Le retour partiel vers la retraite à 60 ans se précise. Ce mercredi 6 juin 2012, le gouvernement a annoncé un décret qui autorisera les personnes ayant commencé à travailler tôt et ayant cotisé pendant au moins 41 ans de faire valoir leurs droits à la retraite dès 60 ans, accordant un bonus aux mères de famille et aux chômeurs. Localement, les syndicats disent rester "vigilants". Seules 110 000 personnes sont concernées à partir de 2013.
C'était l'une des promesses de campagne du candidat François Hollande à la présidentielle. Jean-Marc Ayrault, son premier ministre, avait annoncé vouloir la tenir rapidement. Ce mercredi, en conseil des ministres, à la veille des législatives, le gouvernement a enfin dévoilé les contours du décret de la retraite à 60 ans. Un décret qui, a indiqué Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, ouvrirait aux personnes ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans et ayant 41,5 ans de cotisations, - soit 166 trimestres pour ceux nés en 1955 et un peu moins pour ceux nés avant -, "le droit de partir à 60 ans à taux plein". Et cela, sans attendre l'âge légal de 62 ans prévu par la réforme de Nicolas Sarkozy de 2010.Pour le gouvernement, ce décret va notamment améliorer la situation des mères de famille, en leur permettant de gagner deux trimestres supplémentaires considérés comme "cotisés", soit six au lieu de quatre. Et ce, si elles ont eu trois enfants et plus au cours de leur carrière.
Les personnes ayant connu le chômage auront également un coup de pouce en étant gratifié de deux trimestres. "Cela permettra à des seniors chômeurs de longue durée proches des 60 ans de pouvoir partir en retraite alors que leurs ressources sont actuellement très faibles, compte tenu de la suppression par le gouvernement Fillon de l'allocation équivalent retraite (AER) qui faisait la jonction entre la fin de l'indemnisation chômage et la retraite", rapporte l'AFP.
Si selon Marisol Touraine, cette décision du gouvernement est "une mesure de justice qui concerne ceux qui ont été le plus durement pénalisés par la réforme de 2010", les syndicats locaux disent rester vigilants. "Cette annonce va dans le bon sens mais est largement insuffisante. Si c'est pour s'arrêter à un retour partiel à 60 ans, François Hollande ne tient pas ses engagements. Au contraire, si le gouvernement élargit le débat, ce sera une bonne chose", affirme Christian Picard, secrétaire départemental de la FSU.
Du côté de la CFTC, le discours est sensiblement le même. Paul Junot, secrétaire départemental, ne se dit "pas déçu dans la mesure où ce n'est pas un retour total de la retraite à 60 ans". Il estime que ce décret est "un petit arrangement pour montrer que la promesse de campagne a été tenue".
Enfin, Ivan Hoarau, secrétaire général de la CGTR, note que "le cycle infernal qui consiste à toujours allonger l'âge de la retraite est arrêté". "C'est un premier pas. Il faut ouvrir un débat global et examiner la question de pénibilité", souligne-t-il. Toutefois, il regrette que l'allocation équivalent retraite n'ait pas été retenue. "Vigilant", il conclut : "il faut se battre pour aller plus loin et pousser vers une retraite à 60 ans".
Selon le gouvernement, le décret, qui doit être examiné par le conseil d'État, sera publié au Journal Officiel au début de l'été. Coût de la mesure : 3 milliards d'euros par an en fin de quinquennat contre 5 milliards initialement prévus.

