Lors d'une conférence de presse ce vendredi 15 janvier 2016, le sénateur Paul Vergès a mis en garde sur le "silence du monde politique réunionnais" sur les changements historiques actuels qui concernent directement La Réunion et les Outre-mer. Deux textes seront prochainement étudiés par au Parlement sur la réforme constitutionnelle et sur l'égalité réelle.
Vous êtes inquiets du silence des hommes politique locaux, pourquoi?
La Réunion va connaître un changement historique par la venue en débat à l’Assemblée nationale et au Sénat de la proposition qu’avait faite le président de la République, lors de sa visite en Guadeloupe, qui s’est traduite par deux projets : un sur la réforme constitutionnelle, qui concerne le statut de la Réunion, des Antilles, de la Guyane etc, et un autre sur la loi contre les inégalités afin d'atteindre l’égalité réelle dans 20 ans.
Ces deux textes ont été rédigés, on annonce qu’ils vont être mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale fin janvier ou début février et au Sénat en mars.
Il y a en ce moment un débat en Martinique, Guadeloupe, Guyane et dans tout l’Outre-mer sur le changement fondamental du statut, des droits et des compétences de nos Régions. Pourquoi c'est le silence total dans le monde politique réunionnais alors que cela engage l'avenir de La Réunion, s'inscrit dans les changements qu'il y a en France, en Union européenne, dans notre région, sur le climat, la démographie, la mondialisation...? Ca relève de l’irresponsabilité absolue et, au moment où je vais partir pour participer à ce débat, je me suis dit qu'il fallait que je mette en garde l’opinion.
Pourquoi ces textes sont si importants ?
Dans notre courte histoire, nous avons connu l’esclavage pendant près de deux siècles, le régime colonial direct pendant un siècle (1848 - 1946), une période d’intégration à la République par le classement comme département pour atteindre l’objectif fixé par la République de l’égalité, de la liberté.
Cet objectif de l’égalité n’a pas été atteint et la Guyane, La Réunion, la Martinique etc sont en crise à cause de ça. C’est pourquoi, en Guadeloupe, François Hollande a dit "je vais changer tout et je vais, sur le plan de la politique, du statut, mener l’objectif fixé : l’égalité entre les citoyens d’Outre-mer et les autres". C’est pourquoi une nouvelle ère commence.
Sans cette égalité réelle, les département d’Outre-mer seraient donc dans l’incapacité d’affronter les défits qui nous attendent : climatique, démographique etc...?
Pour y arriver, il faut une société qui soit stable. Pour qu’elle soit stable, il faut qu’il y ait le moins d’inégalités possible, il faut l’union de tout le monde pour affronter les épreuves que nous allons connaître. Or la société réunionnaise est la plus inégalitaire qui existe. C’est le problème du chômage, de la grande pauvreté, du chômage des jeunes, de la crise de la canne à sucre etc. C’est à ça qu’il faut mettre fin par une nouvelle organisation institutionnelle et une nouvelle politique.
J’espère que cette nouvelle ère sera celle du developpement durable et solidaire dns un nouveau contexte planétaire africain, européen et français.
www.ipreunion.com
Monsieur Paul :
On peut partager ou pas sa vision politique, mais il n’est plus pensable que ce Monsieur coure encore et toujours selon certains, après la gloriole. Cette ténacité, cette pugnacité forcent l’admiration.
Quant à l’interpellation à propos de cette nouvelle réforme constitutionnelle envisagée pour les DOM, il faut se souvenir qu’un Ministre ou Président de la 5me République (date de la citation ?), a déjà annoncé à propos de l’outre mer que : « la France n’a pas vocation à entretenir des danseuses ». Récemment la cour des comptes et des députés se sont « interrogés » sur le bien fondé de certaines départementalisations. L’avenir de l’outre de mer sera toujours lié au résultat d’un vote. Les élus locaux avant de s’engager pour les « confettis » avant l’essentiel, comme c’est trop souvent hélas le cas, doivent toujours avoir en perspective ce « petit détail » contre lequel la volonté d’un DOM ne pèse pas lourd.