Vente d'artifices de divertissement

Pétards : interdits mais tolérés

  • Publié le 15 décembre 2011 à 06:00
Photo Philippe Boyer pour www.ipreunion.com

Impossible pour certains Réunionnais de passer les réveillons de Noël et du Nouvel An sans eux. Si depuis quelques années, la législation se durcit concernant leur vente, les réveillons continuent pourtant d'être "sonorisés" par les pétards ou les fusées. Car s'ils sont interdits à la vente tout au long de l'année, les artifices de divertissement sont tolérés pour les fêtes. Pour cause, ils génèreraient un business important.

Dans les rues de Saint-Denis, si seul un petit vendeur "sur table" a pour l'instant installé ses quartiers, on sait déjà que les amateurs de fusées, chandelles et pétards pourront davantage trouver bonheur dès ce samedi, soit une semaine avant le réveillon de Noël. Il faut dire que sans ces artifices bruyants, difficile pour certains Réunionnais de concevoir les fêtes de fin d'année, tant ils sont solidement ancrés dans les traditions réunionnaises.

Pourtant à l'image des traditionnelles "batay coqs", la vente des "artifices de divertissement" est légalement interdite toute au long de l'année mais elle est tolérée, uniquement à La Réunion, durant la période des fêtes. Pierre Maunier, chargé de la législation sur les armes et explosifs auprès de la direction départementale de la sécurité civile, note, en substance, que "si les ronds de coqs sont reconnus comme une tradition, telles les corridas de Nîmes, et tolérés, les pétards relèvent aussi de l'aspect festif".

Le chargé de législation sur les armes et explosifs explique cette tolérance par un aspect surtout "économique". "La vente des pétards génère un business important. Économiquement parlant, c'est un marché qui fait travailler et certains commerçants réalisent en un mois leur bénéfice pour toute l'année", commente-t-il.

Mais si elle est tolérée, la vente "d'artifices de divertissement" n'est pas pour autant sans dangers. À l'image de ce violent feu de cannes qui s'est déclaré le vendredi 9 décembre dans un champs situé à la Ravine des Cabris (Saint-Pierre) et qui a ravagé près de 2 hectares. En cause, selon le Journal de l'Île, des enfants de 12 ans qui s'amusaient avec des pétards. Le feu est parti d'une déflagration. Sans compter que les explosions provoquent la panique chez les animaux, notamment chez les chiens qui s'enfuient puis perdent le sens de l'orientation. Certains finissant tragiquement sous les roues des automobilistes. "Les pétards font certes plaisir aux enfants et aux plus grands, mais malheureusement les risques ne sont pas pris en compte. Qui dit explosif, dit produits dangereux. À proximité de jeunes enfants et de personnes âgées, il peut endommager les tympans", souligne Pierre Maunier.

Le chargé de législation sur les armes et les explosifs rappelle que les jets de pétards sur la voie publique sont interdits. Il souligne également que la vente des artifices bruyants est soumise à une rigoureuse réglementation et interdite aux mineurs. En effet, pour que les magasins soient habilités à les proposer, ils doivent impérativement faire une demande auprès de la préfecture. Ce n'est qu'après un contrôle du commerce qu'ils se verront décerner ou pas le droit de vendre des pétards. Le total de matières actives stockés doit être inférieur à 50 kilos à raison de moins de 25 kilos par linéaire métallique. Le stock doit être visible d'un poste de travail situé dans la zone de vente, installés parallèlement à proximité des moyens d'extinction mobiles d'incendie et par conséquent, éloignés des produits inflammables.

Autres conditions, dans l'espace stockage dédié spécialement de la réserve, les articles doivent rester conditionnés uniquement dans les emballages avec lesquels ils ont été admis ou classés au transport. Dans le cas des marchands ambulants, c'est au maire de délivrer l'autorisation de vente sous réserve pour ces derniers de se limiter à une quantité totale de matière active inférieure à 10 kilos. Les contravenants s'exposent à une amende de cinquième classe, statuée par le tribunal de police.

Enfin, évoquant jusqu'où peut-aller par tolérance pour certaines pratiques dites traditionnelles, Pierre Maunier répond: "La difficulté est de savoir ce qu'il faut appeler tradition ou non". Les pétards, eux, continueront d'exploser encore cette année.

Emilie Sorres pour
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