitulée "LorDeFurcy" a également été interprétée en octobre 2014 par l'artiste Kaf Malbar.

Ce samedi après-midi, à partir de 16 heures, de nombreux artistes vont se succéder sur la plage de Trou d'eau : Franswa Tibère, Patirck Manoro, Lorkès Tapok, Ras Maron, Tricodpo, Mawachy, Kabass, Franky Lauret, Mikael Kourto, Gouslaye… Tous sont réunis dans le même but : ne pas oublier l'histoire de cet esclave réunionnais qui a lutté pendant 27 ans pour que sa liberté soit reconnue.

www.ipreunion.com

guest
0 Commentaires