Femmes en détresse

La violence est aussi morale

  • Publié le 27 août 2009 à 16:43

Marie est une jeune mère de famille. Elle a été victime de violences morales de la part de son concubin pendant près de 10 ans avant d'avoir le courage de dire "non". En mai 2009, elle quitte le domicile familial et trouve refuge dans une famille d'accueil. Aujourd'hui, elle tente de se reconstruire avec ses 2 enfants.

C'est en 1998 que tout commence, lorsqu'elle rencontre son ex-concubin. Marie avait alors une fille née d'une relation précédente. "Quand c'est le début tout est beau, tout est nouveau. Je ne voyais que ses bons côtés, je pensais donc que c'était le bon", explique t-elle. Autre argument qui a joué en faveur de son ex-concubin, il aimait beaucoup la fille de Marie, ce qui était très important pour la mère.

Après 2 années où les amoureux ont "appris à se connaître", ils décident d'emménager ensemble. Ils réunissent leurs économies et achètent ensemble une maison. C'est à ce moment-là que le cauchemar de Marie commence. "Il a commencé à me dicter ce qu'il fallait faire, il m'imposait son avis", raconte la jeune mère. Ce comportement étonne Marie mais elle ne se rebelle pas.

Au fil du temps, les choses empirent. L'homme s'en prend à la fille de Marie. "Il la grondait pour un oui ou pour un non". Les réflexions désagréables se multiplient. "Quand la nourriture ne lui plaisait pas, il jetait la marmite. Il fallait que je cuisine pour lui". Puis en 2003, Marie tombe enceinte de son concubin. Elle accouchera d'un garçon. Son ami quant à lui continue à la dénigrer, l'accusant de ne pas savoir élever ses enfants. Il mène dans le même temps une double vie que découvrira Marie.

Lors d'une violente dispute, son concubin lève la main sur elle. "C'est la première et dernière fois qu'il m'ait frappée", précise la jeune femme. En effet, suite à ce coup, elle le poursuit en justice. Il s'en tirera avec un sursis. Le couple quant à lui vit toujours ensemble, et les violences morales continuent.

En 2006, Marie tente une première fois de quitter le domicile familial. Elle se réfugie chez une famille d'accueil mais devra rentrer chez elle au bout de 4 mois. Et pour cause, d'une part le garçon de 3 ans réclamait son père. D'autre part, l'assistante sociale n'a pas vraiment pris son cas en considération. Enfin, son ex-concubin lui promettait de changer. Elle accepte. "Ce fut une nouvelle erreur", regrette t-elle.

Les violences morales augmentent encore. "Il me rabaissait, en privé mais aussi en public". "Il disait que j'étais grosse ou que je conduisais mal. Lorsque nous étions invités, il m'empêchait de danser avec qui que ce soit. Dès qu'il y avait quelque chose, il me faisait une scène. Et je ne me sentais pas chez moi. Il parlait de sa maison, jamais de la nôtre", relate Marie.

Cette situation va perdurer jusqu'en janvier 2009. À ce moment-là, l'homme met sa belle-fille à la porte suite à une altercation. L'adolescente se réfugie chez sa grand-mère maternelle. Marie quant à elle songe à s'en aller. "Mais comment ? Où aller ?", s'interroge t-elle. "Et j'avais peur d'éventuelles représailles", ajoute t-elle. Puis, en mai 2009, elle décide de faire le grand saut. Elle se rend auprès d'une assistante sociale qui constatera les faits. Elle est mise en contact avec l'Association réunionnaise d'éducation populaire (AREP) qui, en l'espace de 2 semaines, trouve une famille d'accueil pour elle et ses 2 enfants.

Désormais, Marie vit chez Michelle et sa famille. "Je suis l'opposée de la femme que j'étais. Je fais ce que je veux, je prends mes décisions et je vis pour moi-même", se réjouit la mère de famille. Un seul regret, celui de ne pas avoir fait le pas plus tôt. "J'étais en proie aux doutes, c'est ce qui me freinait", avoue t-elle. Aujourd'hui, elle est vraiment décidée à refaire sa vie avec ses enfants. Quant à l'idée de revivre avec un homme, elle exclut complètement cette idée. "Je ne veux plus vivre avec un homme qui me bafouerait", répond la jeune femme.

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