Ă€ quoi servent les professionnels de l'indignation ?

Réunionnais cherchent porte-voix

  • PubliĂ© le 13 septembre 2014 Ă  05:00
journalistes

Ce n'est pas une nouvelle : près de 340 000 Réunionnais vivent avec moins de 935 euros par mois, 42 % de la population est en situation de pauvreté, le taux de chômage tourne toujours autour des 30 % et dépasse les 50 % chez les 15-24 ans. Autant de personnes qui n'ont pas voix au chapitre, exclues de fait du débat public.

Ah oui ! Les élus se rappellent à leur bon souvenir à l’aube de chaque élection, promettant à tour de bras emplois, contrats et autres prémices d’une vie meilleure. Mais une fois retombées les promesses en l’air, c’est le retour aux portes closes et au monde du silence.

Ils sont pourtant quelques-uns à s’être emparés de la cause des plus démunis à La Réunion. Spécialistes de l’indignation, ils enchaînent les conférences de presse et inondent les rédactions de leur colère à longueur de communiqués. Autant de défenseurs de la veuve, de l’orphelin et de toute cause passant sous leur fenêtre, mais dont le discours peine à gagner les couches de la population dont ils se font les hérauts.

Sans mettre en cause leur sincérité, sans renier leur "activisme", force est de constater que ces professionnels de la protestation ne représentent pas beaucoup plus qu’eux-mêmes et quelques-uns de leurs amis. Ils pourraient même très bien rester plantés sur leur colline à prêcher dans le désert sans ces micros et caméras tendus à leur moindre prise de parole.

Car les médias participent largement de ce jeu où tout le monde gagne, sauf les principaux intéressés. Les uns y trouvent une tribune dévouée et les autres quelques "bons clients" à l’invective facile. Mais surtout, le pouvoir peut dormir sur ses deux oreilles tant que les pauvres sont bien gardés. La démocratie fonctionne, puisque les porte-parole autoproclamés de la misère bénéficient d’une large part d’antenne. CQFD. Ces présidents d’associations et autres collectifs sont ainsi devenus au bout du compte la caution du système qu’ils dénoncent à corps et à cris.

Leurs appels à la "manifestation", à la "mobilisation" n’en ont que moins de crédit et demeurent d’ailleurs à chaque fois lettre morte. Ils se rêvent leaders d’opinion guidant le peuple mais ne sont finalement que les acteurs involontaires d’une mauvaise comédie. Et quand la vraie colère se fait sentir, quand la soupape finit par sauter, quand les chômeurs viennent demander des comptes aux portes des mairies, la population se passe généralement de ces porte-voix de papier.

Guilhem George pour www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Nassimal
Nassimal
11 ans

Coup de colère d'un "Porte voix" !

La presse en ligne va-t- elle aussi, tomber dans le journalisme des égouts en confondant information et communication ?


En devenant un faire valoir des boutiquiers de service ou des politiciens sans scrupule ?
UN ARTICLE COMME CELUI-CI n'est-il pas tendancieux et nuisible Ă  la cause des sans voix ?
Dans quel but les informations communiquées par certains "porte-voix ne sont-ils ps diffusés dans vos colonnes contrairement à cet articles qui met en cause les "porte-voix" dans leur généralité ?
Le signataire de ce texte et la rédaction d'Imaz Press sont coupables d'oublis sélectifs, pour ne pas dire de tromperie...
L'histoire jugera les médias qui se rendent complices des marchands de tapis et des incrédules qui sont leurs bons clients.

L'histoire jugera également, les journalistes qui se rendent coupables de la perte de crédibilité des femmes et des hommes engagés, aux côtés des plus pauvres, des chômeurs, bref, des "sans voix " !
Tôt ou tard, La Réunion se libérera de ses oppresseurs...
Bravo aux Associations de "sans voix ", bravo aux porte-voix en cause,
Certains médias ont-ils décidé d'innover dans leurs choix rédactionnels , en donnant la part belle à la communication plutôt qu'à l'information ?
C'est ce que laisse penser la publication de l'article signé de " Guilhem George pour www.ipreunion.com !( Journaliste de service)
Il n'est pas excessif, de parler du degré zéro du journalisme, le concernant, peuvent répondre les porte-voix en cause dans son article !
Voilà, c'est dit : "La réponse du berger à la bergère " !
Sans rancune ?

jl Hoarau
jl Hoarau
11 ans

et oui, mais c'est quand il y a des emeutes incontrôlables qu'on est bien content d'avoir des représentants pour negocier. Ca s'appelle "les corps intermediaires" . Ya qu'a voir en Libye ce que ca donne quand il n'y en a pas.