Le jour est Ă peine levĂ© quand nous arrivons Ă Baie Diamant (Rodrigues). MalgrĂ© notre lever prĂ©coce, les pĂȘcheurs Ă la senne (filet de pĂȘche) sont dĂ©jĂ partis. C'est la marĂ©e qui rĂ©git tout. La pĂȘche Ă la senne se pratique dans le lagon (220 km2 pour une Ăźle de 108 km2). Il est important de gagner les sites de pĂȘche avant que la marĂ©e basse en dĂ©couvrant les blocs de coraux n'empĂȘche la navigation.
Avec Marcel aux commandes, notre barque Ă moteur glisse paresseusement sur l'eau. Le fond n'est pas trĂšs visible, en effet, la mer est un peu agitĂ©e et il ne sera pas facile aux chefs de pĂȘche de repĂ©rer les bancs de poissons et surtout de vĂ©rifier la prĂ©sence du fameux "mulet voleur" roi de ce jour d'ouverture de la pĂȘche Ă la senne."Mulet voleur" est la dĂ©formation de mulet voilĂ©, une appellation due Ă la prĂ©sence d'une membrane sur son ?il. Ce poisson de 30 Ă 50 cm de couleur claire a la particularitĂ© de sauter quand il rencontre un obstacle. C'est la raison pour laquelle sa prĂ©sence dans un banc dĂ©cide de la pose ou non de "canards.
Encerclement
Le mulet est surtout pĂȘchĂ© le premier jour, aprĂšs quoi, effrayĂ© par les battues, il quitte le lagon. Nous approchons tout doucement d'un premier site de pĂȘche. Deux barques s'Ă©loignent du groupe, chacune portant la moitiĂ© du filet repliĂ©. Tout en les Ă©cartant l'une de l'autre les pĂȘcheurs qui s'y trouvent laissent aller entre elles la senne qui par l'action combinĂ©e des liĂšges et des plombs prend une position verticale.
AprĂšs avoir mouillĂ© suffisamment de longueur, les deux barques entament l'encerclement au terme duquel elles finiront par se rejoindre. Pendant ce temps, sous la direction du chef de pĂȘche, les 7 Ă 8 autres barques ont pris position. Ce sont les rabatteurs. Une fois bien en ligne, cĂŽte Ă cĂŽte, ils vont avancer tous ensemble en direction du filet.
Sur un signe du chef de pĂȘche, ils se mettent Ă battre sur leur coque Ă l'aide d'un bĂąton, le mayosse, faisant courir sur la mer une onde sonore trĂ©pidante qui pousse le poisson vers la senne. Les pĂȘcheurs des deux barques principales, tout en rĂ©duisant le cercle, relĂšvent peu Ă peu le filet, prĂ©levant au passage le poisson pris au piĂšge.
Les "canards" sont posés
La deuxiĂšme sĂ©quence de pĂȘche est encore plus intĂ©ressante et esthĂ©tique. En raison de la prĂ©sence de mulets voleurs dans le banc repĂ©rĂ© elle se fait "aux canards". Les "gales" (gaules en bois de 3 Ă 4 m de long qui servent notamment Ă la propulsion des barques) sont plantĂ©es verticalement dans le sable Ă espace rĂ©gulier. Elles suivent un demi-cercle et deviennent ainsi des "canards".
L'eau étant peu profonde, ces gaules dépassent du niveau de la mer de presque 2 mÚtres. La senne y est alors fixée à mi-hauteur formant ainsi une "clÎture" aussi bien aérienne que sous-marine. Les mulets voleurs devenus volants seront ainsi retenus quand ils essaieront de franchir en sautant la partie immergée du filet qui leur barre la route.
La manoeuvre de rabattage reste la mĂȘme, avec cette tension palpable que fait naĂźtre le bruit des "mayosses" sur les coques.
AprĂšs plusieurs pĂȘches, les poissons sont regroupĂ©s dans une barque qui gagne la cĂŽte oĂč la population se presse. Une queue de plusieurs dizaines de personnes s'est formĂ©e. Chacun se prĂ©sentera Ă son tour pour acheter 4 ou 5 poissons prĂ©alablement pesĂ©s sur une balance Ă flĂ©au.
Moins de poissons
Pour ce jour d'ouverture, la prise est estimĂ©e Ă quelque 200 kg par pĂȘcherie. C'est peu, beaucoup rentreront chez eux sans le moindre poisson. Le lendemain sera meilleur avec environ 500 kg de poissons par Ă©quipe.
Le poisson est nettement moins abondant Ă Rodrigues depuis le tsunami de dĂ©cembre 2004 qui a changĂ© les fonds disent certains. D'autres reconnaissent qu'il y a une surpĂȘche dans le lagon et que d'annĂ©e en annĂ©e le poisson diminue. Les autoritĂ©s envisagent d'ailleurs de rĂ©duire le nombre de licences et rĂ©flĂ©chissent Ă des solutions alternatives pour ceux qui accepteraient d'y renoncer. Il s'agirait principalement de les aider Ă s'orienter vers la pĂȘche en haute mer tout en crĂ©ant dans le lagon des rĂ©serves oĂč la faune marine pourrait se reconstituer.
Les annĂ©es Ă venir verront-elles un arrĂȘt temporaire de la pĂȘche Ă la senne? Rien n'attristerait plus le Rodriguais viscĂ©ralement attachĂ© Ă cette tradition et nombre d'entre eux se refusent Ă y croire.
Photos Hervé Douris
* Hébergement
Vivre chez l'habitant est une trÚs bonne formule. Gßtes et chambres d'hÎtes offrent un bon rapport qualité-prix sans parler des possibilités de belles rencontres. La plupart proposent des sorties en mer ou des randonnées à la demande. Ils peuvent également organiser vos transferts de et vers l'aéroport.
tarifs à titre indicatif : à partir de 35 euros la chambre double (petit déjeuner inclus) et 10 euros le repas (qui vaut le détour) par personne.
Ă Port Mathurin et environs
Le Ravenal 00230 83 10 644 - [email protected] - www. filaosetravenal-rodrigues.com
Palmiste Marron - 00230 83 12 368 - [email protected]
Chez Claude et Benett - 00230 83 10 033 - (message Ă : [email protected])
Résidence Esplanade - 00230 83 20 148 - [email protected] - http://[email protected]
Villa Mon trésor - 00230 83 11 660 - [email protected]
Le Limonier - 00230 83 11 653 - [email protected]
Les goyaviers - 00230 83 11 859 - [email protected]
Rodrigues évasion - 00230 83 12 041 - [email protected]
gĂźte Bellevue - 00230 83 11 665 - http.//gitebellevue.bizhat.com
à Saint-François (plage de pointe Coton à une douzaine de km de Port Mathurin)
chez Claudine - 00230 83 18 242 - [email protected]














