Ce vendredi 26 août 2011, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a publié un avertissement à destination des médecins, sur les dangers de l'Épitomax. Indiqué dans le traitement de l'épilepsie et de la migraine, l'Épitomax serait détourné de son usage et utilisé en coupe-faim.
Effet du scandale Médiator ou non ? L'Afssaps semble décider à traquer l'usage de tout médicament à visée amaigrissante, en dehors des indications autorisées. Depuis le vendredi 26 août, l'agence a en ligne de mire, l'Épitomax, un médicament commercialisé par les laboratoires Janssen Cilag et autorisé en France depuis 1996. Prescrit dans le cadre du traitement de l'épilepsie et de la migraine, il est aussi utilisé en coupe-faim.Si, pour l'Afssaps, l'Epitomax ne fait l'objet d'aucune évaluation de son efficacité et de sa sécurité d'emploi dans l'amaigrissement, elle affirme, sur son site internet, que les effets indésirables liés à ce médicament sont "bien connus, nombreux et, pour beaucoup, de fréquence élevée". Parmi les effets graves qui lui sont attribués, l'agence note "des risques au niveau rénal, oculaire ou métabolique". Autres effets secondaires, le médicament diminuerait également l'efficacité de la contraception oestro-progestative chez la femme et, lors d'une grossesse, exposerait le f?tus à des malformations.
Mais pour l'agence de sécurité sanitaire, cette mesure de mise en garde vise notamment les praticiens qui prescriraient de l'Épitomax à leurs patients qui souhaitent perdre du poids. Un médicament alors prescrit hors AMM (autorisation de mise sur le marché). À noter que si les médecins sont libres de prescrire un médicament pour une autre propriété autre que celle initiale, ils s'exposent à des poursuites judiciaires en cas de complications.
À La Réunion, les professionnels de santé semblent étonner de la décision de l'Afssaps. Certains l'ignorant même. "Je n'étais même pas au courant. C'est un médicament que les généralistes ne prescrivent pas souvent", affirme ce médecin de Saint-Denis. "Après tout, les gens demandent tout et n'importe quoi", finit-il par lâcher.
En ce qui concerne une éventuelle comparaison avec le scandale du Médiator, ce médecin généraliste de l'Ouest se montre plus tranché. "On ne peut pas comparer l'Épitomax avec le Médiator. Ce dernier est un médicament beaucoup plus toléré par l'organisme", indique-t-il. Il affirme qu'"une personne prenant de l'Épitomax, afin de maigrir, a de grandes chances de ne pas se sentir en forme", s'exposant à des sensations de fourmillement, des épisodes d'agitation de confusion, voire d'hallucinations. Pour ce médecin, l'Afssaps ne fait que "recadrer simplement certaines dérives".
Un point de vue que partage Éric Cadet de l'URPS (union régionale des professionnels de santé) des pharmaciens de La Réunion. "Le scandale du Médiator aura au moins servi à prévenir tout dérapage et mettre en garde en cas de doute. L'Épitomax n'est pas un médicament léger. Tout ce qui touche au système nerveux est dangereux mais de là à le banaliser ?", affirme-t-il. Néanmoins, le membre de l'URPS note que l'agence française de sécurité sanitaire a revu "sa procédure de réactivité" afin de faire face à de nouvelles alertes.
Au niveau national, selon l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, entre 80 000 et 90 000 boîte d'Épitomax sont vendus par mois.
Rappelons que le scandale du Médiator a éclaté en 2009. Souvent utilisé comme coupe-faim alors qu'il était destiné aux personnes diabétiques, le médicament a causé de nombreux troubles de santé chez les patients, et a même entraîné la mort de certains.
Émilie Sorres pour
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