Un rapport officiel préconise son interdiction

Port du voile à l'université : vers une nouvelle polémique

  • Publié le 6 août 2013 à 13:01
Voile

C'est un rapport rédigé par la mission laïcité du Haut conseil à l'intégration (HCI) qui a jeté un nouveau pavé dans la mare. Relevant une montée du communautarisme au sein des universités françaises, il émet douze propositions, dont celle d'une loi interdisant "dans les salles de cours, lieux et situations d'enseignement et de recherche des établissements publics d'enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse". En clair il s'agit d'étendre l'interdiction du port du voile islamique aux facultés, une "nouvelle stigmatisation" selon Houssen Amode, président du Conseil régional du culte musulman de La Réunion.

Révélé ce lundi 5 août 2013 par Le Monde, ce rapport souligne ainsi une "montée de revendications identitaires et communautaristes". Il évoque, entre autres, "des demandes de dérogation pour justifier une absence, le port de signes d’appartenance religieuse, des actes de prosélytisme, la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, la contestation du contenu des enseignements, l’exigence de respect des interdits alimentaires, l’octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire..."

Et parmi ses recommandations, celle de l’interdiction des "signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse" suscite déjà de vives réactions. "C’est toujours le même sujet qui revient, on stigmatise vraiment le voile islamique", déplore Houssen Amode. "C’est une position extrême alors qu’il n’y a pas d’atteinte à la laïcité. L’université est un monde d’adultes et un espace de liberté, notamment religieuse. Manifestement, on vise encore le voile et c’est traumatisant. On crée de la tension", ajoute-t-il, indiquant qu’il n’a pas eu connaissance de problèmes communautaristes ou de revendications identitaires à l’université de La Réunion.

"Déjà avec le voile dans les lycées, il y a eu très peu de problèmes, qui se sont le plus souvent réglés à l’amiable", poursuit le président du Conseil régional du culte musulman. "De toute façon ce sont toujours des textes difficiles à appliquer, il faut plutôt privilégier la pédagogie. Ici à La Réunion, qu’est-ce qu’on va faire avec les saris, les tenues safranées... ?", s’interroge-t-il.

"En métropole, il y a des réactions violentes, mais la laïcité n’est pas en danger. Au contraire, elle nous protège en nous permettant de pratiquer librement notre religion, donc on a intérêt à la défendre", insiste encore Houssen Amode.

Le Haut conseil à l’intégration reconnaît que "tous les établissements ne sont pas touchés par ces phénomènes", mais estime qu’il est "préférable d’anticiper".

Parmi ses autres propositions, il préconise un article dans le règlement intérieur des universités visant à prévenir les contestations ou récusations d’enseignement, ou encore l’insertion de la laïcité dans les programmes des formations débouchant sur un métier des fonctions publiques d’Etat. Enfin, la mission laïcité du HCI indique que "les Crous étant soumis au principe de laïcité, ils ne peuvent compter de lieu de culte sur leur site, ni fournir de restauration de nature confessionnelle".

www.ipreunion.com

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