Santé publique

Pharmaciens en colère

  • Publié le 12 décembre 2007 à 00:00

Pour protester contre la baisse des prix des médicaments annoncée d'ici la fin de l'année, la majorité des 253 pharmacies de l'île sont restées fermées ce mercredi 12 décembre 2007.

Lors de l'examen du budget pour l'Outre-Mer au Sénat, le 3 décembre, le secrétaire d'Etat en charge des Dom, Christian Estrosi, a prédit une réduction imminente du prix des médicaments à la Réunion et aux Antilles : "Le gouvernement a décidé d'une baisse significative d'au moins 5 %, avant fin 2007, du prix des médicaments qui doit bénéficier au premier chef aux populations les plus défavorisées a-t-il déclaré". Mais, dans le même temps, la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, en visite dans l'île, avait réussi à rassurer les pharmaciens en leur promettant des " réunions de travail " à Paris avec des membres de la profession et les grossistes. Or, il semble aujourd'hui que la baisse annoncée par Christian Estrosi fasse l'objet d'un arrêté ministériel dans les tout prochains jours.
Devant la menace qui pèse sur leur gagne-pain et surtout le " manque de concertation et de considération " dont ils se disent victimes, Mario Lechat, représentant de l'intersyndicale des pharmaciens, a appelé les officines de l'île à ne pas lever le rideau mercredi 12 décembre. La grève a été également suivie dans les autres Dom.


Des médicaments 30 % plus chers

A la Réunion et aux Antilles, les médicaments sont en moyenne 30 % plus chers qu'en métropole. Ce surcoût est dû à l'octroi de mer, aux frais de transport et d'approchement. En outre, les commandes des officines restent tributaires des grossistes. Les marges sont différentes selon les produits et témoignent d'un calcul très complexe. Il n'empêche, les pharmaciens sont prêts à venir détailler leurs charges et marges à l'Elysée afin de prouver que cette majoration est justifiée et ne va pas directement à leur poche. Par cette grève en forme d'avertissement, les membres de la profession entendent en effet interpeller les pouvoirs publics et obtenir le droit de défendre leur dossier. Selon eux, l'argument du gouvernement - relayé par Nassimah Dindar et Jean-Paul Virapoullé - selon lequel cette mesure redonnerait du pouvoir d'achat à la population ne tient pas puisque la plupart des malades ne paient pas les médicaments.
Si l'annonce de Christian Estrosi se confirme, les pharmaciens envisagent le pire. D'après Jean-Pierre Gambini, porte-parole de l'union syndicale des pharmaciens d'officine (USPO), les structures affichant un CA moyen d'1,5 million d'euros, devraient connaître une perte de 65 000 euros de bénéfices par an. Les nouvelles officines et celles qui sont déjà en difficulté ne résisteront pas sans licencier du personnel. Selon l'intersyndicale, 700 professionnels pourraient ainsi se retrouver au chômage d'ici un an.

Sept pharmacies réquisitionnées

Loin d'être opposés à l'idée d'une baisse des prix, les pharmaciens réclament au gouvernement des solutions pour réduire leur propre facture d'achats de médicaments et ne comprennent pas pourquoi la réduction des 5 % ne s'applique pas plutôt à l'octroi de mer.
En attendant la réaction des pouvoirs publics, les pharmacies devraient rouvrir ce jeudi 13 décembre. Mercredi 12, pour assurer la continuité dans la délivrance des remèdes et ne pas mettre en péril la santé de la population, le préfet de la Réunion Pierre-Henry Maccioni a réquisitionné sept pharmacies réparties sur l'ensemble du territoire. Par ailleurs, les pharmacies grévistes avaient invité leurs clients à prendre leurs précautions. Quant aux personnes qui se sont présentées dans les officines réquisitionnées, elles n'ont pas montré de signes d'agacement, manifestant pour beaucoup leur soutien aux pharmaciens.
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