Grèves des stations-service et manifestations lycéennes

La Réunion sous haute tension

  • PubliĂ© le 2 fĂ©vrier 2014 Ă  05:00
Manif lycées

Entre les manifestations lycéennes d'un côté et la grève des gérants de stations-service de l'autre, l'île est en proie à deux mouvements concomitants mais très différents. Ces deux colères portent pourtant en elles, chacune à leur manière, les germes de tensions plus vives, les motivations des uns et des autres n'étant pas toujours bien comprises par la population. De quoi créer un climat propice à tous les excès, sur fond de tensions sociales toujours présentes.

Une fois n’est pas coutume, c’est au Port que se cristallisent les deux conflits. Devant la SRPP (Société de réunionnaise de produits pétroliers), où les gérants de stations-service ont installé leur campement afin d’empêcher tout ravitaillement jusqu'à nouvel ordre. Et devant les lycées Jean-Hinglo et surtout Lepervanche, où ont été observés les principaux débordements des manifestations collégiennes et lycéennes.

En dehors de la géographie, les deux mouvements n’ont toutefois pas beaucoup de points communs. La grève des gérants de stations touche l’ensemble des DOM et traduit à la fois l’angoisse économique d’une profession et la colère face à un gouvernement accusé de mépris envers l’outre-mer. Les exploitants ont un objectif clair : obtenir un délai et le droit à la parole sur la mise en application du décret Lurel visant à réguler les prix des carburants.

Du côté des lycéens en revanche, on se retrouve face à des manifestations beaucoup moins structurées, confuses et disparates. Parties du Sud (Saint-Pierre, Saint-Louis, Le Tampon), elles visaient d’abord à réclamer des climatiseurs et des ventilateurs dans les salles de classe, avant que ne se répande la revendication de l’adaptation du calendrier scolaire aux aléas climatiques tropicaux. Mais alors que le calme est revenu dans le Sud, le mouvement s’est transposé dans l’Est et surtout dans le Nord et le Nord-Ouest, où se mêlent désormais des doléances aussi diverses que le réaménagement d’une cafétéria ou la création d’un abri pour la pluie.

Mais malgré ces divergences profondes entre un mouvement jeune et peu organisé et un autre géré par un puissant syndicat adossé à une intersyndicale, ils pourraient tous deux à leur manière s’avérer porteur de risques.

Côté lycéen, le manque d’organisation permet à des petits groupes extérieurs de se mêler aux manifestants et de profiter du désordre, comme cela fut le cas à Saint-Louis ou à Saint-Pierre dans les premiers jours, mais surtout au Port ce mardi et ce jeudi. Les abords du lycée Lepervanche ont ainsi été le lieu de plusieurs face-à-face tendus entre jeunes aux motivations obscures et forces de l’ordre, avec jets de galets et incendies de poubelles d’un côté, grenades lacrymogènes de l’autre. Pas forcément rassurant lorsque l’on sait que c’est fréquemment du Port que partent les premières mèches de crises plus importantes.

Chez les gérants de stations-service, les menaces sont multiples. La première est une paralysie d'une île qui risque bientôt de se retrouver en panne sèche, les grévistes étant décidés à maintenir le blocage de tout ravitaillement tant que le gouvernement ne rouvrira pas la porte de la discussion. Or pour le ministre Victorin Lurel, céder serait un aveu de faiblesse. Le carburant devrait donc rapidement devenir une denrée rare. Mais si les cuves se vident, la colère des usagers, elle, se remplit.

Du côté de l’aéroport Roland-Garros, on dispose de réserves permettant de tenir trois à quatre jours, mais la situation pourrait rapidement devenir problématique. Quant aux acteurs du monde économique – notamment les transporteurs –, ils ne toléreront sans doute pas très longtemps de laisser leurs véhicules au garage.

Privée de carburant alors que sa jeunesse est dans la rue, souffrant de maux sociaux et économiques récurrents, La Réunion risque ainsi de se retrouver plus que jamais la proie de mouvements d’humeur pas toujours contrôlables.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
lictacbib
lictacbib
11 ans

je pense que pour la periode chaude les lyceens doive aller en cours a 6 h du matin jus'qua 13h a la fraiche et l'apres midi chez eux

sudiste
sudiste
11 ans

C'est vrai qu'on est pénalisé par ce mouvement mais moi je dit à Mr Lebon c'est bien au moin y a des gens qui ce laisse pas faire et intimider par cette politique. On nous parle de baisser le chomage! Aujourd'hui on constate l'echec et ce gouvernement fera qu'aggraver la situation. On est des réunionnais et réunionnaises qui veulent travaillé et ne pas etre remplacer par des machines. Dommage qu'à la réunion on est pas tous solidaire comme ailleurs.

Citoyens
Citoyens
11 ans

Et c'est signé: CGTR ! Merci de tant aimer votre île et vos compatriotes!!

daoud
daoud
11 ans

C'est parfait pour faire fuir le tourisme, affaiblir l'économie, diviser les gens, pourrir un peu plus la situation de l'île, alors continuez à gréver ! bloquez tout ! Cassez tout, pas grave, Holande vous donnera des sous pour reconstruire, pleure marmaille ! pleure !!! tu gagnera du bon tété de François.