À 22 heures ce mardi 25 octobre 2011, le feu, attisé par le vent, avait déjà ravagé une quarantaine d'hectares de forêt dans la zone des hauts de l'ouest comprise entre la falaise du Grand Bénare et le gîte des Tamarins situé sur la route forestière. Le sinistre se situe à proximité immédiate du feu gigantesque qui avait englouti près de 800 hectares en 2010. Qualifié "d'important et inquiétant" par les pompiers, l'incendie qui a éclaté ce mardi après-midi s'étalait en milieu de soirée sur 7 mètres de long et 5 de large. Venant de toutes les casernes de l'île 80 pompiers et une trentaine de véhicules de secours sont engagés dans la lutte contre les flammes. L'enjeu est de protéger les zones à fort potentiel patrimonial (en termes de flore et de faune endémiques) qui n'avaient pas brulé en 2010
"Nous sommes en train d'intervenir d'une part pour empêcher le feu de passer en contrebas de la route forestière au niveau du gîte des Tamarins, d'autre part pour protéger la zone de la piste Alfred afin que les flammes ne basculent pas sur la route forestière" explique le commandant Murcy qui dirigent les sapeurs pompiers sur place. À ce moment précis lui et ses hommes ont pour principal ennemi le vent fort et changeant qui attise le feu.Hautes de plusieurs mètres, les flammes dévorent tout sur leur passage. La tâche des pompiers n'est pas facile. Le foyer est très difficile d'accès et les rafales de vent le font avancer très vite, menaçant ainsi directement la sécurité des soldats du feu. "Dans un premier temps nous avions installé notre PC non loin du gîte des Tamarins. Nous l'avons déplacé, les flammes arrivaient beaucoup trop vite dans cette direction" note un pompier. De fait, vers 20 heures, le feu menaçait de sauter la route forestière. Il est maintenu à grand peine par les pompiers.
Des véhicules de secours arrivent en renfort de toute l'île. Forts de la triste expérience de l'incendie d'octobre 2010 "nous avons demandé que les moyens lourds de lutte contre le feu soient immédiatement mobilisés" déclare Christophe Caumes du Parc national. "Il faut absolument éviter que la zone épargnée par le sinistre de l'année dernière soit maintenant la proie des flammes" insiste-t-il. Et pour cause. Dans cette zone comprise dans l'axe allant du Petit au Grand Bénare se trouvent 90% des espèces endémiques de la flore et de la faune réunionnaise.
"Dès demain matin (mercredi matin - ndlr), nous allons effectuer des reconnaissances en hélicoptère afin de nous rendre compte très précisément de l'étendue du sinistre. Les hélico bombardiers d'eau vont ensuite entrer en action pour protéger toute cette zone" indique le commandant Murcy.
"C'est avec un très grand sentiment de tristesse que nous vivons ce qui est en train de se passer. Il y a à peine un an près de 800 hectares ont brulé. C'est la même catastrophe qui a commencé" ne cache pas Jannick Payet du Parc national. Lui comme ses collègues resteront toute la nuit sur place avec les pompiers. Pour les aider comme ils peuvent.
Les gendarmes aussi resteront là toute la nuit. Pour interdire l'accès de la route forestière aux automobilistes, mais aussi pour sécuriser le site. Car selon les premières constatations l'incendie ou plutôt les incendies, il y en a plusieurs, ont été allumés volontairement.
En effet, dans l'après-midi, un premier signalement de départ de feu aux abords du Piton des Orangers a été reçu par les pompiers à 14h56. Plusieurs foyers, à Piton Rouge, Grand Bénard et Tévélave, se sont ensuite déclarés simultanément. Peu de temps après un foyer était signalé sur le chemin des Anglais à la Possession. C'est cette simultanéité qui accrédite la thèse d'actes volontaires. Cela d'autant que tous les départs de feux sont survenus au c?ur du massif forestier dans des zones très difficile d'accès.
En fin d'après-midi, les trois foyers de Piton Rouge, Grand Bénard et Tévelave ont fusionné pour créer le grand front de flammes virulent qui continue de ravager la forêt. Un foyer du Piton des Orangers, a pu être traité par deux hélicoptères bombardiers d'eau. Le cinquième incendie sur le chemin des Anglais à La Possession a pu être éteint après avoir dévoré deux hectares.
Ces incendies arrivent quasiment un an jour pour jour après le terrible incendie qui a ravagé le Maïdo. Pour rappel, le lundi 11 octobre 2010, deux foyers d'incendie, sans doute volontaires, ont éclaté au Maïdo. En raison de la configuration des lieux, les pompiers se sont déclarés immédiatement pessimistes quant à la maîtrise du sinistre. Ils ont eu raison. Ce n'est que 12 jours plus tard, le vendredi 22 octobre, que l'incendie a rendu les armes après une lutte acharnée contre les soldats du feu.
En moyenne, près de 60 agents de l'ONF, 220 pompiers et 140 militaires ont été sur le terrain pendant près de 3 semaines. L'avion bombardier Dash 8 ainsi que des renforts nationaux de la sécurité civile sont également intervenus sur l'incendie du Maïdo.
Selon les chiffres du parc national, les flammes ont eu le temps de ravager 789 hectares dont 775 hectares situés en plein c?ur du patrimoine de l'Unesco et abritant de nombreuses espèces animales et végétales souvent endémiques.
















