Nouvelles tendances alimentaires

Grillons, criquets... Des pĂątes aux insectes 100% "made in France"

  • PubliĂ© le 1 mars 2016 Ă  04:56
"L'Atelier à pùtes" fabrique des produits à base de farine d'insectes, le 8 février 2016 à Thiefosse en France

"Ce qui nous rĂ©pugne, c'est le nom de l'ingrĂ©dient. Mais en vĂ©ritĂ© c'est dĂ©licieux, surtout avec du gibier", sourit Alain Limon en s'apprĂȘtant Ă  lancer de nouvelles fournĂ©es de pĂątes saveur grillon ou criquet. Ou grillon-criquet pour les plus gourmets.

A 52 ans, Alain Limon est l'unique salarié de l'Atelier à pùtes de Thiéfosse en Lorraine, au coeur du massif des Vosges (est de la France). Mais la petite usine de fabrication artisanale, créée en 2012 par une professeur de français, envisage d'embaucher à nouveau face au succÚs de sa derniÚre création: les pùtes aux insectes.

"L'insecte, c'est la protéine du futur, de trÚs haute qualité, bien assimilée par l'organisme et sans gluten", explique la fondatrice des lieux, Stéphanie Richard. La petite fabrique produit quatre sortes de pùtes, toutes à base de farine de petit épeautre: grillon, criquet, grillon et criquet, ou grillon et cÚpe. "Il y a un petit goût de noisette grùce au cÚpe et cela ressemble à des pùtes au blé complet d'un point de vue gustatif", précise la quadragénaire.

StĂ©phanie Richard travaillait Ă  l'Ă©laboration d'une pĂąte hyperprotĂ©inĂ©e pour sportifs lorsqu'un producteur d'insectes lyonnais l'a contactĂ©e pour lui soumettre son idĂ©e. Convaincue, elle a lancĂ© la production de pĂątes aux insectes pour les fĂȘtes de fin d'annĂ©e. Environ 500 paquets se sont Ă©coulĂ©s en l'espace de quelques semaines.

"Le produit a eu un Ă©norme succĂšs tant il a suscitĂ© la curiositĂ©", se rĂ©jouit Mme Richard qui entame, face Ă  la demande, sa deuxiĂšme production. Dans sa machine, Alain Limon mĂ©lange la farine d'Ă©peautre bio en provenance de Toul, la farine d'insectes (7%) et les Ɠufs entiers.

La pĂąte brunĂątre ressort alors sous forme de radiatori - des pĂątes en forme de petit radiateur aux bords canelĂ©s -, fusilli, crĂȘtes de coq, spaghettis ou penne. Il faut ensuite les sĂ©cher pendant 12 heures Ă  basse tempĂ©rature, avant de pouvoir les placer dans des sachets en papier craft. En une journĂ©e, l'ouvrier produit 180 Ă  200 kg de pĂątes, toutes saveurs confondues.

A ses dĂ©buts, en 2012, Mme Richard produisait des pĂątes nature aux Ɠufs frais. Puis elle a diversifiĂ© sa production, estampillĂ©e 100% lorraine, avec des produits locaux tels que l'ail des ours, les orties, le safran ou le petit Ă©peautre.
"Tout est produit en Lorraine", insiste-t-elle. Seule la semoule de blé dur, dont la culture est incompatible avec le climat de la région, est "importée".

PrĂšs de quatre ans plus tard, "ça marche tellement bien que nous pourrons bientĂŽt embaucher une deuxiĂšme personne", affirme StĂ©phanie Richard, fiĂšre de sa production hebdomadaire, qui avoisine les 400 kg. Elle ne compte pas s'arrĂȘter lĂ : l'entrepreneuse travaille Ă  une nouvelle recette Ă  base d'un fromage emblĂ©matique du nord de la France, le Maroilles, et souhaite aussi se lancer dans la fabrication de pĂątes fourrĂ©es.

A un peu plus de 6 euros le sachet de 250 g, les pùtes aux insectes restent plus chÚres que des pùtes classiques, mais elle peuvent, souligne la créatrice, remplacer la viande pour les personnes qui n'en mangent pas - ou qui préfÚrent les grillons.

AFP

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