Développement durable

Le photovoltaïque victime de son succès

  • Publié le 25 août 2010 à 12:50
Panneaux photovoltaïques (photo d'archives)

Le ministère du développement durable a annoncé ce mardi 24 août 2010 une révision des tarifs d'achats par EDF de l'énergie produite par les panneaux photovoltaïques. A compter du 1er septembre, ce prix d'achat baissera de 12% pour les installations qui produisent plus de 3 Kilowatt-crête d'électricité (soit 30m2 de panneaux). Une baisse due au succès croissant de l'énergie photovoltaïque, en France et à La Réunion. Malgré cette évolution, "les tarifs de rachat du photovoltaïque resteront parmi les plus favorables en Europe", souligne le gouvernement.

En l'espace de 2 ans, le parc photovoltaïque a été multiplié par 10 en France, passant de 81 mégawatt fin 2008 à 850 mégawatt fin 2010. Et les projets déposés à ce jour représentent plus de 3 000 mégawatt. "La France est très largement en avance sur la mise en ?uvre des objectifs du Grenelle Environnement", note le ministère du développement durable.

A La Réunion, les chiffres sont tout aussi éloquents. Entre 2008 et 2009, le parc photovoltaïque a été multiplié par 4. A la fin de l'année 2009, 40 Mégawatt-crête de système photovoltaïque étaient raccordés au réseau réunionnais, pour produire 50 Gigawatt d'électricité par an, soit 2% de la production électrique locale. L'île accueille par ailleurs la plus grosse installation photovoltaïque de France (12 Mégawatt-crête). Elle se situe à Sainte-Rose (projet de la Roseraye).

Pour le gouvernement, "l'essor spectaculaire du photovoltaïque français démontre que la phase d'amorçage de la filière est achevée". Par conséquent, décision a été prise de revoir les tarifs de rachat par EDF de l'énergie solaire à partir du 1er septembre. Dans son communiqué, le ministère parle "d'ajustement". Cet ajustement résulte essentiellement de la diminution des coûts des équipements photovoltaïques, qui représentent environ la moitié du coût des projets d'installation. L'objectif est de freiner les spéculations dans le secteur.

Dans les détails, cette révision tarifaire ne concernera pas les installations dites "domestiques" à savoir celles d'une puissance inférieure à 3 Kilowatt-crête (soit 30m2 de panneaux). Le tarif d'achat restera à 58 centimes d'euros par kilowattheure.

Les grosses installations sur bâtiment ou au sol seront affectées par cette baisse des tarifs d'achat. Ainsi, l'énergie produite par les panneaux intégrés au bâti sera rachetée entre 51 et 37 centimes d'euros par kilowattheure à partir du 1er septembre. Concernant les panneaux au sol, l'énergie produite sera rachetée à 35,2 centimes d'euros par kilowattheure dans les département d'outre-mer (contre 33,12 centimes dans le Nord de la France et 27,6 centimes dans le Sud).

Certaines installations bénéficieront tout de même des anciens tarifs. C'est le cas des projets "ayant déjà fait l'objet d'une demande complète de raccordement auprès du gestionnaire de réseau" et des projets sur bâtiment agricole "en cours d'examen dans les préfectures au titre de l'arrêté du 16 mars 2010, si ceux-ci ne peuvent obtenir l'attestation requise leur accordant le bénéfice des tarifs de 2006".

Pour Yannick Melle, directeur de Ténésol Océan Indien, société spécialisée dans l'énergie solaire, "cette baisse aura forcément un impact sur les investissements potentiels". Mais impossible pour l'instant de mesurer l'ampleur de cet impact. "Il faudra attendre la fin de l'année pour y voir plus clair", juge t-il. Mais Yannick Melle ne se montre pas critique à l'encontre de cette annonce faite par le gouvernement. "L'engouement pour ce type d'installation a fortement augmenté ces dernières années. En parallèle, le coût des installations a baissé. Nous nous attendions à cette annonce", explique t-il.

De nouvelles évolutions tarifaires sont à prévoir, indique le gouvernement dans son communiqué. Des concertations en ce sens devraient débuter dans les mois qui viennent avec l'ensemble des acteurs du secteur. "Il faut que le gouvernement communique en amont sur ses prévisions de diminution des tarifs ou des aides afin que nous puissions anticiper nos besoins", insiste Yannick Melle.

Mounice Najafaly pour
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