Sébastien Lecornu revient sur sa reconduction à Matignon et affirme n'avoir "pas d'autre ambition"

  • Publié le 11 octobre 2025 à 13:11
  • Actualisé le 11 octobre 2025 à 19:12
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 8 octobre 2025 à Matignon, à Paris ( POOL / Stephanie Lecocq )

(Actualisé) De nouveau sous la menace de censure après sa reconduction très critiquée, Sébastien Lecornu doit constituer dans le weekend un nouveau gouvernement qu'il a espéré samedi "libre" et "pas emprisonné dans les partis", alors que deux ténors des Républicains (LR) ont refusé toute participation.

Contre l'avis général, Emmanuel Macron a finalement reconduit tard vendredi soir son fidèle lieutenant à Matignon. 

Lors de son premier déplacement samedi au commissariat de l'Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne, Sébastien Lecornu a souhaité constituer un gouvernement "libre", comprenant des personnalités "avec des sensibilités partisanes mais pas emprisonnées par les partis" et a rappelé n'avoir "pas d'agenda" personnel.

"Je n'ai pas le sentiment qu'il y avait beaucoup de candidats, pour être complètement transparent", a-t-il ironisé en réponse aux critiques virulentes qui ont accueilli sa reconduction à Matignon.

Mais dès samedi matin, le président des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, ainsi que le président du Sénat Gérard Larcher, se sont prononcés contre toute participation à son nouveau gouvernement lors d'une réunion des parlementaires LR.

Le PS "va faire du chantage à la censure et le prochain gouvernement devra renoncer à tout: le sérieux budgétaire, le régalien, la défense du travail", a expliqué Gérard Larcher, tandis que Bruno Retailleau confirmait que lui-même n'irait pas. Une décision que M. Lecornu a dit "respecter".

Les sénateurs LR se sont également dits favorables à "un soutien sans participation". Vendredi, une très large majorité des députés LR s'était déjà prononcée pour un "soutien" au Premier ministre, estimant que sa reconduction donnait "une chance de stabilité" au pays. C'est donc bien une formule de soutien sans participation qui semble se dessiner.

- "Renouvellement" -

A l'issue d'une folle semaine entamée par sa démission et celle de son premier gouvernement, qui n'aura survécu que 14 heures, Sébastien Lecornu va donc tenter un nouvel essai pour former une nouvelle équipe gouvernementale, entre les menaces de censure des oppositions et un "socle commun" de la droite et du centre largement mis à mal.

Le temps presse pour pouvoir laisser au Parlement les 70 jours requis par la Constitution pour l'examiner avant le 31 décembre. Il faudrait que le texte soit transmis lundi au Parlement, en principe après un passage en Conseil des ministres.

Sébastien Lecornu a prévenu que le futur gouvernement devrait "incarner le renouvellement et la diversité des compétences", demandant aux prochains ministres de "s'engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027". Ce qui, outre Bruno Retailleau, semble exclure le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

Au sein du camp présidentiel, c'est le désarroi qui a dominé ces derniers jours, à mesure qu'une reconduction de Sébastien Lecornu se profilait. Plusieurs personnalités du parti présidentiel Renaissance se sont prononcées contre et son chef, Gabriel Attal, a invité Emmanuel Macron à "partager le pouvoir". Samedi cependant, il a jugé que "le seul enjeu qui vaille désormais, c'est de doter la France d'un budget".

Et le parti Horizons de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe, réuni samedi en bureau politique, continue d'envisager pour la première fois depuis sa création un soutien sans participation au gouvernement si celui-ci touche au "cœur" de la réforme des retraites de 2023.

Or, le Premier ministre a rappelé que sur cette réforme "tous les débats sont possibles, dès lors qu'ils sont dans un cadre réel et réaliste, y compris sur les questions budgétaires". 

- "Par devoir" -

Celui qui a affirmé accepter la mission "par devoir" s'attèle à une tâche éminemment difficile entre les menaces de censure des oppositions et un "socle commun" de la droite et du centre largement mis à mal.

Avec d'abord une première question urgente: qui asseoir à la table du Conseil des ministres lundi pour la présentation du projet de budget 2026, dont l'examen au Parlement doit démarrer au plus vite ?

Le temps presse pour pouvoir laisser au Parlement les 70 jours requis par la Constitution pour l'examiner avant le 31 décembre. Il faudrait que le texte soit transmis lundi au Parlement, en principe après un passage en Conseil des ministres.

Sébastien Lecornu a prévenu que le futur gouvernement devrait "incarner le renouvellement et la diversité des compétences", demandant aux prochains ministres de "s'engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027". Ce qui, outre Bruno Retailleau, semble exclure le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

- "Un nouveau bras d'honneur" -

Le Parti socialiste que l'exécutif voudrait convaincre d'un accord de non-censure dit attendre la déclaration de politique générale du Premier ministre prévue la semaine prochaine.

Mais il a prévenu: sans confirmation "de l'abandon du 49-3, des mesures pour protéger et renforcer le pouvoir d’achat des Français et une suspension immédiate et complète de la réforme des retraites, nous le censurerons".

Le reste des formations politiques d'opposition de gauche n'ont pas attendu longtemps. Dès l'annonce de la reconduction, La France insoumise, le Parti communiste français et les Écologistes ont promis de censurer.

Lecornu 2, "c'est pire qu'une provocation, ça a vraiment un côté de négation totale des votes (…). Finalement, il dit un peu aux Français +je vous emmerde, je fais ce que je veux+", s'est indigné la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain samedi sur franceinfo.

"Un nouveau bras d'honneur aux Français d'un irresponsable ivre de son pouvoir. La France et son peuple sont humiliés", a écrit le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur X, en précisant que la formation de gauche radicale déposerait "une nouvelle motion de destitution du président de la République" et censurerait "immédiatement" le prochain gouvernement.

Même son de cloche à l'autre bout du spectre politique, où le président du Rassemblement national Jordan Bardella a déclaré que son parti "censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir", en dénonçant "une mauvaise plaisanterie, une honte démocratique et une humiliation pour les Français". Position également adoptée par l'allié du RN, Eric Ciotti. 

AFP

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3 Commentaires
Rotaillau et Édouard Philippe lé molle
Rotaillau et Édouard Philippe lé molle
11 heures

On a vu que rotaillau et edourd Philippe n'ont pas le profil pour etre président de la République.
Ils crachent dans la soupe sans cesse.

Maconistes 974
Maconistes 974
11 heures

Les soutiens de Macron a la Reunion rasent les murs et y cachette : les Vira, Selly, Vergoz,
La honte ?

Missouk
Missouk
12 heures

A quand une série sur Netflix ???